Le Festival du cinéma africain qu'abrite la ville de Khouribga est l'un des plus anciens festivals de cinéma au Maroc. Le premier festival tenu sur notre sol fut à Tanger, en 1968, sous le thème du cinéma méditérranéen, organisé par le Centre Cinématographique Marocain sous la direction de feu Omar Ghannam et la tutelle d'Ahmed Alaoui au minitère de l'Information. Le festival constituait une ouverture sur l'Europe en matière de films, un pont de liaison entre le Nord et le Sud sur le plan cinématographique. Quand les rencontres du cinéma africain sont nées, à Khouribga en 1977, c'est dans un tout autre cadre. Elles sont initiées par la Fédération nationale des ciné-clubs du Maroc (F.N.C.C.M.), née quatre ans plutot, qui avait déjà à son actif, un bon nombre de rencontres, à Méknès comme à Mohammadia. La fédération s'érigeait à l'époque en tant qu'organe militant défendant des idées progressistes utilisant le film comme arme. Coiffant une cinquantaine de ciné-clubs à travers tout le pays, la fédération militait pour un cinéma national, authentique et traitant de véritables thématiques, à la base d'une production prolifique et régulière dans laquelle l'Etat marocain est partie prenante. La fédération critiquait sévèrement la politique adoptée par le C.C.M. et boycotait toute manifestation organisée par ce dernier. Les rencontres du cinéma africain de Khouribga, dont le C.C.M. est délibérement absent, vont constituer une sorte de contre-manifestation, une association manquant de moyens certes mais indépendante. C'est ce manque de moyens dont souffre la fédération qui va etre déterminant dans l'organisation des rencontres. L'O.C.P., principal pilier économique de la capitale des phosphates, va fournir l'essentiel de la logistique. Il est à l'origine du succès de la premlière édition qui va connaitre la participation de cinéastes et critiques de renom, en présence de films qui relèvent aujourd'hui de l'anthologie du cinéma africain. La fédération y a beaucoup gagné, non seulement sur le plan national mais également sur l'échiquier international sous le regard grinçant et jaloux des responsables du C.C.M., dépourvus de tout festival après l'échec cinglant de la deuxième édition du festival méditéranéen organisée à... Rabat. Cependant, les moyens sont encore une tare pour la fédération qui n'arrive pas à assurer une périodicité raisonnable pour ces rencontres pourtant utiles. La deuxième édition n'eut lieu qu'en 1983. La troisième va attendre l'année 1988. Cette irrégularité traduit clairement les difficultés financières dont souffre la fédération qui, désormais, doit laisser des concessions pour que le festival perdure. Cela ouvre les portes aux organismes officiels d'y prendre part: C.C.M., autorités locales, conseils communaux et régionaux sont aujourd'hui les maitres absolus de ce festival auquel la fédération est timidement invitée. Son rôle dans la création des premières rencontres relève de l'Histoire. Depuis 1977, les mentalités à Khouribga ont bien changé.