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Quand la police "réfléchit" les stades : Tout le monde est embarqué...dans la lutte contre la violence
Publié dans L'opinion le 14 - 06 - 2013

La Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) vient de tenir le premier colloque sur la lutte contre la violence dans les stades sous le thème: «La Sûreté Nationale au service des objectifs nobles du sport».
On retiendra qu'il s'agit du «premier» (sic et resic), en supposant qu'il soit suivi d'autres forums, destinés à un véritable échange, entre les serviteurs de l'ordre public et tous ceux qui sont impliqués, à divers titres, dans le monde du sport et particulièrement du football.
LE FOOTBALL EST TRES IMPORTANT POUR L'ABANDONNER A LA SEULE COERCITION
Au vu des thèmes proposés, on se rend compte qu'il s'agit de la présentation de rapports officiels, par des décideurs de l'encadrement des manifestations footballistiques, en attendant qu'on ait droit à un véritable spectacle sportif, dans nos terrains. Et nous disons bien terrains et non stades, à un moment où nous commençons à peine à engager une mise à niveau de nos infrastructures et des espaces sportifs, qui nous font défaut.
Et on reconnaîtra qu'un grand pas a été fait, avec l'implication de la police sous l'angle de la proximité dans un secteur, le sport, qui est tellement important pour qu'on le laisse entre les mains de la (seule) police.
Tout en rappelant et en insistant sur le fait qu'une société bien policée est une société civilisée.
Des séminaires sur la violence dans les stades, on en a tenu plusieurs et même au plus haut niveau, mais c'est la première fois où cela se déroule sous la responsabilité de la police, au sein de la prestigieuse Académie de police de Kénitra.
On peut faire l'historique des colloques passés, mais qui n'ont pas donné de résultats probants, car on a toujours vu le football sous un angle institutionnel classique, au moment où il fallait le percevoir en tant que phénomène social.
On avait honte (Hchouma) de parler de «violence» et on voulait y voir un épiphénomène, conjoncturel, qui allait finir par mourir de sa belle mort, pourvu qu'on mène des campagnes de sensibilisation, en s'ouvrant sur les supporters et leurs associations, vraies ou supposées, en distribuant des tee-shirts et en rappelant les jeunes à l'ordre moral.
DES ESSAIS RATES A CAUSE DE VERITABLES ETUDES DE TERRAIN
Aux slogans des stades, analysés dans certaines universités, on a tenté d'opposer des prescriptions moralistes, en y associant même des «faquihs».
Mais c'était oublier que le phénomène n'était pas que marocain, qu'il était mondial et que le football est le premier agent de la globalisation (lire à ce propos Pascal Boniface).
Nulle honte donc à en faire état, même quand il s'agit de faire le compte macabre des morts à la sortie et dans les stades!
Lors du colloque, on a traité de plusieurs vécus, ici et ailleurs avec l'expérience française et les tous derniers incidents du Trocadero à Paris, après le sacre du PSG.
On peut élargir l'expérience à l'Angleterre, l'Italie, revenir aux événements de triste mémoire du Heysel, sans oublier les 95 morts de Port Saïd en Egypte, la Tunisie, l'Algérie avec ses morts, aussi et ses débordements.
Doit-on analyser les slogans: «Mieux que ma mère et mon père, mon club», on s'y réfère en y mettant une surcharge psychanalytique (complexe de l'oedipe ou du supporter?), «Khadra ou Hamra Oulla tallak lamra» (Sois Rouge ou Vert sinon divorce de ta femme!), Lfarka Rabha Oubikhir ...(Rien ne compte sinon la victoire, la terre s'arrête de tourner), Sir Tsallaâ (on ignore l'autre jusqu'à lui renier toute existence) la tête chauve étant une référence dégradante...
On peut multiplier les exemples, avec des allusions à la politique, les stades devenant des refuges sloganistes, mais on doit y dénicher des effets d'annonces et de discours projectifs, fantasmés ou réalisables dans les faits.
Et les tribunes ne sont pas seules à disséquer, car même l'aire du jeu est investie de symbolique et de références sociétales et générationnelles.
