Mardi dernier, il a beaucoup neigé sur bien des champs de courses en France. Du coup, les bureaux du Tiercé au Maroc, de Mers Sultan à Béni Makkada en passant par Bab El Had, ont fermé. Les pistes étant devenues impraticables, l'Handicap divisé, comme on dit dans le jargon des turfistes, fut annulé. Ce qui a fait dire à des mères de famille de Casa ou Taza : « Allah alla raha », puisque les pères de famille invétérés ont ramené l'argent inutilisé des courses à la maison, où des enfants, d'habitude frustrés par le fric dépensé par leur père dans les compétitions à Deauville ou à Chantilly, ont mangé à leurs faim. C'est que le tiercé au Maroc – on tabasse les curieux qui veulent enquêter sur ce fléau social - rapporte un argent fou à la SOREC de Casablanca qui continue à écrire les paris avec un P majuscule, comme si ses clients victimes du « kmar » étaient des ignares. Contrairement au pays du hippisme où on tente de sauver les kamikazes qui misent sur toutes les ocaz, en les incitant à réduire leurs dépenses qui peuvent coûter cher – c'est dans le texte sur l'Internet – au Maroc, personne parmi la société citoyenne, qui avance à grands pas, n'a encore osé soulever cette question qui n'a pas encore intéressé les parlementaires qui, pourtant, se sont montrés ces derniers temps vigilants. Qu'il s'agisse des prisons, où on ne leur a pas tout montré, ou des hôpitaux où du personnel paramédical se réveille de moins en moins tôt. stop. Le célèbre Ba Saïd, qui vendait des pieds de mouton ou de bœuf aux pois chiches, accompagnés d'une sauce aussi réputée que lahrissa du pays de Bouâzizi, n'est plus. Installé à Rabat depuis les années 40 dans son petit restaurant près de madame Escobar, Ba Saïd a conservé son menu durant des décennies, attirant une clientèle modeste, chauffeurs de taxi et petits employés au salaire « hado kado », mais aussi des cadres de l'administration qui venaient en cachette, on ne passe jamais incognito, déguster ses pieds de mouton. L'homme sobre, qui n'a jamais fumé ni bu dans le bar voisin ou ailleurs, a résisté malgré l'arrivée des vendeurs de sandwiches qui donnent le vertige. Il était aussi connu – « Charq Al Awsat » lui a consacré une demi-page, écrite par un journaliste soudanais – que Aïssa, cuisinier marocain, également spécialisé dans les pieds de vaux, à la façon marocaine, chez qui le Tout Paris des années 60 venait régulièrement. Quand on ne parlait ni de cuisine bio, végétarienne ou de nouvelle cuisine où les portions coupent l'appétit. Le même Aïssa qui occupait une bonne place dans « Les potins de la commère » de Carmen Tessier dans « France-Soir » quand le journal de Lazaref était le premier quotidien de l'Hexagone. Les chibanis, qui se rappellent de Ba Saïd et de Aïssa, ne sont pas prêts d'oublier l'odeur des cuisines qui arrivait jusqu'aux tables et à l'extérieur des restaurants. stop. Le RAMED qui fait rêver les fauchés qui ont cru que Ramid était derrière cette carte qui donne droit gratuitement aux soins, et qui découvrent les affres et les lourdeurs de l'administration. Si Bachir ou Bahia se présentent à l'hôpital Souissi qui donne des soucis à Ouardighi, qui a un mal fou à convaincre les gens à donner leur sang – chiffres déconcertants –, on leur dit d'aller au dispensaire d'abord, ce « sbitar el houma » qui fait suer Hachouma. Ce passage obligé par le dispensaire du quartier, va décourager des démunis, comme on dit dans les associations caritatives, intelligemment dirigées par des têtes d'affiche coiffées à la Carrita, célèbres coiffeuses des sixties qui recevaient aussi bien Maria La Callas que Brigitte Bardot, la ravissante idiote - c'est le titre de