Pour décongestionner les urgences des hôpitaux dont certains sont au bord de l'asphyxie, qui continuent à recevoir des patients de loin, le dispensaire, ce sbitar el houma, reçoit mieux maintenant le citoyen qui s'inquiète sur des boutons dont il ne connaît pas l'origine. Au dispensaire de l'avenue de la Résistance qui s'appelait autrefois avenue Foch, aussi prestigieuse que Kléber ou Wagram, aujourd'hui Al Moukawama, un coursier a été soigné au quart de tour. Non seulement on lui a remis des comprimés sur le champ, sans l'envoyer à la pharmacie du coin, qui fait crédit aux gens du quartier, mais, en plus, on lui a offert une datte – ça fait marcher le commerce, on en consomme ici beaucoup moins qu'en Irak ou dans le reste du Maghreb - et un verre de lait. Là encore, ça fait vivre la Centrale Laitière qui devrait pousser les écoles à en distribuer tous les matins comme du temps de Mendès France qui a habité au Balima pendant l'occupation allemande, thème récurrent de nos jours sur les chaînes de la République. Du lait et des dattes au sbitar el houma ? Voilà qui soigne un peu le psychique et qui embaume le cœur pour commencer. stop. Comme il fallait s'y attendre, l'accident du tram à Casablanca a fait la « une » des journaux. Premier coup d'œil sur un quotidien qui n'a pas l'habitude de titrer sur les faits d'hiver, en été comme en hiver. « Le premier accident majeur ». Ce qui veut dire qu'il n'y en avait pas de bien graves avant et qu'il y en aura d'autres ? Son confrère, frère de sang dans la titraille mitraille, ne prend pas de gant. Il affiche d'emblée la couleur : « Ça commence ! » en parlant du premier accident majeur. Ce qui veut dire, là encore, que ça ne fait que commencer et qu'il y en aura d'autres. Ce à quoi on a envie de répondre que la bouche subisse les assauts de Boubi, le chien lécheur. Traduisez. Un autre confrère de la place note que « la série d'accidents se poursuit pour le tram de Casa ». Là encore, pas de discernement, c'est la série et l'hécatombe qui nous attendent. Dormez bien, les gardiens de l'actualité veillent pour vous. Ils servent des plats réchauffés avec des mots crus, même quand il s'agit d'un simple fait d'hiver. Dernier regard sur les titres : « Un camion est entré en collision avec le tram de Casablanca ». Et comme on dit ici « Nod naïd »... sans en faire un drame, n'est-ce pas ? A Tunis, quand le tram a commencé à rendre la vie des usagers moins pénible, cela ne s'est pas fait sans encombre. A Rabat, il n'y a plus de gardiens qui incitent les gens, à Bab El Had ou à la place du Golan où il débarque sans crier gare, à être vigilants, comme si les gens étaient habitués à vivre avec le tram. stop. 1 an de prison ferme pour Hamada, qui s'est pourtant recyclé dans le gardiennage de voitures près du collège Lalla Kenza, sans toucher au chit. On est venu lui rappeler qu'il avait vendu un joint à un pauvre type. La justice a été tranchante. Elle n'a pas pris compte qu'il s'agissait d'une vieille histoire et que le garçon avait refait sa vie. Jusqu'ici, des juges jugent sans avoir recours aux conseils d'un psychologue ou d'un psychiatre qui sait bien que chez les paumés, on passe vite de l'autre côté. Jusqu'à quand on va envoyer des jeunes en prison où ils entrent dans la délinquance en rencontrant les déchus des bas-fonds qui les initient au pire ? Assia Al Ouadie va encore une fois se retourner dans sa tombe en apprenant qu'un jeune a été envoyé en prison alors qu'il avait choisi de rompre avec la marge. Que son esprit de militante hors pair soit respecté. Ce n'est pas avec des hommages de bonne intention que sa mémoire sera préservée et qu'on combattra la hogra. stop. A la suite de la mort d'une petite fille domestique à Agadir, la semaine dernière, l'UNICEF Maroc a publié un communiqué où elle rappelle sa forte condamnation du travail des enfants et appelle au respect et à la protection des droits des enfants, ainsi qu'à une large mobilisation pour mettre un terme au phénomène des « petites bonnes ». L'UNICEF Maroc, qui est vigilant sur l'exploitation des enfants, n'a pas encore soulevé le cas des handicapés mentaux, souvent légers, injustement exploités dans bien des ateliers de mécanique, tôlerie, menuiserie ou de couture, ou des petites mains, comme dans le film de