De par leur contribution à la sécurité alimentaire du pays, à la croissance, à l'emploi et aux échanges extérieurs, l'agriculture et l'industrie agroalimentaire constituent des secteurs clés pour l'économie marocaine. En 2013, l'agriculture et l'industrie alimentaire ont représenté respectivement 15,5% et 5,3% du PIB nominal. De même et bien qu'en deçà de leur potentiel, ces secteurs contribuent, également, à l'amélioration de nos échanges extérieurs avec une contribution aux exportations globales des biens du pays de plus de 15% en 2013 portée, essentiellement, par des filières phares à l'export. Ces secteurs qui bénéficient d'une attention particulière des pouvoirs publics concrétisée, notamment, dans la cadre du Plan Maroc Vert (promotion des filières agricoles à haute valeur ajoutée, agrégation permettant à la petite agriculture l'accès aux marchés d'exportation...), recèlent diverses opportunités de développement à l'export liées, principalement, à la croissance soutenue de la demande mondiale, à la proximité géographique du marché européen, africain..., à la conclusion d'une multitude d'accords de libre-échange et d'accords commerciaux avec des pays partenaires Les performances des exportations agroalimentaires affichées au cours de ces dernières années témoignent du fort potentiel de développement qui gagnerait à être mieux valorisé à travers une meilleure exploitation des avantages comparatifs indéniables dont bénéficie ce secteur. L'analyse de la structure des exportations de produits agroalimentaires frais montre que trois segments concentrent, en moyenne, 78% des exportations durant la période 2007-2013. Il s'agit des agrumes (31%), des tomates fraîches (27%) et des légumes frais congelés ou en saumure (20%). La Direction des études et des prévisions financière (DEPF) du ministère des finances a consacré une étude Dans laquelle elle analyse les performances et la compétitivité des exportations des principales filières agricoles et agro-industrielles, à savoir les tomates, les agrumes, l'huile d'olives et les conserves d'olives. Elle y met en relief le poids économique et social de ces filières, les enjeux de leur chaîne de valeur, de leur performances et leur compétitivité à l'export. Au Maroc, les tomates figurent parmi les principaux produits agroalimentaires frais destinés à l'export et jouent un rôle socio-économique important. Ainsi, les exportations de cette filière dépassent le montant de 3,3 milliards de dirhams en 2013. Sur le volet social, la culture de tomate destinée à l'exportation génère en moyenne près de 9 millions de journées de travail par an aussi bien au niveau de la production que du conditionnement et de la transformation. La production moyenne des tomates réalisée au cours de la période 2007/2008-2012/2013, s'est élevée à près de 1,27 million de tonnes/an dont environ 414.277 tonnes destinées à l'exportation (soit près de 33% de la production). Le reste de la production est destiné à la consommation en frais au niveau du marché intérieur et à la transformation. La production de la filière des tomates est concentrée principalement dans les régions de Souss-Massa-Drâa et Doukkala-Abda, et, dans une moindre mesure, dans les régions de l'Oriental, de Oued-Eddahab-Lagouira, du Grand Casablanca et de Rabat-Zemmour-Zaër. Plusieurs atouts structurels La filière des tomates au Maroc présente plusieurs atouts structurels dont, notamment, une expérience avérée, un climat favorable et un marché intérieur permettant d'absorber les écarts entre la production et les exportations. En outre, cette filière bénéficie d'avantages concurrentiels spécifiques comprenant, essentiellement, un bon encadrement de la production permettant un rayonnement de l'expertise marocaine dans ce domaine, un important professionnalisme à travers une traçabilité effective, un système de management qualité et une qualification des grandes firmes, une intégration verticale entre grandes exploitations de serre et grands exportateurs, ainsi que la possibilité de cultiver sur une longue période de l'année dans le sud du pays. Toutefois, malgré ces atouts considérables pour le Maroc, cette filière est confrontée à des contraintes qui limitent son essor à l'export. Ces contraintes peuvent se résumer en l'existence de vagues de froid ou de Chergui qui peuvent retarder la maturité et par conséquent contrarier les engagements commerciaux, des coûts élevés des intrants (le plastique et les cartons, pour la plupart importés au Maroc, sont plus chers qu'en Europe), la vétusté d'une partie du parc de serre et les quotas mensualisés qui limitent les exportations vers l'UE à droit de douane nul. Protection tarifaire prohibitive En effet, l'une des contraintes qui pénalisait les exportations marocaines de tomates réside dans les quotas et les prix d'entrée qui leurs sont imposés pour leur accès au marché de l'UE sur la période octobre-mai. En dehors de cette période, entre les mois de juin et août, ces exportations sont, également, freinées sur ce marché à travers l'application d'une protection tarifaire prohibitive rendant moins compétitives les tomates marocaines. Une autre menace qui risque de peser sur les perspectives de développement des exportations de tomates marocaines sur le marché de l'UE réside dans le nouveau dispositif adopté récemment par la Commission européenne apportant un changement des conditions d'accès des fruits et légumes à ce marché en instaurant de nouvelles règles de dédouanement sur la base d'une valeur forfaitaire à l'importation (VFI). Ce nouveau dispositif risque de réduire les volumes exportés par le Maroc vers ce marché, ce qui exige le renforcement des efforts pour défendre les acquis du Maroc en termes d'accès au marché de l'UE et qui ont été préservés dans le cadre du nouvel accord agricole Maroc-UE. D'un autre côté, la logistique représente un véritable handicap pour les exportateurs marocains de fruits et légumes en général, en raison des coûts élevés qui peuvent représenter en moyenne 30% des coûts de revient des produits exportés2. A ce titre, les exportateurs marocains se trouvent en situation défavorable par rapport à leurs concurrents espagnols et turcs en raison, notamment, de la cherté du transport international routier au Maroc.