l'un de ses films avec Anthony Perkins – celle-là même qu'une association de Casablanca a choisie comme effigie pour célébrer une fête de la femme. Cette Brigitte défraîchie et déchue, qui s'en prend aux immigrés à la veille de l'Aïd El Kébir. BB qui s'est déculottée dans le film « En cas de malheur » avec l'inoubliable Jean Gabin et qui vient nous donner, 50 ans après, des leçons de morale, de civisme, qu'on ne retrouve pas dans le catéchisme. stop. On ne finit pas d'apprendre. Parlant des Marocains célèbres, Hafid El Jaï nous apprend que Touria Chaoui, dont l'énigme sur sa mort perdure, aurait été assassinée devant sa porte par un jeune homme – son nom ? – à qui elle aurait rejeté sa demande en mariage. On tombe des nues ! Voilà une disparition à qui on a collé toutes les versions, en particulier celle de la femme pilote, accusée d'avoir travaillé pour son pays ou pour des services non identifiés, qui se transforme en crime passionnel. Une conclusion que n'ont pas envisagée des chercheurs qui travaillent sur la mort de la première aviatrice marocaine, Touria Chaoui, au Canada, en France et ailleurs, et que notre confrère, plume de référence, Hafid Jaï, élucide en quelques mots. Jusqu'ici, on a dit qu'elle avait été assassinée devant son domicile, par des hommes jaloux de voir que la presse internationale avait parlé de cette première femme pilote marocaine, félicitée par Jacqueline Auriol, pilote d'essai et nièce du président Vincent Auriol, qui avait décidé un jour qu'on n'emprisonne plus Jean Genet à la suite d'une pétition signée par Sartre et Cocteau. Reposez en paix Touria Chaoui. On attend toujours la vérité sur votre disparition. stop. Sur www.leseco.ma. La filiale marocaine de Japan Tobacco a entrepris une démarche marketing pour le moins inappropriée. De jolies jeunes filles légèrement vêtues, représentant la société japonaise opérant sur le sol marocain, ont investi ce week-end des cafés et lieux de loisirs branchés de la capitale économique. Le modus operandi est une invitation à la gent féminine de «goûter» gratuitement à leur produit baptisé «Glamour». La démarche à contre-nature dans un pays qui combat le tabagisme et interdit la publicité du tabac a fait bien de mécontents, notamment de la part de parents accompagnés d'enfants mineurs. stop. Tout n'est pas perdu. Les travailleurs avec leurs grèves qui ne brisent pas les rêves, ne sont pas des saboteurs qui en veulent aux maâlimine de Taliouine – Souss-Massa-Draâ, zone de luttes sociales qui donne du mauvais sang à la presse patronale – à Goulimine, en passant par Inezgane et Ouled Teïma. Chez COMARIT, trempée jusqu'au coup, dont des bateaux sont bloqués au quai dans des ports français et espagnols, les travailleurs, qui n'ont pas reçu de salaire depuis la mi-2012, se montrent maintenant compréhensibles ou fair-play, comme on dit chez les Anglais qui ont repris Veolia, qui attend d'être payé par la commune de Rabat et auquel (le groupe Veolia) Oualaâlou ne doit pas de l'argent, comme on l'a écrit par erreur hier. C'est le contraire. Malgré tous ces malheurs, le personnel de la COMARIT croit toujours à la survie de son entreprise. Suite à un accord commun avec le PDG de la compagnie, Ali Abdelmoula, le personnel de la COMARIT a abandonné la moitié de son solde cumulé. Cette concession se veut «un signe de solidarité» avec leur patron, car, selon les explications du délégué du personnel, l'accord a été le document saillant du dossier déposé auprès du tribunal pour décrocher la mise en redressement judiciaire. stop. Violence envers les femmes. Marrakech en tête du triste palmarès, titre le quotidien qui voit de l'économie partout, avec