Au Mali, la guerre n'est pas finie. Certes, en avril, l'armée française a commencé son désengagement – 500 hommes sont partis sur 4.500, 1.500 autres les suivront d'ici fin juillet – et les Africains, arrivés sous la bannière de la Cedeao (Communauté des Etats de l'Afrique de l'ouest), vont changer d'étendard. Renforcés par d'autres militaires du continent noir, ils formeront les troupes des Casques bleus de l'ONU, tandis que les 1.000 Français resteront autonomes. Trois grands dossiers restent à résoudre pour que le Mali retrouve le calme et la sérénité. Un challenge énorme. Le premier : Kidal. La capitale du massif des Ifoghas a toujours constitué un cas particulier. Elle est la seule ville où les Touaregs (des Ifoghas, la principale tribu touarègue) sont majoritaires. C'est de cette région que sont parties les rébellions touarègues depuis près d'un siècle, elle était aussi la seule fermée aux étrangers au début de l'indépendance lorsqu'elle abritait un bagne, et est aujourd'hui le berceau des combattants du Mouvement de libération de l'Azawad (MNLA, laïque). Or libérée des islamistes d'Ansar eddine, fin janvier par les armées française et tchadienne, Kidal n'a pas vu le retour de l'armée malienne pas plus que celui de l'administration. La cité est tenue par les Français, les Tchadiens, le MNLA et le Mouvement islamiste de l'Azawad (MIA, islamiste modéré) né d'une scission d'Ansar eddine, le mouvement touareg affilié à Aqmi. Les populations touarègues craignent les exactions des soldats noirs du sud contre les « peaux claires ». Le MNLA, s'estimant dans son fief, ne veut pas quitter la cité afin d'être en position de force dans d'éventuelles négociations avec Bamako. Paris, de son côté, a espéré, que le MNLA pourrait l'aider à localiser les otages français. Sans succès. C'est le seul mouvement armé qui n'a pas eu de relation avec Aqmi. Deuxième dossier : la réconciliation nationale. Dans l'immédiat, elle est au point mort. Fin mars, une Commission de dialogue et de réconciliation et un « pacificateur » ont été nommés pour rapprocher Maliens du nord et du sud. La Commission ne s'est pas réunie. Les désaccords sont trop nombreux. Le sud reproche aux Touaregs leurs rêves irrédentistes. Le MNLA est particulièrement détesté – plus que les groupes islamistes – pour avoir proclamé l'indépendance de l'Azawad, il y a un an. Même si le mouvement a, ensuite, opéré un « rétropédalage ». L'indépendance de l'Azawad n'est qu'un rêve. Non seulement une dizaine de groupes ethniques cohabitent au nord du Mali, mais les Touaregs des Ifoghas ne sont pas majoritaires au sein des Touaregs. Troisième dossier : les élections. La communauté internationale, en particulier la France, exigent des présidentielles en juillet. Certes, remplacer des institutions provisoires par un chef d'état et un Parlement élus permettrait de mettre un terme au coup d'état du capitaine Sanogo du printemps 2012. Encore faut-il que le scrutin puisse se tenir avec un minimum de crédibilité dans un pays qui compte 280.000 déplacés et 175.000 réfugiés, une absence de sécurité dans son septentrion et risque de voir les anciens politiques responsables de la faillite de l'Etat l'emporter de nouveau.