Quand tel joueur affiche une coupe copiée sur Ronaldo, on n'y voit de scandale que quand le joueur rate son match, ses qualités deviennent des défauts. On peut regarder du côté des tatouages de Metouali, de sa manière de porter son short ou son maillot, les jeunes s'y identifient pour dire qui sa colère, qui son désespoir ou son amour, car le football est d'abord et surtout un désir, doublé d'un plaisir.
NEYMAR N'A RIEN COMPRIS, PELÉ NON PLUS!
Pelé vient de déclarer, à propos de Neymar: «Il doit s'occuper beaucoup plus de son jeu que de sa coupe (de cheveux)!».
Le grand Pelé a tout simplement oublié que Neymar ne s'appartient plus, il est star et a droit à toutes les extravagances, y compris celle d'innover en favorisant le mimétisme et le développement d'une mode générationnelle, perçue et copiée par les meilleurs couturiers dits avant-gardistes.
On le voit, le stade est un monde à part, on veut le dompter et c'est le voeu de toutes les sociétés et les gouvernements, débordés par le football transformé en opium des peuples.
Cela se passe dans des stades, dont la création remonte à plus de vingt siècles, surtout pour les anciennes arènes et les barrières copiées sur les «fosses aux lions», reprises sous Mussolini en hommage aux gladiateurs et qui sont toujours de mise dans beaucoup de pays.
Y compris chez nous au complexe sportif Mohammed V à Casablanca.
L'espace et l'architecture peuvent à eux seuls inciter à la violence et la favoriser par les emplacements et la répartition géographique des supporters, aujourd'hui qualifiés d'»Ultras». La disposition devient stratégique, la répartition des troupes minutieusement étudiée, l'alignement hiérarchique en rangées destinées à affecter la tribu et l'aliéner par les slogans, sur l'ensemble de la zone occupée, tout un travail d'ethnologie est mis en exergue, par des spécialistes de la manipulation des foules. Voir à ce propos Christian Bromberger dont les travaux doivent servir de livres de chevet pour tous ceux qui veulent guérir la société de la violence des stades.
VIOLENTS, HOOLIGANS ET ADOLESCENTS: L'ECOLE EN CAUSE
Avec le colloque de la DGSN, on a permis à beaucoup d'intervenants de s'impliquer dans le monde réel d'un phénomène qu'on a baptisé de tous les noms, sans en cerner la véritable nature.
On ne guérit pas un cancer socio-économique par de l'aspirine!
Et c'est ce qu'ont relevé certains intervenants du Maroc, notamment pour la dissociation de la violence dans les stades du «hooliganisme», proche du «CHAGHAB» qui est à mettre dans la catégorie du dérapage sociétal.
La justice elle aussi est concernée par le phénomène et a établi une approche objective, à travers des statistiques qui rappellent que 75% de la population des stades vient du monde scolaire et a moins de 15 ans, au moment où ce sont les adultes qui investissent, pour une grande part, les stades européens.
On le voit, l'école marocaine généralement écartée des problèmes des stades, devrait être responsabilisée pour servir de lieu de vulgarisation et de lutte contre la violence dans les terrains de football.
Au niveau des textes et de la répression, la loi est coercitive, certes, mais elle n'est pas élargie à tous les décideurs du football et particulièrement des dirigeants, susceptibles de tomber sous le coup de poursuites pénales, dans le cas d'actes de violence collectifs.
Le législateur marocain a fait montre de laxisme à ce propos au moment où, en Europe, on a rendu responsables et condamné à des peines de prison des dirigeants lors de faits graves comme l'écroulement de la tribune du Forlani.
Espérons que les travaux de ce premier colloque soient publiés et qu'il connaisse une suite, avec l'étude du maximum de cas dans le monde, d'hier à demain.
Et qu'on évite les exemples d'un proche passé où on avait fait dans le folklore, ce que Balandier appelle la «Colloquitte», ce mal symptomatique qu'on attrape du colloque et dont souffrent les bureaucrates qui s'arrangent pour tout dire, sans rien faire.


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