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Les véritables raisons des contre-performances sportives marocaines En marge de la réunion de la commission des secteurs sociaux de la Chambre des représentants avec le mouvement sportif
Le mouvement sportif marocain qui s'était réjouit de la consécration constitutionnelle du droit au sport et de l'obligation faite aux pouvoirs publics de promouvoir la pratique sportive, peut afficher sa «fierté» du fait que le Parlement ait enfin daigné se pencher sur un secteur pourvoyeur d'emplois et d'exploits. En effet, le sport qui est un secteur d'activité contribuant largement au développement du citoyen, n'avait jamais intéressé de près nos parlementaires. C'est pourquoi on est aujourd'hui en droit de les interpeller et avec eux les décideurs publics. Qu'ont-ils fait pour concrétiser des acquis au niveau de la formation, des installations sportives adéquates, de la redynamisation du sport scolaire et universitaire etc?. Les gouvernements marocains peuvent-ils défendre une politique de sport claire, précise, comme le stipule l'article 1er du décret instituant le ministère de la Jeunesse et des Sports ? Quel est l'intérêt accordé par le Parlement marocain au secteur du Sport, en tant que législateur ? Qu'a-t -il fait de concret pour mettre en pratique les Hautes Orientations contenues dans la lettre Royale adressée aux Assises Nationales sur le sport (Skhirat octobre 2008 ) ? La réponse est malheureusement négative. Or, nul n'ignore aujourd'hui que le sport joue un rôle dans l'édification d'une société démocratique d'où l'urgence de rattraper le retard et d'accompagner la dynamique sportive nationale. En tant que levier incontournable du développement et un droit fondamental à l'instar des autres droits notamment l'éducation, le travail et la santé, la pratique sportive au Maroc enregistre des insuffisances au niveau de l'intérêt qui doit lui être accordé de la part des budgets de l'Etat, des collectivités locales et des entreprises nationales. Notre démarche, celle visant à ériger le sport en droit constitutionnel, visait l'échafaudage d'une nouvelle perspective susceptible de garantir à toutes les composantes de la société ses droits fondamentaux (économiques, sociaux et sportifs), à s'associer à la dynamique de mise en oeuvre de la loi suprême et à s'investir dans ce projet crucial pour l'avenir d'un Maroc en mouvement et en harmonie avec les changements bénéfiques et profonds que connaît notre pays . Or, jusqu'à ce jour, tout semble faire croire que le gouvernement, qui est le véritable comptable des politiques suivies, s'acharne contre le sport et les sportifs et inverse les rôles en faisant endosser la responsabilité des résultats aux fédérations et au CNOM, dirigés pourtant par des bénévoles. Pour vérifier cet état de fait, il suffit de jeter un coup d'œil sur le budget alloué à ce département qui ne s'est illustré que par la faiblesse ce qui est considéré comme une punition flagrante (moins de 0,57% du budget général). En diminution constante depuis 2002, le budget de l'Etat dévolu au sport illustre le dédain du gouvernement. Pire encore, cet abandon budgétaire s'accompagne d'un ensemble de mesures structurelles qui ne peuvent conduire qu'à un épilogue fatal : - Fermeture ou transfert forcé des centres sportifs ; - La non dotation de vrais Budgets Opérationnels de Programme Sport dans la préparation des olympiades. - Durcissement des critères d'obtention des subventions excluant nombre de petits clubs ruraux et urbains. - Octroi de subventions rachitiques pour les fédérations sportives . - Absence du mouvement sportif dans le Conseil Économique et Social. - Absence du mouvement sportif dans le CNDH. - Pas de régime de retraite pour les sportifs. Bien entendu, le sport est aujourd'hui érigé en tant que Droit à part entière par notre Constitution (articles 26, 31 et 33 ) à l'instar des autres droits ( enseignement, habitat, santé). Mais aujourd'hui, avec la loi sur le pari en ligne, le gouvernement tente de nous faire croire que le désengagement de l'Etat sera compensé par cette nouvelle manne financière réalisée sur le dos des Marocains pour satisfaire les intérêts de quelques groupes populistes. Tout d'abord, cet