L'artiste peintre El Farouki Khadija (dite Filalia) expose jusqu'au 3 novembre les traces de sa mémoire visuelle à l'espace artistique du Complexe Culturel Sidi Belyout de Casablanca. Dédiée aux passionnés de la beauté latente, cette exposition reprend les techniques de la démarche symboliste pour nous inviter à méditer la vie des formes et des couleurs : sensibilité chromatique, matière et peinture mixte, lumière fugace et instantanéité, musicalité interne et vibrations polyphonique, profondeur et transparence, poétique de l'imaginaire... La peinture de cette lauréate de la vie (née en 1956 à Casablanca) s'inscrit dans le cadre d'un projet de recherche plastique consistant reposant sur les yeux et le labyrinthe. C'est le résultat d'une étude impressionnante de la couleur par rapport à la forme. Cette artiste de talent a pu élaborer un style original qui se démarque par la qualité de ses compositions et le dynamisme de ses atmosphères chromatiques. Carrefour symphonique à travers lequel se présente la rhétorique des formes, l'acte pictural de cette artiste hypersensible se veut une quête perpétuelle pleine de découvertes et de retrouvailles. Espaces très clairs au niveau du centre d'intérêt, ses toiles découlent de l'harmonie sous-jacente des tons multiples qui unifient les couleurs entre elles et imbriquent les touches interrompues sans les souder. Après avoir peint des tableaux figuratifs (natures mortes, paysages, nus, et scènes réalistes), Filalia oriente sa démarche néo représentative vers la voie spontanée de l'expressionnisme abstrait, dont la production se situe à mi- chemin entre la poésie et la peinture pour mettre en relief l'osmose spatiale et le sens cosmique des harmonies colorées: « Mon rapport avec la peinture date de mon enfance...j'ai été toujours animé par la volonté d'aller plus loin dans mes démarches plastiques. C'est ma formation pluridisciplinaire qui a forgé mon parcours d'artiste à la recherche de nouveautés... Rien de bâclé. Il y a toujours des tournants et des détours. L'artiste créateur au sens mélioratif du terme doit porter un nouveau regard sur la chose artistique, en donnant libre cours à ses inspirations et à ses visions esthétiques. Je me rendis, alors compte, de l'importance du regard critique du peintre et de sa capacité de mener à bien ses aventures pour capter l'insaisissable et l'indicible. Il est à signaler que mon acte plastique est une reconnaissance pour les jeunes et les enfants ainsi que pour les femmes à qui on doit le droit à la vie et le droit au rêve. », confie l'artiste. Artiste symboliste, Filalia a suivi son itinéraire avec beaucoup d'exigence et de passion. Il consacre tout son temps à l'exercice de l'acte pictural pour interpréter à sa manière les beautés et la luminosité des structures rayonnantes selon des motifs semi abstraits qui s'offrent à nos yeux sous une lumière constamment changeante et multidirectionnelle. Loin d'être un exercice de style, sa peinture constructiviste se veut une recherche interminable sur la vie des formes et ses composantes, essayant de tirer la quintessence de la beauté insaisissable, dans sa majestueuse immensité, sublimée par un jet de couleurs extatique mais combien spontané. Dans ses travaux exposés au Complexe Culturel Sidi Belyout, Filalia essaie de fixer le mouvement et la luminosité via la fusion des couleurs et des matières, en contemplant l'immensité de l'univers. On décèle un style fondé sur la spontanéité du geste et la notion de perception visuelle, ce qui dynamise davantage la surface de la toile dans une organisation semi cubiste proche des artistes modernes. Chaque touche se veut une note polyphonique qui participe à l'élaboration des lignes de force, du mouvement ascendant de « croisée des chemins » ou de ses états d'âme « entre le dedans et le dehors », en entraînant l'œil dans le labyrinthe des couleurs mélangées qui nous font pénétrer dans les espaces intérieurs. En dehors des voies qui privilégient le réel allusif, l'abstraction chez cette artiste constitue un choix libre dans un monde complexe voire une grande aventure artistique. Il conserve d'une part la structure de la composition informelle et d'autre part, la luminosité de la touche semi abstraite.