L'Allemagne qui joue cet après midi son quart de finale contre la France reste l'étalon-or d'une Coupe du Monde. Depuis les années où elle gagne tout et tout le monde, elle est devenue l'équipe que tous ont envie de battre. Son jeu est critiqué, ces manières sont rudes, on appelle ses joueurs des « panzers », ce qui n'a rien de valorisant car d'être comparé à en engin de guerre, si performant soit-il, est plutôt insultant qu'autre chose. Mais l'Allemagne reste l'Allemagne, et son football toujours envié, toujours imité et jamais égalé ni dominé (sauf par l'Italie, l'exception qui confirme la règle, mais cela est une autre histoire), continue de fasciner les générations. Au Maghreb une défaite contre l'Allemagne constitue une vraie victoire. Les images du retour triomphal des Algériens, célébrés comme des héros, sont révélatrices. On est d'autant plus content et fier d'une défaite quand, au départ, on pensait prendre une raclée. C'est de la psychologie à deux balles, peut-être, mais c'est la réalité. Un sondage a montré que les Allemands ne revenaient jamais sur les matches qu'ils ont disputés par le passé. Ils sont tournés vers l'avenir, et même les plus cruelles défaites de leur Histoire (1966 et 2006) en finale ou demi-finale de Coupe du Monde ne les traumatisent guère. Ils vont de l'avant, laissant aux autres la nostalgie. Comme les Français, par exemple, qui font de leur match d'aujourd'hui contre l'Allemagne, le match de toutes les revanches et l'occasion d'effacer bien des humiliations. La France n'a plus gagné l'Allemagne en Coupe du Monde, depuis 1958. Alors si elle réussissait à le faire, ce soir, on voit déjà d'ici le délire qui déferlera sur l'Hexagone. Pour l'Allemagne, ce ne sera qu'un match de foot de moins et on passera à autre chose. Sentez-vous la différence entre les différents états d'âme ? Ceci dit, bravo à tous ceux qui ont pensé avoir gagné quelque chose. Il ne faut pas briser les rêves surtout chez ceux qui n'ont que... leurs rêves en espérant une vie meilleure. Ceux qui sont déjà contents de leur sort ou qui, toujours, cherchent à atteindre le mieux et le meilleur, ne tiennent pas compte des petites péripéties de la vie. Et quoi qu'on en dise un match de football c'est une toute petite chose dans une vie. Un match n'est ni capital, ni vital. Ce sont les surenchères médiatiques et celles des marchands du temple (les sponsors) qui jouant sur les émotions et les passions, font monter les sauces, et vibrer les populations. C'est beau parfois, mais c'est dangereux souvent. Le foot, simple jeu, doit rester maitrisable, pour éviter tous les débordements. Il peut y en avoir de merveilleusement joyeux les jours de victoires alors que les défaites provoquent de terribles drames, allant jusqu'aux traumatismes. C'est ce qui guette aujourd'hui le Brésil, en grand danger chez lui, face à la Colombie, et dont on dit qu'il ne peut se permettre de perdre. Qui a décrété cet interdit ? Comment peut-on pousser le paroxysme de l'angoisse jusqu'à vouloir décidé que la défaite est impossible, alors que le foot est imprévisible. Victoire obligatoire ? Mais soyons sérieux, cela est impossible puisque un match est aléatoire ! Pourtant c'est ce que les médias brésiliens martèlent depuis le début de ce Mondial : ils veulent la victoire, la Coupe et rien d'autre. Les responsables gouvernementaux suivent les foules et poussent à leur tour vers ce but. Populisme oblige. La FIFA est mise sous pression, on lui fait comprendre que si le pays a engagé autant de milliards pour organiser ce Mondial, ce n'est pas pour le perdre. Ambiance ... Mais la plus grosse pression, ce sont les joueurs qui la subissent. Neymar et ses coéquipiers succombent bien trop souvent aux larmes et leur visage fait peur avant chaque match. Ce n'est pas à eux que vous pourrez dire que cela n'est que du foot. Pour eux c'est devenu une question de vie ou de mort. Quand le foot arrive à ce stade, reste-t-il encore un jeu, procure-t-il encore du plaisir ? On peut largement en douter comme on souhaitera bon courage aux arbitres de ce match Colombie-Brésil où deux peuples n'attendent qu'une chose : La victoire. Hélas il n'y aura qu'un seul élu. Et plus que jamais on dira alors, malheur au vaincu. Le foot peut-il faire des miracles ? Oui, apparemment, puisqu'en Algérie, le chef de l'Etat, l'Absent Abdelaziz Bouteflika, serait sorti de son mutisme de maladie grave (Allah i chafi jamîee) pour « ordonner » à ce que le nécessaire soit fait pour que Vahid Halihodzic reste en Algérie avec les Fennecs. On aura tout entendu, mais, vraisemblablement pas encore tout vu, dans ce monde qui ne tourne pas rond.