Il est difficile de séparer la manière selon laquelle Israël réagit envers l'initiative arabe adoptée lors du Sommet de Riyad et les profondes répercussions émanant de la deuxième guerre du Liban sur tous les pays de la région et, par là, sur toute solution visant à résoudre pacifiquement le conflit israélo-arabe. Les chefs d'Etat arabes ont tenté à travers cette initiative de paix, d'insister sur la priorité de trouver cette solution, et de replacer ce conflit en tête de leur ordre du jour, à côté du problème de l'occupation de l'Irak. Ils ont ainsi arrangé à nouveau les cartes dans le cadre de l'unité des positions arabes. Ils ont également tenu à contourner la tension avec l'Iran, conséquence de la guerre du Liban. Notamment, après que les batailles et les violentes confrontations entre Hezbollah et l'armée israélienne aient montré l'importance de l'influence de Téhéran au Liban, et sa capacité à menacer réellement l'Etat hébreu. Cette guerre a aussi reflété les menaces iraniennes et non-arabes à l'égard d'Israël, en affirmant que toute agression contre la Syrie sera considérée comme étant une agression contre la République Islamique d'Iran. Ce qui prouve à quel point l'alliance entre ces deux pays est forte et stratégique. De ce fait, Tel-aviv ne pourra pas réagir envers les dernières positions arabes sans prendre en compte les changements significatifs intervenus sur l'avenir de la région après la guerre du Liban. De l'avis des Israéliens, Tel-Aviv ne donne pas trop d'importance à cette unanimité arabe affichée au Sommet de Riyad. Car, d'après ses dirigeants, elle ne reflète pas, en réalité, une alliance profonde et solide entre les Etats présents à cette manifestation. Le gouvernement Olmert considère que le monde arabe n'avait jamais été aussi faible et divisé comme il l'est aujourd'hui. De plus, il manque de leaders capables de lui imposer l'idée de paix ou de guerre. Et que les dernières gestations des Arabes ne sont qu'une tentative, qui vient très en retard, pour faire face à la montée en puissance de l'influence iranienne dans la région. La deuxième guerre du Liban était, d'après les experts militaires israéliens, qualifiée de première guerre israélo-iranienne. D'autant que rien ne pourra contester la réalité selon laquelle Téhéran et Damas sont sorties victorieuses de cette confrontation militaire sur le territoire libanais. Les résultats de cette guerre ne se limitent pas aux dégâts aussi bien sur l'armée israélienne que sur le gouvernement en place. Mais elle a montré qu'il y a des possibilités que le statu quo existant entre la Syrie et Israël depuis plus de trois décennies, assurant le calme et la sécurité à leurs frontières, pourrait soudainement changé. C'est pour cette raison que les Israéliens refusent de déstabiliser le régime syrien qui pourrait mettre fin au calme sur le front du Golan. Les appels du président, Bachar al-Assad, à la reprise des négociations directes après l'arrêt des hostilités en juillet dernier au Liban, étaient une traduction de la victoire réalisée par l'Iran et le Hezbollah. Le rejet officiel israélien de ces appels, a encouragé le chef de l'Etat syrien, à chercher d'autres moyens pour récupérer le Golan. D'où la complexité de la situation. Tout le long de la guerre de juillet, Israël a tenu à adresser des messages d'assurance, aux dirigeants syriens, selon lesquels il affirma que toute attaque contre leur pays est exclue. Ce qui a conforté Damas dans ses positions. De toute manière, les enquêtes menées par les divers services israéliens, concernant les échecs et les revers essuyés, montrent que l'Etat hébreu est sorti affaibli de cette épreuve, notamment face à la Syrie qui est en train de renforcer, au fil des jours, ses capacités militaires, avec l'aide de la Russie. Ce qui laisse constater qu'une prochaine guerre contre Israël est éventuelle. D'autre part, Ehud Olmert a passé, il y a quelques jours, des messages à travers la présidente du Parlement américain qui a visité Damas et rencontré Bachar al-Assad, selon lesquels Israël n'a aucunement l'intention d'attaquer la Syrie. Reste à savoir maintenant si Israël peut donner aux Etats arabes ce qu'il avait refusé à la Syrie qui est sortie victorieuse de la guerre du Liban. Les analystes politiques les plus avisés mettent en doute la volonté déclarée du Premier ministre israélien de participer à un sommet arabe pour discuter de l'initiative de paix.