Des milliers de Palestiniens sont revenus jeudi dans le camp de réfugiés de Yarmouk à Damas en dépit de tirs sporadiques, au moment où les enquêteurs de l'ONU ont estimé dans leur dernier rapport sur la Syrie que des «communautés entières» étaient menacées par le régime. A New York, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté jeudi une résolution dénonçant des «violations graves et systématiques» des droits de l'homme commises par les autorités syriennes et par les milices pro-gouvernementales des «chabbiha». Le texte, soutenu notamment par des pays européens et arabes ainsi que par les Etats-Unis, demande au gouvernement syrien de «mettre fin à toute violation des droits de l'homme et à toute attaque contre les civils». Elle invite «toutes les parties à cesser toute forme de violence». La résolution demande aussi à Damas de laisser la commission d'enquête de l'ONU accéder librement et sans condition à tout le pays et de coopérer avec ses enquêteurs. «Depuis 06H00 (04H00 GMT), des milliers de Palestiniens ont traversé à pied les points de contrôle de l'armée à l'entrée du camp pour s'y réinstaller», a affirmé un membre d'une organisation d'aide aux Palestiniens, alors que des tirs sporadiques étaient entendus dans le camp qui fut le théâtre de violents combats entre rebelles et soldats. L'agence officielle Sana a fait état de «manifestations demandant le départ des groupes terroristes», qui dans la terminologie du régime signifie les rebelles. Selon un habitant du camp, «les combattants de l'Armée syrienne libre (ASL, rébellion) ont pratiquement disparu». Mais, la «sanctuarisation» du camp est loin d'être réglée. Des informations contradictoires circulaient sur un accord. Un dirigeant du mouvement palestinien Fatah, Azzam al-Ahmad, a assuré à la radio «Voix de la Palestine» qu'un «accord préliminaire était intervenu entre toutes les parties à Damas pour le retrait des combattants de l'opposition et du régime». Des négociations avaient commencé mercredi pour faire sortir les rebelles du camp et le tenir à l'écart de la guerre en Syrie, après de violents combats entre pro et anti-régime. Quelque 100.000 des 150.000 habitants ont fui le camp. Un grand nombre se sont installés dans des jardins publics et des places à Damas, avait indiqué l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés de Palestine (UNRWA). Environ 2.800 ont gagné le Liban voisin, selon la Sûreté générale libanaise. «Conflit intercommunautaire» Le ministère syrien des Affaires étrangères a adressé deux lettres à l'ONU, au président du Conseil de sécurité et au secrétaire général, pour qu'ils demandent «aux pays ayant encouragé les groupes terroristes armés à occuper Yarmouk (...) à les forcer à sortir du camp pour préserver la vie des refugiés palestiniens et empêcher le meurtre et la destruction». Dans un rapport alarmant, les enquêteurs de l'ONU estiment que le conflit après 21 mois, est désormais «ouvertement intercommunautaire», et que des «communautés entières» sont menacées. Ils citent les tensions entre les chiites et les sunnites avant de souligner que «les autres minorités, comme les Arméniens, les Chrétiens, les Druzes, les Palestiniens, les Kurdes et les Turkmènes ont été emportés par le conflit. Cependant les divisions intercommunautaires sont les plus marquées entre la communauté Alaouite (...) et la communauté sunnite».