L'armée israélienne, ici dans le Néguev, multiplie les manoeuvres pour restaurer sa capacité de dissuasion mise à mal par la guerre avec le Hezbollah en 2006. Ici, deux artilleurs lors de la guerre de 2006. Crédits photo : AP/Muheisen Un an après le conflit qui a opposé l'Etat hébreu au Hezbollah, les services de sécurité pressent Ehoud Olmert d'ouvrir des négociations avec Damas. UNE GUERRE avec la Syrie serait « au moins dix fois pire » pour Israël que le conflit qui avait éclaté le 12 juillet 2006, il y a tout juste un an, entre l'Etat hébreu et le Hezbollah. Les services de renseignements militaires israéliens ont lancé cet avertissement à l'occasion de l'anniversaire du conflit, prévenant qu'une telle confrontation pourrait voir le jour si le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, n'engageait pas de sérieuses négociations de paix avec Damas. Depuis que sa force de dissuasion a été mise à mal, l'été dernier, Israël observe la montée des périls l'entourant avec une inquiétude croissante. En attendant une très hypothétique relance du processus de paix israélo-syrien, Tsahal revient donc à ses fondamentaux : préparer la guerre pour avoir la paix. Les renseignements militaires israéliens estiment que la Syrie ne recherche pas la confrontation armée avec Israël de façon imminente. Ils ont cependant observé une augmentation des préparatifs de l'armée syrienne en vue d'un conflit, depuis la guerre du Liban. De son côté, tirant les leçons de son échec au Liban, Tsahal a multiplié les exercices de grande envergure sur le plateau du Golan et à la frontière nord d'Israël, afin d'être préparée à la prochaine guerre. Les renseignements israéliens redoutent qu'un conflit éclate à la suite d'une « erreur de calcul » le long de la frontière, pouvant entraîner des attaques de guérilla contre Tsahal. Celles-ci pourraient alors provoquer une escalade entraînant un conflit régional, impliquant le Hezbollah et un soutien logistique iranien. Pour l'instant, la Syrie a rejeté les offres de reprise du dialogue lancées par Ehoud Olmert. Les négociations avaient été interrompues en janvier 2000, en raison de divergences sur la question du Golan, occupé par Israël depuis 1967. La Syrie, qui a exercé un contrôle sans partage sur le Liban jusqu'en avril 2005, « y fait ce que bon lui semble. Elle permet à l'Iran d'armer le Hezbollah, l'arme massivement elle-même et le remet militairement sur pied », accuse le général Amos Gilad, conseiller auprès du ministre de la Défense, Ehoud Barak. Selon les estimations de Tsahal, le Hezbollah a refait son stock d'armes et disposerait de missiles plus perfectionnés qu'auparavant. Israël a identifié une liste de cibles à frapper en Syrie. Mais si une guerre éclate, Damas a la capacité de frapper Tel Aviv avec des centaines de missiles. Une liste de cibles Ehoud Barak, un ancien chef d'état-major qui vient de prendre ses fonctions à la Défense, s'est donné comme priorité de « rétablir la force de dissuasion » de Tsahal écornée par ses ratés au Liban. « Une armée à deux raisons d'être : faire la guerre ou la préparer », lance le général Gabi Ashkenazi, qui a pris l'hiver dernier la tête de l'état-major. Exercices et formations militaires financés par des fonds d'urgence se sont enchaînés ces derniers mois avec une intensité jamais vue depuis des années. Le gouvernement israélien n'hésite pas à évoquer ouvertement la possibilité d'un conflit avec les forces de Damas ou celles de Téhéran. Selon les estimations israéliennes, Téhéran possédera l'arme nucléaire au plus tôt mi-2009 et au plus tard en 2012, et adoptera, dès lors, une politique plus agressive de soutien aux divers mouvements de « résistance » anti-israéliens. Rendus trop confiants par des succès faciles contre des militants palestiniens souvent mal organisés, mal formés et mal équipés, les soldats israéliens ont souvent perdu de vue les exigences du combat conventionnel. Dangereuse également, l'idée que la supériorité technologique et l'abondance de matériel ultraperfectionné permettraient d'assurer la victoire sans avoir à occuper un vaste territoire avec de l'infanterie et des blindés, selon le schéma d'une guerre classique.