Ben Barka dont on entend plus parler, même pas au Festival de Zhiliga qui va ouvrir ses portes, après le festival de Zagora ou de Tiznit où il n'y a pas de salle digne de ce nom. Des jeunes légèrement handicapés travaillent comme des forcenés chez un maâlem qui est bien contenté d'employer un h'bil qui ne réclame jamais une hausse de salaire ou un peu de souplesse dans les horaires de corvée. La proie rêvée pour l'atelier qui ne reçoit ni la visite de l'inspecteur de travail ni de l'assistante sociale, plus présente dans les pays développés que dans les pays émergents où seule la croissance enregistrée par les bureaux d'études qui échappent aux diplômés du certificat d'études, compte. Même si elle ne tient pas compte du social. stop. Quand on a rapporté la rencontre de Tunis – plus de 30.000 personnes – où la société civile mondiale a montré qu'elle était capable de mobiliser la planète, on ne savait pas qu'il y avait aussi des gens du Polisario. Mais qu'importe, puisque les nôtres étaient aussi présents parmi les délégations étrangères venues de La Havane, de Rio ou de Genève. On remarquera que la délégation marocaine, qui a mis l'accent sur Tindouf et ses séquestrés dont le calvaire dure depuis plus de 30 ans, n'a pas boycotté la rencontre de Tunis. Elle est restée sur place pour sensibiliser l'opinion internationale sur le drame de Tindouf. Elle n'a pas cédé le terrain au Polisario, qui s'est réjoui chaque fois que les nôtres - « diawalna » - pratiquaient la politique de la chaise vide. Au contraire, il fallait être partout et tenir tête aux endettés. stop. L'Agence Nationale – nationale, comme la revue nationale de philatélie – de Réglementation des Télécommunications ne se gêne plus pour critiquer la qualité de réseau qui n'a rien à envier à celui de Valparaiso. Mais le simple constat livré en pâture, aux supports en quête de rapports à qui ils ajoutent « sel et poivre », autrefois une adresse mythique, rue Mustapha Al Maâni, qui avait un air de rue du Four quand Gaby venait à Casa, ne nous dit pas ce qu'il faut faire. C'est trop simple de dire que le réseau se dégrade, sans que personne n'en prenne pour son grade. Il y a des solutions et il faut les souligner. stop. « Tel Quel » passe chez Karim Tazi qui a souvent fait les délices de notre rubrique chaque fois qu'il fallait lui répondre sans l'offusquer. L'hebdo de Benchemsi qui nous faisait marrer avec ses éditos, quand il en faisait trop, sera désormais aux mains du patronat, puisque Karim Tazi est le patron de Richbond, la marque de matelas sur lequel rebondissent les gosses les jours fériés. Tazi, à moitié beur, qui s'en est pris aux grèves qui tuent le rêve des employeurs qui ne veulent pas de « machakil » dans la marche du travail, va-t-il changer de comportement, dans ce magazine, qui n'est pas le reflet de la lutte des classes, mais qui a quand même dépoussiéré le journalisme de papa, en abordant des sujets tabous que n'osait pas aborder Najat Aatabou malgré ses tenues à la Madona, cette chère Najat qui s'est installée avec sa moitié en France, non pas pour échapper aux impôts de Zaghnoun comme Depardieu – depardiou, disent les sioux – qui n'a pas fui son pays sous Sarkozy, mais pour offrir aux Maghrébins des soirées animées ? stop. Alors que des jeunes de Tanger – Béni Makada est devenu célèbre depuis le Twenty qui poursuit ses débats sur la toile après avoir déserté la rue – partent en Syrie pour le jihad, des Tunisiens, les plus virulents dans la remise en cause des systèmes établis, choisissent eux aussi de combattre aux côtés des rebelles qui ne sont pas logés à la même enseigne, où on trouve aussi bien des athées prêts à mater des soldats barbus – ça existe chez Bachar – que des religieux, qu'on appelle islamistes dans les médias alarmistes. « Le Monde », qui ne peut se passer de l'Internet comme toute publication qui se répète – ça s'implique et ça s'imbrique – est revenu sur le jihad, en précisant que des femmes tunisiennes prônent le jihad sexuel pour soutenir la cause du peuple en guerre. Après le jihad économique, le jihad sexuel, bientôt le jihad écologique. A suivre. stop. Bienvenue au Président de la République française, M. François Hollande, qui a donné des directives pour qu'on facilite les visas pour les artistes. stop.