D'origine mauricienne, il a joué pour les Bleus. Vice champion du monde en 2006, Vikash Dhorasoo n'aura disputé que 16 minutes de la Coupe du Monde. Une coupe disputée en Allemagne, lieu du tournage de son film « The Substitute », le remplaçant. Le Soir échos : Cinéaste, consultant, joueur de foot… mais quelle mouche vous a donc piqué ? (Rires). Je suis footballeur, ancien footballeur maintenant, je ne suis pas cinéaste. C'est un film qu'on a fait pendant la coupe du monde. Maintenant je produis du cinéma. J'ai une boite de cinéma qui s'appelle « Trompe le monde ». Mais sinon je ne réalise pas, je ne fais pas l'acteur. Consultant, je le suis encore un peu mais c'est vrai que l'émission qu'on avait sur M6 s'est arrêtée. Voilà, je fais plein de choses dans ma vie. On s'amuse bien, On se fait plaisir. On, ce n'est pas moi à la troisième personne mais les gens qui travaillent avec moi. Mes copains ! Vous avez choisi de présenter votre film à Meknès, pourquoi ce choix ? On me l'a proposé et j'ai accepté. Rabat, Meknès… Il y a 15 jours on était à Londres. Quand c'est possible, je viens. J'étais content de venir au Maroc, c'est un pays que j'aime bien et que je connais plus ou moins bien. Comment vous est venue l'idée de le réaliser The substitute ? C'est Fred Poulet, un artiste-chanteur qui avait eu cette idée au départ. Il m'a lancé : « Tiens, je te file une caméra super 8, tu pars avec à la coupe du monde, moi aussi je me filmerai de mon côté, puis on verra ce que ça donnera ». Je lui ai filé les bandes, les sons, il a fait le montage et me l'a montré. On s'est alors rendu compte que c'était un film. Un film qui s'est retrouvé au cinéma. On a eu des prix, on a été en compétition à Berlin, on est sorti en DVD… Votre film est-il un journal intime ? Non, c'est une fiction. Ce n'est pas du tout un journal intime. C'est le montage de Fred Poulet. C'est sa subjectivité, parfois proche de la réalité, même plutôt souvent. Et non, il n'y a pas tout. Toute ma coupe du monde n'est pas dans ce film (rires). On vous a surnommé le footballeur de la mélancolie. Que signifie cela pour vous ? C'est quelqu'un que j'aime bien qui a dit ça, Philippe Delerm. Dans un texte qui était assez beau, j'en suis flatté. Oui c'est un peu ça. Mais je peux être aussi joyeux. Le foot c'est quand même une fête. Il n'y a rien de dramatique dans le foot. On peut gagner, perdre. On partage nos émotions avec nos coéquipiers, nos adversaires, puis les gens dans la tribune, devant les télés. L'OL, le PSG, Livourne, Le Havre. Quel club vous a marqué ? Celui que vous avez oublié, le Milan AC (rires). C'est le club qui m'a marqué et qui me marquera toujours. C'est juste un club incroyable, avec des grands champions, des grandes défaites, des grandes victoires. Une organisation de fous, un centre d'entrainement, Milanello, incroyable ! San Ciro, la première fois que j'y ai joué en tant que titulaire, il y avait 75 000 personnes ! Personne ne croit quand je raconte ce que j'ai vécu à Milan. Vous y avez passé une année… Oui. Tout le temps. On jouait beaucoup. J'ai fait une finale de coupe des champions. J'ai terminé 2e du championnat. Qu'est-ce qui pouvait m'arriver de mieux en restant là bas ? je ne sais pas. C'était tellement extraordinaire… Regrettez-vous d'avoir arrêté le football ? Je regretterai cela toute ma vie. Le foot me manquera toute ma vie. Le foot de très haut niveau. Le foot que j'ai connu. Affronter les meilleurs, jouer en coupe du monde, au Milan AC, à Lyon. Gagner des titres. Perdre une finale de coupe du monde, perdre une finale de champions league. ça me manquera toute ma vie. Là, je ne peux plus jouer à ce niveau. J'aimerais tant revenir en arrière. Rejouer. C'est juste impossible, et c'est comme ça. Vous avez côtoyé Laurent Ruquier, avec qui vous animez une émission sur Europe1, «On va s'gêner». C'est un type joyeux et qui aime la vie. Vous avez son 06… ? (Rires). Je l'ai, mais je ne vous le donnerai pas. Je ne me le permettrai pas. C'est quelqu'un que j'aime beaucoup. Il est vrai, comme moi. On est de la même ville. Il était supporter du Havre. Il m'a proposé d'être chroniqueur un moment. Je peux l'appeler quand j'ai besoin de lui. C'est rare des gens qui font des choses de façon parfois désintéressée, des choses pour les autres. Eh bien il en reste encore, et il en fait partie. Est-ce que l'ambiance sur un plateau radio ou télé est comme celle sur un terrain ? Il n'y a rien qui puisse remplacer ce que peut vivre le sportif de haut niveau, notamment dans un sport collectif, et encore plus le foot, qui est le sport roi à travers le monde. En France aussi. Connaissez-vous le football marocain ? J'ai juste suivi de loin la CAN. J'ai vu qu'ils avaient fait une mauvaise performance. Je connais très peu de joueurs à part Youness Belhanda. Il est en train de monter en France. Il a été très bon contre le PSG. A part ça je ne connais pas grand-chose. Et les anciens ? Ah oui. Je me souviens de Naybet et de Mustapha Hadji aussi. Quand j'étais jeune au Havre, il y avait l'avant centre Abdelkrim Miri Krimou… Bon, je vais oser… Vikash Dhorasoo, avez-vous été chassé du PSG ? Oui. Licencié, viré. C'est un mauvais moment de ma carrière. J'aurais préféré que ça se termine mieux avec ce club. C'est la vie. Et puis de toutes ces expériences, j'en tire tellement de choses aujourd'hui, qui vont me servir dans ma vie future. C'est important de les avoir vécues finalement ! C'est rare tout de même, ce genre de faits en France… Oui. J'étais l'un des premiers. J'espère que je serai le dernier. Le patronat, qu'il soit dans le foot ou ailleurs, avec le capitalisme, est très fort face à l'ouvrier. Même quand l'ouvrier est un footballeur très bien payé, privilégié. Finalement, on s'aperçoit qu'on est rien. On peut nous virer du jour au lendemain. Et comment voyez-vous maintenant le PSG, avec l'arrivée des Qataris ? Ils se débrouillent bien. Ils vont peut être devenir champions. Ils ont une bonne équipe, un bon entraineur. Un super stade. Beaucoup d'argent. Ils ont réuni tout ce qu'il faut pour pouvoir gagner le championnat, puis ensuite briller à l'extérieur notamment en champions league. Et le foot d'aujourd'hui avec tout cet argent… Un jour ça va exploser. ça va se voir que les gens utilisent de l'argent qu'ils n'ont pas. C'est un milieu qui marche un peu sur la tête. Mais bon, je ne suis ni pour ni contre finalement. Je m'aperçois que c'est comme ça et que c'est dangereux… Avez vous entendu parler du salaire d'Eric Gerets ? Oui. Je n'ai pas d'avis là-dessus. A priori il est mieux payé que Laurent Blanc hein ! C'est un mec qui négocie bien ses contrats. Tant mieux pour lui (rires).