Au lendemain de la performance jugée médiocre de sa première confrontation télévisée, Barack Obama a critiqué jeudi son adversaire républicain Mitt Romney au cours d'une réunion publique qui a rassemblé 12.000 personnes à Denver, l'accusant notamment d'avoir menti pendant le débat. «Quand je suis monté sur scène, j'ai rencontré ce type plein d'entrain qui prétendait être Mitt Romney», a déclaré Obama. «Mais ça ne pouvait pas être lui, car le vrai Mitt Romney a couru à travers le pays durant l'année passée promettant 5.000 milliards de dollars de réductions d'impôts favorisant les riches. Le type qui était sur scène hier a dit ne rien en savoir.» L'air parfois fatigué ou contrarié, le candidat démocrate n'a saisi à aucun moment l'occasion d'attaquer son rival mercredi soir à Denver. Ni sur son bilan à la tête de sa société de capital-investissement Bain Capital, ni sur la «vidéo des 47%» dans laquelle Mitt Romney stigmatisait les 47% d'électeurs assistés qui votent selon lui pour Obama, ni encore sur ses déclarations d'impôts. Alors que deux autres débats sont prévus d'ici l'élection du 6 novembre -les 16 et 22 octobre- les démocrates ont l'intention d'affûter leur stratégie d'ici là, a confirmé jeudi David Axelrod, proche conseiller de Barack Obama. «Nous allons jeter un regard implacable sur cela et nous allons avoir à faire quelques ajustements, comme quelles limites poser à ces débats et comment utiliser notre temps», a-t-il déclaré à la presse, comparant cet exercice à celui réalisé par les entraîneurs sportifs lors de «play-offs». L'un des objectifs de Barack Obama sera d'attaquer Mitt Romney sur les propos modérés qu'il a tenus lors du débat sur son programme fiscal, sur Medicare et sur la réduction du déficit. Selon les analystes, le président sortant est apparu clairement déstabilisé par les nouvelles positions plus au centre de son adversaire. Devant plus de 67 millions de téléspectateurs, le candidat républicain a modéré ses positions, apparaissant même d'accord avec certaines parties du bilan du président démocrate que le Grand Old Party a pourtant l'habitude de critiquer durement. «Nous allons visiblement devoir tenir compte de la malhonnêteté de Mitt Romney», a déclaré le proche conseiller d'Obama, David Plouffe. «Difficile de nous rappeler d'un moment où, en politique américaine, un important candidat à la présidence s'est montré aussi fondamentalement malhonnête sur des points clés de son programme.» Soucieux de ne pas perdre de terrain, Barack Obama s'est exprimé jeudi après-midi à Madison, dans le Wisconsin, devant une foule estimée à 30.000 personnes par son camp. A la traîne dans les sondages, Mitt Romney a recueilli 51% d'opinions positives après sa performance de mercredi, selon un sondage Ipsos/Reuters. Barack Obama restait quant à lui stable, avec 56% d'opinions favorables. Les analystes disent néanmoins toujours privilégier la réélection du candidat démocrate. A un mois de l'élection, ils estiment que Mitt Romney pourrait manquer de temps pour prendre définitivement l'avantage. «Personne ne va changer de camp sur la base de ce débat «, a déclaré Samuel Popkin, professeur de sciences politiques à l'Université de Californie de San Diego. «Nous considérons pour l'instant que c'est une sonnette d'alarme pour le président, qui dispose toujours d'une organisation de campagne largement supérieure et a l'avantage sur la question clé de Medicare», a estimé Greg Valliere, analyste politique au centre recherche Potomac. «Mais l'élection est encore gagnable pour Mitt Romney».