Le républicain Mitt Romney est venu disputer mardi l'Etat crucial de l'Ohio au président Barack Obama, ce dernier adoptant un ton combatif pour tenter d'enrayer l'élan d'un adversaire qui le dépasse désormais dans les sondages nationaux. Pour la première fois depuis le début de la campagne en vue de la consultation du 6 novembre, la moyenne de sondages réalisée par le site spécialisé RealClearPolitics (RCP) a accordé mardi une avance à M. Romney, le créditant de 48% des voix contre 47,3% au président démocrate sortant. Ce résultat s'inscrit dans la continuité du décrochage de M. Obama depuis sa mauvaise prestation au débat de Denver au Colorado (ouest) le 3 octobre, le premier des trois rendez-vous entre le 44e président des Etats-Unis et celui qui aspire à devenir le 45e. Les sondages nationaux peuvent toutefois se révéler trompeurs, la présidentielle étant organisée Etat par Etat, ce qui donne une importance disproportionnée aux territoires où la course est serrée, comme précisément l'Ohio (nord): aucun républicain ne s'est installé à la Maison Blanche sans l'avoir remporté. M. Romney a prévu de passer la soirée de mardi et toute la journée de mercredi dans cet Etat où un nouveau sondage CNN accordait mardi quatre points d'avance à M. Obama (51% contre 47%), un écart non seulement dans la marge d'erreur, mais divisé par deux par rapport à des enquêtes publiées dans la semaine précédant le débat. Sur place, notamment à Cuyahoga Falls dans la banlieue de Cleveland, M. Romney s'adjoindra l'aide du gouverneur républicain du New Jersey, Chris Christie, réputé pour son franc-parler. M. Obama, devant 15.000 personnes rassemblées sur le campus d'une université à Columbus dans le même Etat, a lui aussi affûté ses arguments mardi lors d'un discours plus nerveux et plus percutant qu'à l'habitude. «Des qualités de bateleur» Il est revenu sur des thèmes familiers contre son adversaire, comme le reproche d'avoir «passé la moitié du pays par pertes et profits», référence à la vidéo volée dite des «47%» divulguée à la mi-septembre et dans laquelle M. Romney évoquait la mentalité d'»assistés» des électeurs de M. Obama. «Les Américains ont travaillé trop dur. La dernière chose que nous pouvons nous permettre est de revenir aux mêmes politiques (...) Je ne peux pas permettre que cela se produise, et je ne le laisserai pas se produire», a promis le président, en estimant que M. Romney, lors du débat, n'avait pas démontré «des qualités de chef, mais des qualités de bateleur». Côté républicain, on assurait ne pas s'emballer après ces bons sondages, qui contrastent avec le creux de la vague que connaissait leur campagne depuis près d'un mois. Selon l'un des principaux conseillers de M. Romney, Kevin Madden, «on ne peut pas trop miser sur cette idée d'élan. C'est quelque chose qui peut disparaître (...) Nous pensons toujours que cette élection sera très serrée». En l'absence de nouveau face-à-face entre MM. Obama et Romney cette semaine, l'attention va se concentrer sur le débat des numéros deux: le vice-président Joe Biden et le colistier de M. Romney, Paul Ryan, se retrouvent aujourd'hui jeudi dans le Kentucky (centre). Le camp Obama a aussi diffusé mardi une publicité tentant de ridiculiser M. Romney, qui avait professé à Denver l'idée de couper les crédits à la chaîne publique PBS. Elle diffuse notamment l'émission enfantine «1, Rue Sésame» dont l'un des héros est l'oiseau géant «Big Bird». M. Romney a estimé mardi que de telles attaques étaient déplacées. «Les temps sont durs, les dossiers sont difficiles. Et donc, je me gratte la tête quand je vois le président parler de la nécessité de sauver Big Bird», a-t-il jugé dans l'Iowa, un autre Etat-clé du centre des Etats-Unis où il effectuait une escale avant l'Ohio. De son côté, la société propriétaire des droits de «Big Bird» a protesté contre l'utilisation politique de son oiseau fétiche, et réclamé que la publicité démocrate soit retirée.