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Syrie-Israël : Le temps des négociations
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 07 - 06 - 2007

L'éventuelle ouverture de pourparlers entre Ehud Olmert et Bachar al Assad, sur fond de menace nucléaire iranienne, suscite bien des interrogations.
Les sceptiques ou les pessimistes objecteront qu'il s'agit du plus long feuilleton à suspense des deux dernières décennies : la tenue de pourparlers de paix entre la Syrie et Israël. Yitzhak Rabin et Ehud Barak l'ont tenté et ont échoué, notamment en raison de l'intransigeance du Premier ministre Barak, cramponné à la non restitution de quelques centaines de mètres de rivages, le long du lac de Tibériade. L'actuel Premier ministre israélien, Ehud Olmert, on s'en rappelle, a longtemps fait mine de ne rien dire, rien voir ou rien entendre des négociations informelles poursuivies de 2004 à 2007 par un ancien directeur général du ministère des affaires étrangères, le Dr Alon Liel, et par un émissaire syrien, Ibrahim Suleiman, récemment invité à s'exprimer devant les membres de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Parlement israélien (Knesset).
Depuis plusieurs mois, Ehud Olmert ne cesse de menacer d'une riposte foudroyante son voisin syrien, accusé, à intervalles réguliers, de masser des troupes et des blindés à sa frontière avec Israël. Olmert a multiplié ses menaces en dépit des appels à la négociation lancée tant par Bachar al Assad que par son ministre des Affaires étrangères, Walid Moallem.
L'on sait maintenant que ces attitudes étaient en fait de discrets signes adressés par Olmert aux dirigeants syriens. Ceux-ci ont compris l'essentiel du message, à savoir la menace d'un embrasement généralisé de la région, avec l'aide du Hezbollah, et la nécessité d'une paix des braves au plus haut de la crise.
C'est, en tous les cas, le conseil donné par des généraux de l'état-major israélien à leur Premier ministre ainsi que par le chef du Shin Beth (Sécurité intérieure), Yuval Diskin, et par le chef des renseignements militaires, le général Amos Yadlin, moins réservés que le directeur du Mossad, Méir Dagan, hostile à tout geste envers Damas.
Bénéficiant de confidences venant de «sources très bien informées», Nahum Barnea, l'éditorialiste du quotidien populaire Yediot Aharonot, et plusieurs de ses collègues ont expliqué à leurs lecteurs que le gouvernement et Tsahal, l'armée, craignaient une reprise des tirs de missiles du Hezbollah sur la Galilée, voire le centre du pays, ainsi qu'une confrontation avec la Syrie. Certes, la Finul renforcée et l'armée libanaise ont, selon eux, réussi à considérablement gêner les mouvements du Hezbollah au sud Liban, mais ne sont pas parvenues à éradiquer l'ensemble de ses éléments implantés dans les villages bordant la frontière israélienne.
La semaine dernière, le quotidien Haaretz annonçait que Ehud Olmert envisageait de reprendre le dialogue avec Damas, via une tierce partie, sans doute un pays européen. Mieux, Washington affirmait ne plus être radicalement hostile à ces contacts tout en y posant certaines conditions, notamment l'interdiction aux deux parties d'évoquer la situation au Liban.
Pour Ehud Olmert, l'objectif doit s'accompagner de «concessions douloureuses», à savoir, dans ce cas, la restitution du plateau du Golan. Un accord avec la Syrie permettrait de la détacher de Téhéran, voire d'obtenir le départ de Damas de Khaled Mechaal, le chef de la branche extérieure du Hamas, ainsi qu'une diminution de l'aide militaire syrienne au Hezbollah libanais.
Pour Bachar al-Assad, un geste de bonne volonté envers Israël pourrait rétablir sa situation sur la scène internationale, compromise encore plus par la création, sous couvert du Conseil de sécurité de l'ONU, d'un tribunal chargé de juger les assassins présumés de Rafic Hariri qui auraient agi avec l'aide des services secrets syriens. C'est aussi pour le raïs syrien un moyen de faire pression indirectement sur Téhéran dont il apprécie peu la récente volte-face spectaculaire et le rapprochement avec l'Égypte, un rapprochement qui permet au Caire de prétendre prendre la tête du camp sunnite, occupée aujourd'hui par l'Arabie saoudite.
Reste qu'entre la volonté de négocier et la conclusion d'un accord, il y a une différence de taille. La Syrie pourra-t-elle obtenir d'Ehud Olmert ce que ne lui a pas concédé Ehud Barak ?
De surcroît, toute initiative est pour l'instant suspendue au discours que George W.Bush doit prononcer le 24 juin, cinquième anniversaire de son allocution prônant la création d'un Etat palestinien comme solution au conflit israélo-palestinien. Mais, pour George W.Bush, la Syrie appartient encore à «l'axe du Mal», même si les émissaires américains ont entamé, sans succès, des discussions avec des diplomates iraniens et syriens.


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