apport d'argent ne concernera qu'une partie du sport professionnel dont l'exposition médiatique offre un retour sur investissement directement exploitable et ne bénéficiera qu'à hauteur de 1.8 % au sport amateur. Ensuite, elle ne permettra pas de compenser la perte de plus d'un milliard de dirhams que récolte l'État de la TVA concernant les articles sportifs. Plus, dans le cadre de cette réforme, le gouvernement commence à faire payer les clubs et fédérations des impôts et taxes sachant que les régions et les collectivités piétinent à accompagner les associations sportives. Alors que le sport marocain rassemble 350000 licenciés, qu'il est organisé grâce à des milliers de bénévoles et qu'il réunit plus de 6 millions de spectateurs chaque fin de weekend, le Gouvernement et le Parlement font tout pour priver les Marocains de ce passe-temps, les clubs de leurs bénévoles, les équipes de leurs sportifs en imposant la loi muette sur la mise en application effective du droit sportif. C'est à croire que le Gouvernement et le Parlement n'aiment pas le sport ! Aussi, le collectif des fédérations qui s'était réjouit de voir ses recommandations prises en ligne de compte dans les articles 12 , 26 , 31 et 33 de la constitution qui ont inséré le principe du droit au sport et à l'éducation physique, est plus qu'étonné ! Le sport, secteur pourvoyeur d'emploi et d'exploits, est également générateur de richesses avec des programmes d'investissements lourds et des événements sportifs d'envergure. C'est pourquoi le mouvement sportif rêvait de voir les efforts redoublés afin de permettre la vulgarisation, l'élargissement de la base des pratiquants, la dotation des sportifs des droits sociaux (retraite, assurance notamment). Présentement, et grâce à la nouvelle Constitution qui a reconnu les droits des sportifs, nous devons nous atteler à la création d'une Mutuelle et d'une Caisse de Retraite pour les sportifs, et l'implication de ces derniers, surtout les grands champions, qui ne doivent plus être cantonnés dans le rôle de symboles, dans la gestion de la chose sportive mais aussi de ramener les énergies et potentialités expatriées pour contribuer au développement de ce secteur ainsi que de l'adhésion de l'ensemble des acteurs et des disciplines dans cette démarche. Dans un second stade, il devient plus que nécessaire d'insérer les attentes des sportifs dans l'agenda des préoccupations du Conseil Économique et Social, où le secteur sportif n'est pas représenté. Les dimensions économique et sociale auxquelles aspirait le mouvement sportif, et par ricochet la Jeunesse marocaine, devaient normalement être prises en compte pour les sportifs marocains par tous les décideurs. Or des forces occultes font les mains et les pieds pour anéantir toute cette dynamique et ce rêve au moment où le terme n'est plus à l'attentisme car l'Etat Providence est révolu. Ce sont les Marocains qui en ont décidé ainsi à travers le plébiscite de la nouvelle Constitution. Le Maroc de demain repose sur une vision où l'élément humain est fondamental. Les régions doivent se prendre en charge et les institutions sont à leur service pour y parvenir. Et c'est pour cela que les secteurs jusque-là marginalisés, voire oubliés, devront recouvrir l'égard qui leur revient de facto et de droit. L'exemple est celui du sport jusque-là mésestimé, car mis dans la case d'activité de loisir et de maintien de la forme. De là, il n'a jamais été considéré à sa juste valeur dans les plans de développement régional ou national. Mais le discours Royal du 21 août 2012 allait ouvrir les portes pour le secteur afin de se positionner comme activité essentielle. Ce statut est d'ailleurs reconnu par la nouvelle Constitution qui considère l'activité physique comme étant un droit humain. Mais cette reconnaissance, qui semble-t-il n'a pas eu son droit auprès de ceux qui s'acharnent contre les sportifs marocains, n'aurait été possible sans la mobilisation du mouvement sportif (Fédérations, journalistes sportifs, Comité National Olympique National Marocain, ministère de la Jeunesse et des sports ....) qui ont agi auprès de la Commission Consultative désignée lors du discours royal fondateur du 9 mars 2011. Ces bonnes volontés sont des présidents acteurs