Faut-il se réjouir de la reprise des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens ? Voire ! Si les Américains ont réussi à ramener les protagonistes à la table des négociations, ils ne peuvent tout de même verser dans l'optimisme tant les points d'achoppement sont nombreux. Chaque partie a une visée antagoniste de l'autre sur les enjeux des discussions, qu'on pourrait résumer à cinq points. Sans omettre que la partie israélienne n'a jamais montré ses réelles intentions quant à l'établissement d'un Etat palestinien ni jusqu'où Tel-Aviv peut-il aller dans les concessions pour l'aboutissement d'un accord de paix et vers une solution de deux Etats. Netanyahu souhaite-t-il vraiment aboutir à un accord ou tout simplement enclencher un processus de négociations pour le faire avorter par la suite et persévérer dans le statut quo ? Lâcherait-il les colonies ? Abandonnerait-il Al Qods comme capitale palestinienne ? Comme l'a résumé un commentateur de radio israélien, Bibi « n'a jamais présenté de carte » de sa conception d'un éventuel Etat palestinien. Un Etat que les Palestiniens veulent proclamer souverain sur l'ensemble des territoires palestiniens occupés par Israël depuis juin 1967 : Al Qods (Jérusalem-Est), la Cisjordanie et la bande de Gaza. Mais Israël exige la démilitarisation de cet État, la présence de son armée à long terme sur une partie de son territoire, dans la vallée du Jourdain, le contrôle de son espace aérien et de ses frontières extérieures. Adieu la souveraineté palestinienne. Les colonies. Les Palestiniens exigent un retrait israélien de tous les territoires occupés depuis 1967, mais sont disposés à accepter des modifications frontalières mineures sur la base d'échanges de territoires équivalents avec Israël. Ce dernier exclut catégoriquement un retour aux frontières d'avant 1967 et entend annexer les blocs d'implantations où vivent la grande majorité des 360.000 colons juifs, hors Al Qods (Jérusalem-Est). Les Palestiniens veulent faire d'Al Qods leur capitale, Israël considère Jérusalem, y compris la partie orientale, comme sa capitale «indivisible et éternelle» et se refuse à tout partage de la ville. Plus de cinq millions de réfugiés palestiniens enregistrés officiellement attendent qu'Israël leur reconnaisse un droit au retour dans ses frontières, conformément à la résolution 194 de l'Assemblée générale de l'ONU. Israël refuse catégoriquement l'application de ce «droit au retour». Le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut que les Palestiniens reconnaissent Israël «comme l'Etat du peuple juif» afin, selon lui, de garantir que la question des réfugiés sera résolue dans le cadre du futur Etat palestinien. L'eau. Israël accapare une grande partie des nappes phréatiques dans le sous-sol de la Cisjordanie. Les Palestiniens réclament un partage équitable. A voir ses entraves, on voit bien que si la relance des pourparlers constitue quelque succès en soi, il va de soi qu'elle n'aura aucune signification tant le risque d'aboutir à une impasse est imminent. Surtout qu'ils se passent sous l'égide de Washington, qui avait remué ciel et terre pour empêcher les Palestiniens d'avoir un statut de membre à l'ONU.