Acteurs sociaux, syndicats et associations civiles en Espagne ont accusé le gouvernement d'avoir échoué dans sa politique de l'emploi, un an après la mise en marche de sa réforme du marché du travail. Les statistiques officielles et rapports de conjoncture élaborés par les institutions officielles et experts révèlent l'effondrement de l'emploi et la baisse du nombre des cotisations à la Sécurité sociale. Il suffit de passer en revue les récentes données statistiques rendues publiques par des institutions officielles, fin janvier et début février, pour se rendre compte de l'ampleur du chômage en Espagne. En janvier, ont été enregistrés 132.055 nouveaux sans-emploi pour atteindre un total de 4.980.778 chômeurs inscrits aux instituts de l'emploi (centres de recrutement). En l'espace d'un an (janvier 2012-janvier 2013), le chômage a augmenté de 380.949 personnes, soit une progression de 8,28%. De son côté la Sécurité sociale comptait 16.179.000 travailleurs actifs soit une perte de 778.829 affiliés (moins 4,6%) par rapport à janvier 2011. Ces données sont corroborées par celles apportées par l'Enquête sur la population active (EPA) du quatrième trimestre de 2012 dont les résultats font état d'un total de 671.700 personnes actives (16 – 65 ans) qui étaient sans emploi. En 2012, il y avait 26,02% de la population active non occupée contre 21,52% en 2011 et 19,79% en 20010. Au premier trimestre de 2008, l'Espagne comptait en outre moins de 10% de chômage. C'était au début de la récession économique. Depuis, le chômage a subi une augmentation exponentielle durant les cinq années suivantes. Sur la base de ces données, les syndicats ont construit leur stratégie dans la critique de la réforme du marché du travail accusant surtout le gouvernement et le patronat de n'avoir pas agi ni contre la précarité ni contre la diminution des salaires. Trois instruments de mesure sont pris en compte en Espagne pour établir une radioscopie du marché du travail. En premier lieu, l'EPA, une macro-enquête sur un échantillon de 60.000 ménages et 180.000 effectuée trimestriellement par l'Institut espagnol de la statistique (INE, relevant du ministère de l'économie), indique que sur les 22.922.400 personnes actives, seules 16.957.100 parmi elles sont occupées, ce qui dégage un chiffre de 5.965.400 sans-emploi. En deuxième lieu, vient l'organisme de la Sécurité sociale, principal registre de l'ensemble des travailleurs des administrations publiques, entreprises privées et travailleurs autonomes (indépendants), qui compte 16.179.438 affiliés à fin janvier dernier et enregistre en même temps 2,8 millions de sans-emploi bénéficiant de prestations de chômage (puisées dans le Fonds national de l'emploi). Enfin, l'institut de l'emploi ou Registre du système public de l'emploi (SPE) qui relève du ministère de l'Emploi et de la Sécurité sociale et qui constitue ‘instrument étatique se chargeant de la ventilation des registres de l'ensemble des services publics d'emploi dans les communautés régionales (gouvernements régionaux). En janvier dernier, ce sont 4.980.778 chômeurs enregistrés dans ces services. D'autres demandeurs d'emploi (tels les retraités, par exemple) y sont inscrits pour l'amélioration de leurs revenus ainsi que des sans-emploi en quête de cours de formation ou de requalification. Au total, ce sont 6.471.021 personnes qui ont été comptabilisés dans ces services en janvier dernier. Compte-tenu de ces données, l'EPA a dégagé un total de 16.957.100 personnes occupées alors que le registre de la Sécurité sociale mentionne seulement 16.179.438 personnes qui y cotisent. L'EPA signale ainsi un total de 16.957.100 personnes occupées et 5.965.400 chômeurs contre 4.980.778 sans emploi enregistrés à l'Institut de l'emploi. Avec un taux de plus de 26% de la population active en chômage, l'emploi demeure ainsi une question en suspens qui domine les préoccupations de l'ensemble de la société, y compris les immigrés. Le gouvernement paraît, un an après la mise en marche de sa réforme du marché du travail, incapable d'endiguer la grogne des classes vulnérables (jeunes, immigrés, mères célibataires, retraités, entrepreneurs en faillite, etc.) qui sont avides d'accéder à des conditions de travail stables, de garantir l'avenir de leurs familles et préserver leur pouvoir d'achat. De l'avis des syndicats et experts universitaires, aucun des objectifs de la réforme du marché du travail n'a été atteint du fait que le bilan final traduit une continue destruction de l'emploi et une augmentation du chômage. Pourtant au début, le gouvernement de Rajoy avait proclamé que son objectif immédiat de sa réforme était de freiner la destruction de l‘emploi en apportant plus de souplesse à l'entreprise afin de générer l'emploi. Cependant, la récession économique a été la principale cause de la politique du redressement de l'emploi que vit actuellement l'Espagne puisqu'elle a été accompagnée des réductions budgétaires aussi bien au niveau de l'administration centrale (gouvernement) que régionales (gouvernements régionaux) et l' ́élimination de plusieurs milliers de postes de fonctionnaires. Le plus grave dans le processus de destruction de l'emploi sont les effets du chômage sur le comportement du Produit intérieur brut (PIB). A ce titre, le PIB a chuté de 3,7% en 2009 (année cruciale de la crise économique) et de 1,4% en 2012. Ces chutes se sont traduites par la disparition de 1,2 million de postes d'emploi en 2009 et 850.000 autres en 2012, ce qui démontre l'étroite relation entre PIB et marché du travail. Dans une étude, parvenue mercredi à Al Bayane, qui a pour titre : «Une analyse quantitative des effets de la reforme du marché du travail», l'économiste José Manuel Lago Penas observe qu'en 2009, avant les réformes, pour chaque dixième de la chute du PIB étaient détruits 32.700 postes d'emploi. En 2012 cette relation entre le PIB et l'emploi a augmenté considérablement puisque cette proportion était de 60.714 8 emplois pour un dixième de la baisse de l'activité productive. Ceci a eu pour résultat que la valeur de l'indicateur des effets de la récession sur l'emploi s'est multiplié par 1,86 fois en 2012 en comparaison avec 2009.