En dépit des difficultés rencontrées par les exportations marocaines des produits des filières agricoles et agroalimentaires sur certains marchés comme celui de l'Union européenne, celles-ci recèlent de nombreuses opportunités constitués en particulier par l'expertise marocaine et les avantages comparatifs dont il dispose dans ces domaines. Leur exploitation est à même de lui permettre de réaliser des gains de parts de marché au plan mondial. L'étude récente de la Direction des études et des prévisions financières du ministère de l'économie et des finances qui relève ce constat dresse une fine analyse des exportations des filières phares du secteur agroalimentaire marocain en mettant en relief ses performances, sa compétitivité et ses perspectives de développement. S'agissant des contraintes qui pèsent sur les exportations de certains produits sur les marchés de l'UE, comme la tomate, l'étude rappelle une des plus récentes résidant dans le nouveau dispositif adopté récemment par la Commission européenne apportant un changement des conditions d'accès des fruits et légumes à ce marché en instaurant de nouvelles règles de dédouanement sur la base d'une valeur forfaitaire à l'importation (VFI). Ce nouveau dispositif, constate l'étude, risque de réduire les volumes exportés par le Maroc vers ce marché, ce qui exige le renforcement des efforts pour défendre les acquis du Maroc en termes d'accès au marché de l'UE et qui ont été préservés dans le cadre du nouvel accord agricole Maroc-UE. L'agriculture et l'industrie agroalimentaire qui bénéficient d'une attention particulière des pouvoirs publics concrétisée, notamment, dans la cadre du Plan Maroc Vert (promotion des filières agricoles à haute valeur ajoutée, agrégation permettant à la petite agriculture l'accès aux marchés d'exportation...), recèlent diverses opportunités de développement à l'export liées, principalement, à la croissance soutenue de la demande mondiale, à la proximité géographique du marché européen, africain..., à la conclusion d'une multitude d'accords de libre-échange et d'accords commerciaux avec des pays partenaires... Les performances des exportations agroalimentaires affichées au cours de ces dernières années témoignent du fort potentiel de développement qui gagnerait à être mieux valorisé à travers une meilleure exploitation des avantages comparatifs indéniables dont bénéficie ce secteur. La problématique de l'amont de la filière agroalimentaire qui a constitué par le passé l'une des contraintes majeures du secteur est en cours d'être levée avec l'opérationnalisation du PMV qui entame progressivement sa phase de croisière. Dans ce sens, la performance à l'exportation du secteur agroalimentaire fait face, à l'aune de la mutation structurelle de l'amont agricole, à un certain nombre de défis liés, notamment, à la nécessité d'une plus ample diversification du couple produit/marché à l'export, d'une meilleure valorisation de la production agricole en pleine expansion qui augure de bonnes perspectives avec, notamment, l'opérationnalisation des agropoles, et d'une plus forte réactivité face à la forte concurrence exercée, en particulier, par des pays méditerranéens... La note de la DEPF se propose d'analyser en profondeur les performances et la compétitivité des exportations des principales filières agricoles et agro-industrielles, à savoir les tomates, les agrumes, l'huile d'olives et les conserves d'olives. Dans ce cadre, il sera procédé à l'analyse fine du poids économique et social de ces filières, des enjeux de leur chaîne de valeur, de leur performances et compétitivité à l'export (structure et dynamique des exportations par marché et positionnement du Maroc par rapport à ses principaux concurrents), ainsi que des perspectives de leur développement, notamment, dans le cadre du Plan Maroc Vert. Enfin et à la lumière de cette analyse approfondie, des mesures et des pistes de réflexion seront émises permettant de renforcer la compétitivité et le positionnement à l'international des filières en question. Poids important des agrumes, des tomates et des légumes frais Le croisement du rythme de croissance des exportations (taux de croissance annuel moyen) et du poids des filières (part des exportations des différents segments dans les exportations globales du secteur) fait ressortir que les agrumes, les tomates et les légumes frais, congelés ou en saumure, ont, des poids importants dans les exportations globales soient respectivement 31%, 27% et 20% en moyenne sur la période 2007-2013, avec des rythmes de croissance différenciés. Les ventes de tomates maintiennent un rythme de croissance soutenu à 8,9%, celles des légumes frais, congelés ou en saumure et des agrumes ressortent à 5,1% et 2,1%. Sur la période 2007-2013, les exportations marocaines de produits agroalimentaires frais ont été fortement concentrées sur le continent européen (y compris Russie) qui a absorbé en moyenne 91,5% de la valeur de ces exportations. Par pays, la France est venue en tête avec près de 38,9% des exportations, suivie de la Russie (14,6%), de l'Espagne (13,1%) et des Pays-Bas (9,9%). Cette situation renseigne sur des opportunités énormes que les exportations marocaines en produits agroalimentaires frais n'arrivent pas encore à saisir sur des marchés à fort potentiel, en particulier au niveau des pays arabes du Moyen-Orient et également au niveau du marché africain. A ce titre, une ligne directe Tanger-Jeddah a été mise en place pour la campagne d'exportation 2013-2014 afin d'améliorer l'accès au marché des pays du Golf pour nos opérateurs exportateurs de produits agricoles. Au niveau du marché français, les exportations marocaines de produits agroalimentaires frais ont été dominées, sur la période 2007-2013, par les tomates fraîches (53%), suivies des autres légumes frais congelés ou en saumure (18%), et des pastèques et melons (10%). Quant aux agrumes, ils ont occupé la quatrième position avec une part de 7%. Toutefois, les fruits frais ou secs, congelés ou en saumure ont vu leur croissance baisser de 1% durant la période 2007-2013. De même, les autres légumes frais ont enregistré une baisse du rythme de croissance de leurs exportations de 4%. Au niveau du marché de la Russie, les agrumes et les tomates (filières phares) ont représenté, en moyenne sur la période 2007-2013, respectivement 89% et 9% des exportations globales du secteur à destination de ce marché. Toutefois, la progression des exportations des tomates (16%/an) a dépassé celle des agrumes qui ont enregistré une dynamique de 3% sur la même période compte tenu d'une part de marché importante de cette filière, notamment, pour les petits fruits. Sur la campagne d'exportation en cours (2013/2014), le Maroc est le premier pays exportateur de petits fruits vers la Russie (1er marché mondial). En outre, force est de constater la forte croissance des légumes frais, congelés ou en saumure (38%/ an) en dépit de leur faible poids (1%). Sur le marché de l'Espagne, près de 58% des exportations marocaines de produits agroalimentaires frais ont été composées, sur la période 2007-2013, de légumes frais congelés ou en saumure, suivies des tomates fraîches (12%) et des plantes et parties de plantes (11%). En revanche, les agrumes ont été faiblement représentés au niveau des exportations destinées à l'Espagne (2%) et ont enregistré une baisse de l'ordre de 10%/an sur la période, et ce à l'instar de la filière des pastèques et melons (-8%) et la filière des plantes et parties de plantes (-4%). Par ailleurs, les TCAM pour les fruits frais congelés ou en saumure, les fraises et framboises et la pomme de terre, ont été importants et ont atteint respectivement 57%, 29% et 12%. Sur le marché des Pays-Bas, les agrumes ont représenté 57% des exportations globales du secteur à destination de ce marché sur la même période, suivis des légumes frais congelés ou en saumure (25%), alors que les tomates n'ont représenté que 6%. Toutefois, la dynamique des tomates (TCAM de 30%) a dépassé celle des agrumes (13%). Nous donnerons de plus amples détails sur cette étude dans notre supplément «Economie» de mercredi prochain.