Le candidat de droite Juan Orlando Hernandez à l'élection présidentielle du Honduras a été officiellement reconnu vainqueur mercredi soir, au risque d'accroître la tension dans ce petit pays d'Amérique centrale où la gauche appelle à manifester samedi. Le président du Tribunal suprême électoral David Matamoros a confirmé la victoire du candidat de la droite, bien que le décompte des voix ne soit pas encore totalement achevé. "Ces chiffres que nous rendons publics aujourd'hui indiquent clairement que le vainqueur des élections générales est Juan Orlando Hernandez", a déclaré M. Matamoros à la radio et à la télévision. "Dans les prochains jours, nous publierons la déclaration officielle, une fois comptées les voix manquantes", a-t-il ajouté. Le Tribunal suprême électoral avait déjà qualifié lundi soir d'"irréversible" la victoire de M. Hernandez. Selon des résultats préliminaires portant sur 81,54% des suffrages, le candidat du Parti national (droite) au pouvoir a obtenu 35,88% des voix, contre 29,14% pour son adversaire Xiomara Castro, candidate du parti liberté et Refondation (Libre) et épouse du président déchu Manuel Zelaya. Ce dernier ne désarme pas et a appelé mercredi ses partisans à manifester en masse samedi pour contester ces résultats. "Nous allons convoquer des manifestations samedi, ils ont volé la victoire (au parti de gauche) Libre et à Xiomara" Castro, a déclaré à Radio et TV Globo l'ancien président, renversé par un coup d'Etat en 2009. Elu député dimanche, M. Zelaya s'est depuis fait le porte-voix de la contestation des résultats, entachés de fraudes selon son parti. "Pour le moment nous ne reconnaissons pas les résultats publiés par le Tribunal suprême électoral parce qu'il y a eu une manipulation et nous allons le prouver", a-t-il ajouté, tout en soulignant que ces manifestations devaient être "pacifiques". Le parti Liberté et Refondation (Libre) "ne va pas incendier le pays", a insisté l'ex-président, mais "le respect de la volonté populaire sera défendu de toutes nos forces". M. Zelaya a évoqué "un complot" des "mêmes" qui l'ont renversé en juin 2009, une alliance de militaires, d'entrepreneurs et d'hommes politiques de droite qui ne lui avaient pas pardonné son virage à gauche après avoir été élu au nom du Parti libéral. Contraint à l'exil pendant deux ans après son renversement, il est le véritable chef d'orchestre du parti Libre, fondé en 2011 avec des libéraux restés fidèles ainsi que des ouvriers, des enseignants et des paysans, qui ont occupé les rues pendant plus de 100 jours après le coup d'Etat et sont encore prêts à se mobiliser aujourd'hui. De son côté, son épouse n'est pas apparue en public depuis dimanche. Toutefois, elle a annoncé mardi soir sur son compte Twitter qu'elle se prononcerait vendredi après la publication des résultats complets. Selon elle, 19% des suffrages ont été "escamotés" par les autorités électorales. Peuplé de huit millions d'habitants, ravagé par la violence et la pauvreté, le Honduras est dirigé alternativement depuis plus d'un siècle par deux partis conservateurs, le Parti national (PN) et le Parti libéral (PL), sans compter les régimes militaires. Ce pays avait eu dimanche l'occasion de tourner la page du putsch militaire de juin 2009, qui a profondément divisé le pays. Ce scrutin, à la fois présidentiel, législatif et municipal, s'est déroulé sans heurts dimanche, les observateurs de l'Organisation des Etats américains (OEA), de l'Union européenne et de la Fondation Carter jugeant jugé les résultats "transparents" et "fiables".