Deux heures d'entretien dans le bureau ovale pour rien. Du moins rien n'en a filtré. La rencontre entre le président Obama et le Premier ministre israélien Netanyahu n'a apporté aucun changement notoire susceptible de faire avancer le processus de paix au Proche-Orient. Au contraire! Au vu des derniers développements du dossier, tout indiquerait que le processus aurait abouti sur une impasse. Cela n'a rien de surprenant tant l'intransigeance, voire l'arrogance de Netanyahu n'offre aucune brèche pour la moindre concession israélienne. Pire! Juste avant de se rendre à la Maison-Blanche, Netanyahu avait annoncé la couleur de ses desseins et placé la barre de ses conditions, en affirmant à des journalistes que:"Si les Américains soutiennent les demandes déraisonnables présentées par les Palestiniens concernant un gel de la construction à (Al Qods), le processus politique risque d'être bloqué pendant un an". Et au moment même où se déroulait sa rencontre avec le président des Etats-Unis, les médias israéliens annonçaient le feu vert de Tel-Aviv à la construction de 20 logements à l'emplacement d'un hôtel palestinien à Al Qods. En fait, il s'agit d'un projet de construction d'une centaine de logements dans la partie orientale de la ville sainte, dans le quartier de Cheikh Djarrah, d'où des Palestiniens avaient été expulsés l'an dernier. Et comme pour ajouter de l'huile sur le feu, le nouveau chef du conseil des colons israéliens récuse tout retrait de la Cisjordanie, et il évoque même la perspective d'y tripler le nombre de Juifs pour qu'il atteigne le million dans ce territoire palestinien occupé depuis 1967. Ajoutant qu'il ne voit " aucune différence entre (la Cisjordanie) et le reste du pays", faisant fi des critique et condamnations de la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, mais qui demeurent désespérément impuissants à arracher le moindre fléchissement aux Israéliens devant l'intransigeance du gouvernement Netanyahu sur la question des constructions de colonies, que ce soit en Cisjordanie ou à Al Qods. Pour preuve, les Etats-Unis demandent encore aux Palestiniens de faire d'autres concessions sur la ville sainte. Selon le porte parole du Département d'Etat, le statut d'Al Qods ne pourra être résolu que par un retour à la table des négociations."La seule façon de résoudre la question de Jérusalem est de retourner à la table des négociations. Son statut ne peut être réglé que par des négociations directes", a dit Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat. Soit ! Mais ajouter que " les deux parties (Israéliens et Palestiniens) auront à faire des compromis sur Al Qods, les réfugiés, les frontières et un certain nombre d'autres dossiers" équivaut à demander aux Palestiniens un plus de concessions en faveur de Tel-Aviv, alors que les USA n'arrive même pas à arracher un gel des colonies aux Israéliens. Du fait, on est en droit de se poser moult interrogations sur la sincérité de l'Administration Obama quant à la véracité de ses intentions de résoudre de manière juste et objective le dossier de la paix au Proche-Orient. Surtout quand on sait que pour la question du nucléaire iranien Washington remue monts et terres pour essayer d'emmener tout le monde à soutenir des sanctions contre Téhéran, alors que pour le dossier proche oriental, la Maison-Blanche, malgré les pires affronts dont elle a été l'objet de la part de Tel-Aviv, se contente de simples condamnations verbales à l'égard d'Israël. Le Quartette se confond lui aussi dans un mutisme incompréhensible face à « la politique arrogante d'Israël et son obstination à défier la volonté de la communauté internationale", pour reprendre les terme d'un communiqué publié par l'agence officielle saoudienne Spa. Vu le train où vont les choses, on craint que le processus de paix et avec lui la proclamation d'un Etat Palestinien avec sa capital Al Qods ne soit renvoyé au calendes grecs. A moins qu'on puisse exercer des pressions sur Washington pour qu'elle exerce des pressions sur Tel-Aviv pour faire descendre les Israéliens de leur piédestal.