Kigali, a accueilli le lundi 7 avril 2014 une large frange de la communauté internationale pour célébrer les 20 ans, jour pour jour, du triste anniversaire du génocide au Rwandais. Un massacre à grande échelle à laquelle se sont livrés les Hutus contre les Tutsis, ce 7 avril 1994, où le pays a basculé dans la haine et la violence ouvrant au passage l'une des pages les plus sombres de l'histoire internationale. L'effroyable horreur a fait plus d'un million de victimes, selon les derniers chiffres de cette barbarie. Seule la France a décliné l'invitation après que Paul Kagamé, le Président du Rwanda, soit revenu sur ses anciennes déclarations, lesquelles mettent en cause le rôle actif de l'ancienne alliée des Hutus au pouvoir en 1994 et qui sont à l'origine de cet opprobre. Son Ambassadeur, Michel Flesch, se verra immédiatement retirer son invitation en guise de réplique à l'affront fait aux autorités rwandaises. Cette querelle politico-politicienne entre Paris et Kigali ne date d'aujourd'hui même si les deux parties jouent à l'apaisement au gré des intérêts en jeu. Car au moment des faits, la France vivait la cohabitation. Pour le peuple rwandais, l'interrogation est toujours de mise : qu'a-t-il fait pour mériter ce génocide ? Les victimes réclament la justice, la majorité des bourreaux errent dans la nature. Ceux qui son jugés aujourd'hui, soit en France ou dans les tribunaux populaires rwandais ne constituent qu'un epsilon des génocidaires. La souffrance de ces Tutsis meurtris, dans leur âme et leur corps, ne disparaîtra à jamais. Tout comme ces Hutus modérés qui ont payé de leur pour avoir dit non à la chasse de leurs concitoyens tutsis. C'est pour cela que les propos du secrétaire général de l'ONU, lors de la cérémonie commémorative, ont sonné comme un réconfort dans le cœur des Rwandais. Ban Ki-moon soulignait, entre autres, « les Nations-Unies ressentent toujours, vingt ans après, la honte de n'avoir pas pu empêcher le génocide de 1994 au Rwanda (...) Nous aurions pu faire beaucoup plus. Nous aurions dû faire beaucoup plus. Les Casques bleus ont été retirés du Rwanda au moment où l'on en avait le plus besoin (...) En l'espace d'une génération, la honte ne s'est pas effacée». Il faudra du temps et beaucoup temps, certainement, pour que le peuple rwandais trouve la réponse à leur interrogation, au-delà des turpitudes politiques et sceller enfin la vraie réconciliation qui est synonyme de « plus jamais ça » !