une photo choc qui vient, paraît-il, des archives du canard. Sapristi ! Mais dans le texte, il dit qu'il n'y a pas grande différence entre Marrakech (1936 femmes battues) et Casablanca : 1846. Sans sortir sa calculatrice, il y a une différence de 90 femmes. Ce qui n'est pas énorme, mais on a trouvé le moyen de classer Marrakech en tête sur une bonne partie de largeur de la page. Au moment où on fêtait la journée de la femme, voir Marrakech en tête des violences envers les femmes, n'a certainement pas plu à des observateurs marrakchis, qui peuvent dire qu'ils ne sont pas les seuls, malgré le classement à la tête du triste palmarès dans la ville de la palmeraie. stop. La conciergerie privée gagne du terrain. Au moins, on sait à qui on a affaire, quand on veut quelqu'un pour prendre un billet d'avion, une course à Marjane ou des repas à apporter de chez flane ou flana. Ça nous change des concierges touche-à-tout, qui louent des chambres pour le sport en chambre à 300 DH l'heure ou la nuit, c'est selon le choix du client et de la cliente qui fait des passes sans boire la tasse. Ce qui nous change des concierges qui veulent passer le permis de conduire et qui le ratent à chaque coup, pour se spécialiser dans la vente des voitures, en conduisant eux-mêmes la Fiat sur un air de ghiat, qu'ils veulent vendre aux ploucs, tout en faisant les yeux doux au syndic de l'immeuble qui n'est pas dupe. Le concierge qui ne répond pas sur son portable avec options dont il ne connaît pas la manipulation, que si ça lui chante, que si celle ou celui qui appelle n'est pas du genre à avoir des scorpions dans la poche, qui donne sans compter pour une course au marché du quartier. stop. La Semaine du film européen se poursuit avec des longs-métrages qu'on ne voit même pas à la cinémathèque de Chaillot. Seules les villes de Casablanca et Rabat en profitent, comme du temps du Maroc utile et du Maroc inutile, comme si ça demandait toute une logistique pour transporter les bobines jusqu'à Mikinès, comme on disait sous Louis XIV qui n'a pas connu la radio «Carbone 14»... Enfin, les tarifs par semaine, ça vaut le déplacement même sous la douce pluie de mars. stop. Expo à voir. Vernis sage. Jeu de mots qui sent le vernis des galeries à la page. Yann de l'Entrecôte, qui régale au premier étage, en attendant d'ouvrir Melody en sous-sol, propose un photographe venu de Marrakech, Jean Bernard Yaguiyan – jusqu'au 27 mars - le pro qui expose sous la protection artistique du commissaire d'exposition Fatima Yaâcoubi, saisit des détails qui paraissent anodins auxquels il donne du punch, qu'on retrouve dans des magazines brunch comme le mag and bag «Couleurs du Maroc». A voir avant de monter au 1er étage, devenu incontournable au centre-ville à l'heure des potins du côté de Félix Potin. stop. Des Anglais viennent en groupe au Yacout qui accueille un Rabat cosmopolite, avec une cuisine marocaine qui rappelle celle du riad d'antan. stop. Mimi Pinson invite des musiciens de la capitale qui font un bœuf chaque jour pour le plaisir des habitués qui «salsent» sur des airs sud-américains. stop. La nuit redevient magique à Rabat avec le retour du beau temps qui nous manquait un peu. stop. Toujours la cuisine asiatique dont nous avons déjà cité les adresses qui comptent. stop. Le Too Much mise sur l'animation, carte jouable et louable à l'heure où certains ne veulent pas lier la restauration avec l'animation. stop. Enfin, chez nos copains bretons de LM crêperie, le menu, à consommer sur place – à emporter, ça perd de la teneur – est toujours aussi riche. On y sert du cidre – boisson sans alcool – qu'on boit à Abou Dhabi ou à Conakry... stop.