sportifs bénévoles, des cadres des secteurs public et privé et des représentants de la société civile. Une grande victoire pour le sport pour lequel la nouvelle Constitution a réservé des dispositions parmi les 180 qui la composent. Mais la constitutionnalisation ne saurait permettre au secteur du sport de jouer pleinement le rôle qui lui est dévolu si les dispositions ne sont pas mises en pratique. Pour cela, le mouvement sportif se demande qui a intérêt à ne pas reconnaître les bienfaits du sport et de l'exclure de la dynamique que connaît notre pays ? Pourquoi ne voudrions-nous pas que le sport crée ce lien social qui nous manque beaucoup ? Pourquoi nous nous acharnons à obtenir des médailles sans les bons fondements ? Ce qui gêne le plus, c'est que l'on veut utiliser le sport uniquement dans sa facette folklorique à l'heure même où la société explose. C'est le sport-remède. On a toujours pensé que le sport allait soigner les maladies des temps modernes... Aujourd'hui, comme la société part en morceaux, on doit faire du sport ce lieu d'intégration. Bref le mouvement sportif qui avait milité pour la constitutionnalisation du sport, a entamé une première consultation avec les fédérations sportives. Un collectif de présidents a tenu une réunion informelle . L'ordre du jour arrêté comportait trois points : d'abord, la représentativité du mouvement sportif dans le Conseil Économique et Social, le Conseil National des droits de l'Homme, la réclamation de l'augmentation du budget alloué par la loi de finances au secteur du sport, et ensuite la discussion des moyens susceptibles d'activer l'application des nouvelles dispositions réglementaires apportées par la nouvelle constitution. Le collectif a considéré à l'unanimité que les 0,57% du budget de l'Etat alloué au secteur au cours de l'année 2011 devront être relevés à un taux à même de permettre à l'activité sportive d'atténuer le gap voire le combler. Ce ne sera pas possible si elle n'est pas appréhendée comme un levier de développement de par son impact sur l'activité économique et sociale. Le collectif demande donc la promulgation des décrets d'application dans les plus brefs délais avec la participation à leur confection et leur traduction en actions concrètes. Pour cela, faudrait-il que les institutions chargées de l'exécution démontrent une certaine volonté à le faire. Constatant la réalité du contexte et la nonchalance qui caractérise le mise en pratiques des disposions réglementaires, le collectif a décidé de prendre le taureau par les corne. Ainsi, a-t-il décidé d'agir auprès des représentants du peuple au niveau des deux chambres du Parlement pour les sensibiliser sur la nécessité de réclamer une augmentation du budget alloué au sport et également d'agir sur le plan régional afin d'inciter les collectivités locales à donner à l'éducation physique et le sport la place qu'elle mérite dans leurs budgets. Une commission composée de présidents de fédérations a été désignée pour approcher les présidents des groupes parlementaires. Ils leur demanderont de militer pour défendre la proposition d'un taux obligatoire de 5% à réserver au sport par les collectivités locales (Conseil de la Région, Conseils municipaux, Communes, Conseils provinciaux). Il s'agit là d'un premier pas que le collectif considère comme urgent avant de réclamer la présence du mouvement sportif dans les différentes institutions représentatives comme le Conseil Économique et Social, le Conseil des Droits de l'Homme. Le collectif a prévenu contre l'exclusion de ce mouvement des institutions consultative qui seront prochainement créées dans le cadre de l'article 13 de la Constitution comme le Conseil Consultatif de l'Enfant et de la Famille ou encore le Conseil Consultatif des Jeunes et du Travail Associatif. Le collectif qui s'associe aux efforts du CNOM, du ministère de la Jeunesse et des Sports, du ministère de l'Intérieur, des médias, se considère donc comme une force de proposition et reste conscient de l'importance cruciale de l'adhésion des autres partenaires, dont le Parlement, pour faire aboutir la mise en pratique de ce droit, bénéficiaire à tout un chacun et à tous. Il y va de l'intérêt de la jeunesse marocaine et de ses perspectives d'avenir.