Les cimaises de la Galerie casablancaise Sidi Belyout abritent l'exposition de l'artiste peintre Abdellatif El Batal du 3 au 17 avril. Son acte pictural se veut le prolongement qualitatif d'un travail méticuleux et approfondi sur des thèmes familiers, en stylisant les formes d'une manière systémique à l'instar de l'acte visuel composite, ce qui dégage des éléments afférant au monde des êtres et des choses en plein mouvement. Les lignes multidirectionnelles voire labyrinthiques nous livrent les secrets avec audace et sureté des espaces chromatiques animés par la profondeur et l'épuration à l'état brut mais combien maîtrisé. Plasticien hypersensible, Abdellatif El Batal a pu concevoir un langage plastique bien recherché et abouti sur toile. IL cherche à exprimer à travers ses structures : ce qu'il ressent et non ce qu'il voit, en quittant la pensée rationnelle du raisonnement. L'espace de la création est le seul endroit sensiblement palpable où son esprit peut s'inventer un labyrinthe, un espace intime d'où il est encore possible de se perdre de vue, dans le champ sans limite du rêve et de la poésie. «Culte magique de la vie» sous la palette. On ne pouvait pas trouver un intitulé plus représentatif et plus éloquent des œuvres d'Abdellatif El Batal : univers iconographiques affranchis des règles de l'espace et du temps. Sans fioritures, l'artiste restitue la géographie mentale avec une palpitation certaine et une introspection spontanée. Œil averti, son regard esthétique porté sur les êtres et les choses est celui d'une artiste libre et autonome qui dépeint comme un oiseau qui chante. L'intention est de mettre en relief l'essentiel: la simplicité et l'aisé inaccessible. Dans une belle féerie de temps perdus. Abdellatif El Batal revisite à sa guise l'imagerie commune via des tableaux foisonnants de scènes allégoriques caractéristiques de notre mémoire tatouée et de nos fantasmes. Une palette pure et vivante comme une source jaillissante qui fait partie du courant brut mais combien élaboré. A la manière d'un tisseur de nos rêves, Abdellatif El Batal relate ses récits émotionnels à l'état raisonné. Il capte ce qu'il voit avec audace et spontanéité. Loin de toute tendance académique, il gère des toiles au gré d'une imagination débordante, ce qui laisse une place capitale à l'authentique, à la simplicité et à l'impression : son œuvre brise les limites entre le récit et la peinture. C'est son mode d'expression le plus simple et le plus clair. Il est toujours à la quête de nouvelles voies et perspectives. Sans prétention, sa peinture est une autre façon de dire et d'écrire. Dans le sillage des artistes symbolistes, Abdellatif El Batal dessine comme un enfant talentueux et hanté par la magie envoûtante de la vie. Il peint «le jardin discret et les souvenirs lointains», en mettant en scène la puissance chromatique si étonnante. Chantre des scènes connotatives, l'artiste est passionné par les formes qui peuplent le fond et renforcent les tonalités claires et les compositions séduisantes. Son acte de peindre se veut un rite catégorique qui surpasse le jeu de perspectives ou de concepts. Il s'agit d'une écriture autobiographique célébrant la vie au quotidien et l'univers généreux des couleurs et des figures familières. Chaque tableau est un rituel plastique géré par la nostalgie et les réminiscences. C'est un monde innocent qui nous rappelle autrement la vie de tous les jours. Bio express : Né le 9 Mai 1961 à Hay Mohammadi (Casablanca) et depuis son jeune âge Abdellatif El Batal a manifesté sa passion pour le dessin et la peinture. A l'âge de 14 ans, il a obtenu le premier prix dans une compétition de l'art plastique organisée par la délégation régionale de l'enseignement à Casablanca. Son père qui était théologien « FKIH » refusait son orientation pour une carrière d'artiste mais après avoir eu son diplôme de technicien spécialisé dans la gestion des entreprises agricoles, il continuait d'alimenter sa passion pour la peinture par la lecture des ouvrages sur l'histoire, la critique et surtout sur les différentes techniques de l'art plastique ce qui lui permettait de se distinguer comme un self-made-man bien préparé . Les empreintes qu'il avait laissées à Damas, Toulouse et Amsterdam en sont témoin.