Le jeune peintre Hameza Sajid (vit et travaille à Casablanca) expose ses travaux récents jusqu'au 25 décembre courant à la Galerie Le Chevalet de Casablanca. Il mène une aventure picturale à la manière des artistes abstraits, en s'inspirant de leurs techniques et de leurs visions lyriques du monde. Dans ses toiles oniristes, Hameza apporte à la peinture une troisième dimension: l'interprétation. Son souci majeur est de mettre en valeur le geste selon une approche synthétique. Sa peinture repose sur l'exaltation de la couleur pure et désire créer la lumière et l'espace par l'emploi des valeurs vives et claires. Il est hanté par les paysages sont exaltés par le soleil et la luminosité. Issue de l'école la vie, l'art pictural, selon Hameza traite à la fois du thème de l'intérieur et de la nature introspective, ce qui renvoie aux sujets traités dans l'histoire de la peinture néo-figurative, mais les innovations sont multiples, tel l'apport de l'interprétation subjective de la réalité objective connoté par la présence du rêve et des rêveries. Il a voulu rendre ses impressions du temps et de l'espace. L'exposition de cet artiste talentueux nous fait voir des toiles gestuelles qui semblent dégager des récits appartenant à la beauté latente que l'artiste traduit en signes et en couleurs étincelants. C'est tout un langage onirique reposant sur la dimension cachée des symboles énigmatiques qui stimulent l'imagination et la poétique et ouvrent une voie intimement liée à l'inconscient collectif. L'artiste nous invite à mener une quête symbolique pour explorer la partie de la mémoire refoulée qui refuse l'effacement et l'ignorance. Nouvelle phase dans la vie picturale de l'artiste marquée par la profondeur, les œuvres tachistes de l'artiste sont animés par la profusion de symboles sous forme des jets gestuels : c'est le moyen choisi par le peintre pour mettre le visiteur à l'épreuve, bousculer ses habitudes de vision et l'obliger à regarder autrement mais lentement ce qui l'entoure. Artiste prometteur, Hameza cherche à déplacer l'enjeu du visible pour instaurer une lecture nouvelle du monde à travers un travail consistant sur les couleurs et les gestes composés sous forme d'une mélodie habitée par les rêves. Le langage plastique est présenté avec tout ce qui se réfère au monde intérieur et connote à la fois la vie intimiste et les intériorités, tout en donnant libre cours aux émotions et aux sensations subjectives. La spatialité des œuvres réalisées par Hameza se calque sur l'abondance de la représentation métaphorique dans un esprit qui pourrait renouer avec les illuminations de la peinture intuitive. Des éléments graphiques immédiatement lisibles s'imposent au regard et connotent la spiritualité d'être et de paraître et aussi la sensualité transcendante. Le non–dit accroît les éléments figurés en hypertrophiant leur sens et en éclatant leurs formes. La toile se présente ainsi comme la trace d'une action effectuée gestuellement et investit la surface en mettant en relief un état de recueillement et de fascination autour du tableau dans ses compositions lyrique.