Le Koweït a décidé de déporter des « Bidoun » (apatrides)qui ont participé à des manifestations pour réclamer leur naturalisation, rapporte mardi la presse locale. Samedi, la police koweïtienne avait dispersé à coups de matraques et de gaz lacrymogènes des manifestations de centaines d'apatrides réclamant leur naturalisation. Selon les journaux, les autorités envisagent de déporter des « Bidoun » (apatrides) qui ont participé à des manifestations, de même qu'elles ont décidé également de licencier les apatrides faisant partie de la police et de l'armée qui auraient pris part aux manifestations, et les priver des petites habitations de fonction que leur fournit le gouvernement. Le gouvernement a en outre décidé de retirer à ces apatrides leurs cartes d'identité, seuls papiers que possèdent ces Bidoun (sans nationalité), et d'annuler leurs demandes de naturalisation. Encouragés par le Printemps arabe, les Bidoun, estimés à quelque 105.000, manifestent régulièrement depuis plusieurs semaines pour réclamer leur naturalisation. La police koweïtienne avait dispersé vendredi et samedi derniers à coups de matraques et de gaz lacrymogène des manifestations de centaines d'apatrides. Une centaine de manifestants avaient été arrêtés ce week-end, venant s'ajouter à 52 autres déjà déférés en justice et 32 en état d'arrestation. La police anti-émeute a poursuivi les manifestants dans les rues et procédé à des dizaines d'arrestations, selon des témoins. Le chef du Comité des bidounes (apatrides) koweïtiens, Ahmed al-Tamimo, a affirmé lors d'une conférence de presse que la police anti-émeute avait cerné les deux villes et utilisé des chiens pour pourchasser les manifestants. "Bidoun" de père en fils Les rassemblements se poursuivaient dans la soirée, après l'arrestation d'une centaine de manifestants dans la journée, a-t-il ajouté, en demandant au Premier ministre d'intervenir pour faire cesser la répression. Selon Nawaf al-Bader, un autre responsable de ce comité, des dizaines de personnes ont été blessées, mais beaucoup d'entre elles ne sont pas allées se faire soigner à l'hôpital de peur d'être arrêtées. La police koweïtienne a de nouveau dispersé samedi à coups de matraques et de gaz lacrymogènes des manifestations de centaines d'apatrides réclamant leur naturalisation, a-t-on appris auprès de témoins et de militants des droits de l'Homme. Les manifestants se sont rassemblés dans l'après-midi à Jahra, au nord-ouest de la capitale, et à Soulaibiya, à l'ouest de la capitale, les deux villes où résident la plupart des 105.000 apatrides du Koweït, pour dénoncer les violences lors d'une manifestation similaire vendredi à Jahra. L'Association koweïtienne des droits de l'Homme a affirmé que trois de ses équipes d'observateurs sur les manifestations avaient été arrêtées, et que seule l'une d'elles avait été libérée. Des médias locaux ont aussi annoncé que plusieurs journalistes avaient été passés à tabac samedi par la police. Les Bidoun affirment être sans nationalité parce que leurs ancêtres ne se sont pas fait enregistrer lors d'un recensement il y a une cinquantaine d'années. Le gouvernement estime qu'environ 34.000 apatrides sont susceptibles d'être naturalisés. Mais il juge que les 71.000 autres, ou pour certains leurs parents, cachent ou ont détruit les documents prouvant leur véritable nationalité afin d'avoir accès aux avantages que le Koweït accorde à ses citoyens grâce aux revenus pétroliers. Selon des statistiques officielles publiées par le quotidien al-Watan mardi, quelque 43.000 d'entre eux seraient Irakiens, 16.400 Saoudiens et le reste des Syriens, des Jordaniens, des Iraniens et d'autres nationalités.