Ce sont les violences intercommunautaires et confessionnelles les plus graves depuis l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement civil en 2011. Elles opposent, dans l'Etat Rakhine, à l'ouest du pays, la majorité bouddhiste, officiellement 89% de la population, à la minorité musulmane (4%) et l'ethnie des Rohingya. Depuis vendredi, au moins trente-cinq personnes seraient mortes, plusieurs centaines, selon des activistes. Un bilan partiel puisque les informations proviennent surtout des médias officiels. A l'origine de ces violences, le lynchage de dix musulmans, le 3 juin dernier, par une foule de bouddhistes qui voulaient venger le viol d'une jeune femme. Quatre bouddhistes auraient ensuite été tués, en représailles. Malgré l'état d'urgence décrété dimanche par le gouvernement, les violences se poursuivaient mardi. Selon les rares journalistes sur place, des tirs résonnaient dans la capitale de l'Etat, Sittwe, sans que l'on sache ce qu'il s'y passait exactement. Des centaines de Rohingyas tentaient de gagner le Bangladesh voisin, déjà peuplé de 300.000 réfugiés de cette ethnie, mais étaient repoussés par les autorités du pays. Les Nations unies ont commencé l'évacuation de leur personnel international. L'inquiétude est grande à Washington et Bruxelles, ainsi que du côté des associations de défense des droits de l'homme. Depuis la France, Célestine Foucher, porte-parole d'Info Birmanie, appelle «toutes les parties à agir avec retenue et les autorités à ouvrir des discussions. Il faut que le gouvernement birman mette fin à la discrimination contre les 800.000 Rohingyas du pays. Ce sont des apatrides, qui ne font pas partie des minorités ethniques reconnues par le pouvoir.» Les Rohingyas sont de fait considérés par l'ONU comme l'une des minorités les plus persécutées de la planète.