Le Honduras, dont le président-élu, Porfirio Lobo, sera investi mercredi, s'apprête à tourner définitivement la page de l'imbroglio juridico-politique créé par le renversement, en juin dernier, de l'ancien président, Manuel Zelaya. Par Rachid Mamouni Il est prévu que, juste après la cérémonie d'investiture désertée par la majorité des chefs d'Etat de la région, Lobo signe un sauf-conduit en faveur de Zelaya, réfugié depuis quatre mois dans l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa, afin que l'ancien chef de l'Etat puisse quitter le pays sans être inquiété par la justice de son pays. Zelaya est notamment accusé de "trahison'' et d'"abus de pouvoir" pour avoir voulu organiser, le jour de son renversement par l'armée (28 juin), un référendum qui lui aurait permis de rester à la tête de l'Etat pour un deuxième mandat, possibilité formellement exclue par la constitution de ce pays. Lobo, représentant du Parti National (opposition de droite), avait été élu, en novembre dernier, à une large majorité face au candidat du parti de Zelaya. Le taux de participation à ce scrutin (61 PC) a été considéré par des pays de la région, dont les Etats Unis, comme suffisamment élevé pour reconnaître la légitimité du nouveau président, ce qui ouvre la voie au retour de Honduras aux institutions continentales d'où il a été expulsé après le renversement de Zelaya. "La grande majorité du peuple hondurien veut oublier le conflit politique'' issu du coup d'Etat contre Zelaya, écrivait lundi l'éditorialiste du quotidien "la Tribuna" de Tegucigalpa, soulignant qu'il est "temps de tourner la page''. "La cérémonie solennelle d'investiture'' de Lobo "marque le début d'une nouvelle ère d'espérance'' pour le pays, ajoute le journal, résumant le sentiment général régnant au Honduras. Cette volonté de "tourner la page'' est d'autant plus réelle que le président déchu Zelaya a décidé d'observer un profil bas pendant la singulière passation de pouvoir en l'absence de l'ancien chef de l'Etat. Zelaya, qui devra quitter le pays mercredi en compagnie du président dominicain, Leonel Fernadez (parrain de l'accord sur sa sortie du pays), a annoncé qu'il va s'installer pour un certain temps au Mexique afin de se faire oublier. De même, le président élu Porfirio Lobo avait promis, pendant la campagne électorale d'engager un processus de "réconciliation nationale'' en y incluant Manuel Zelaya, afin de mettre définitivement un terme à la grave crise politique qui a secoué le pays depuis juin dernier. Autre signe de cette volonté unanime des acteurs honduriens de tourner la page est la décision du président de fait de Honduras, Roberto Micheletti, de quitter le Palais présidentiel six jours avant la cérémonie d'investiture et de s'abstenir d'assister à des manifestations publics afin de faciliter l'accession au pouvoir des nouvelles autorités du pays. Quoi qu'il en soit, les honduriens espèrent que l'épisode douloureux du coup d'Etat de juin dernier soit oublié au lendemain de la prise de fonction du nouveau président afin que leur pays revienne au giron des nations.