Pays à forte croissance économique, avec un faible taux de chômage et un marché d'emploi dynamique, l'Espagne était devenu un pôle d'attraction pour la migration internationale. Mais depuis le déclenchement de la crise financière, puis économique de 2008, la situation a changé et, avec elle, la donne migratoire : plus de 1,2 million d'immigrés ont quitté le pays entre 2008 et 2012 et les Espagnols commencent à émigrer à leur tour. La situation des Marocains en Espagne, face au marché du travail, est l'un des thèmes abordés par l'étude de Mohammed Khaldi intitulée « Les Marocains d'Espagne », parue dans la dernière édition « Les Marocains d'Espagne », publié par l'Observatoire de la Communauté Marocaine à l'Etranger et la Fondation Hasan II pour les immigrés. Le nombre total des travailleurs marocain établis en Espagne s'élevait, en 2011, à 406 551 personnes, dont 206 196 sont occupés et 200 355 sont demandeurs d'emploi. Sur cette population total, 148 068 sont au chômage. 84 506 chômeurs perçoivent une allocation. Ainsi, 49,3% des travailleurs marocains en Espagne sont demandeurs d'emploi et 36,4% sont au chômage. Parmi ces derniers, un peu plus de la moitié seulement (56%) perçoit une allocation. 70,7% des Marocains en âge d'activité sont soit occupés (50,7%), soit demandeurs d'emploi (49,3%). Les femmes qui représentent 1/4 des travailleurs marocains occupés et 33% des demandeurs d'emploi, semblent être moins affectées par les effets de la crise économique que les hommes. Il faut cependant souligner que ce sont les secteurs d'emploi privilégiés par les travailleurs marocains qui sont les plus touchés par la crise et par l'effondrement de la demande du marché du travail. C'est ainsi qu'entre 2008 et 2012, années de crise, 28.000 Marocains ont perdu leur travail dans la construction, principal secteur d'emploi des travailleurs marocains et un des plus touchés par la crise. Il est cependant très difficile de connaître le nombre de Marocaines résidant en Espagne qui exercent une activité lucrative. En effet, le mode de comptage pratiqué par le département espagnol en charge de l'emploi base son recensement sur les multiples cotisations aux différents régimes de la sécurité sociale au lieu de prendre en compte la carte de séjour. Ceci entraîne un gonflement des statistiques du fait des comptages doubles ou multiples liés au nombre de contrats de travail. La situation devient encore plus compliquée quant on sait que le marché de l'emploi est marqué par l'instabilité et la prédominance des contrats à durée déterminée et à temps partiel. En 2011, par exemple, le nombre des travailleurs marocains déclarés actifs occupés à la sécurité sociale, c'est à dire des cotisants, était de 210.048 travailleurs. La même année, sur les 2.781.180 contrats de travail de travailleurs étrangers, 453.757 concernaient 191.081 travailleurs marocains48. Si l'on prend l'année 2011 comme année de référence, les travailleurs marocains actifs occupés déclarés à la sécurité sociale cette année constituaient 36% du total de la population active marocaine contre 35% qui étaient demandeurs d'emploi. En cumulant les deux taux, ce sont 71% des Marocains en âge d'activité, soit 406.551 personnes qui se présentent sur le marché de l'emploi espagnol. Cela confirme que l'immigration marocaine en Espagne est bien une immigration de travail principalement. 49,3° des marocains actifs sont demandeurs d'emploi Pour de multiples raisons, notamment la crise économique, le marché de l'emploi ne pouvait assurer en 2011 du travail rémunéré, souvent avec des contrats à durée déterminée, que pour la moitié de ce stock, soit 50,7%. L'autre moitié, soit quelques 200.000 travailleurs, ne trouve pas de travail et s'ajoute aux 811.493 travailleurs étrangers inscrits sur les listes des demandeurs d'emploi recensés par le Servicio Pùblico de Empleo Estatal (Service central de l'emploi). 25% des demandeurs d'emploi étrangers en 2011étaient de nationalité marocaine, soit presque autant que l'ensemble des 249.203 chercheurs d'emploi latino-américains. Les Marocains constituent par ailleurs 75,4% des demandeurs d'emploi originaires du continent africain. En 2012, le nombre des travailleurs marocains occupés n'a pas cessé de diminuer enregistrant un solde négatif de 11.971 travailleurs par rapport à l'année précédente. Comparé à 2007, à la veille de la crise économique et financière en Espagne et en Europe, le nombre de travailleurs marocains occupés a chuté de plus de 56.000 personnes passant de 257.340 à moins de 200.000.