L'émotion et l'indignation étaient très palpables mercredi après-midi parmi la foule rassemblée devant le tribunal de Première Instance de Mohammedia, pour dénoncer le crime innommable qui a coûté la vie à Meryem, une fillette de huit ans. Les participants à ce rassemblement réunis à l'appel de plusieurs associations, ont exprimé leur indignation et le chagrin de toute une ville toujours en deuil après la découverte macabre, samedi dernier, dans un terrain vague du corps mutilé de la petite Meryem. Enlevée le 30 avril denier près de son école, elle a été séquestrée, violée et tuée avant d'être mutilée et découpée en plusieurs morceaux par son bourreau qui tient un petit commerce devant l'école. Visiblement atteinte et toujours sous le choc, la famille de la victime a rejoint les manifestants à l'issue d'une marche regroupant une centaine de personnes parmi les voisins lancée depuis leur quartier de résidence à Errachidia 3 (El Alia) jusqu'au lieu du rendez-vous devant le tribunal de première instance où le nombre total a atteint, selon les organisateurs, près de 500 personnes parmi lesquelles de nombreux enfants et camarades de classe de la victime. Dans le sit-in qui a duré à peu près deux heures, les manifestants ont scandé des slogans pour exprimer leur indignation et exiger plus de sécurité dans la ville des roses qui connaît ces derniers temps une recrudescence d'actes criminels. Des slogans forts et émouvants comme «Tous pour la disparue Meryem», «Honte, l'enfance est en danger», «il faut militer encore et toujours contrer l'harcèlement et le viol» ou encore «pour la justice et la dignité». Très atteints et en émoi suite à ce crime ignoble, les manifestants ont appelé à l'application de la peine maximale allant jusqu'à demander la peine de mort à l'encontre du présumé coupable qui a été arrêté peu de temps après la découverte du corps de la victime, dans la soirée de samedi dernier. Dans une déclaration à la Map, Mme Hakima Ouakkas, membre de la Fédération de la ligue marocaine des droits de la femme, a affirmé que cette manifestation est non seulement une démonstration de solidarité avec la famille de la victime, mais aussi et surtout une manière d'alerter les autorités locales sur l'urgence de s'attaquer de front à la criminalité. Elle a aussi appelé à la mutualisation des efforts pour consacrer les vertus de la non violence et cultiver chez les enfants le reflexe de la vigilance pour ne pas tomber aux mains des pervers. Une sensibilisation à laquelle devront être associés les parents, les professeurs d'école, les associations et les médias. Et pour ne pas prendre à la légère les cas d'enlèvement, Mme Ouakkas qui est assistante juridique au sein de la section locale de la ligue, propose de suivre l'exemple de la France qui a mis en place en février 2006 le dispositif Alerte-enlèvement inspiré du modèle Amber aux Etats-Unis et au Canada, lequel s'est avéré efficace dans la résolution heureuse de plusieurs cas d'enlèvement survenus dans l'Hexagone, grâce à une diffusion massive d'un message d'alerte, notamment dans les télévisions, les radios, les gares et les aéroports et tout au long des autoroutes. En attendant, il semble que les réseaux sociaux ont été très utilisés lors de cette dramatique affaire d'autant que le recours à ce support a permis tout récemment de retrouver très vite une jeune fille de treize ans enlevée samedi dernier devant un établissement scolaire privé situé au Boulevard Hassan II. Cette manifestation d'indignation et de solidarité avec la famille de la victime est la deuxième après une marche spontanée organisée samedi soir par les habitants du quartier Errachidia 3 peu après la découverte par le chien d'un chiffonnier du corps de la petite Meryem découpé et mis en morceaux dans des sacs en plastique. Ce sit-in qui s'est déroulé sans incident, a connu la participation de plusieurs associations, notamment la Fédération de la ligue marocaine des droits de la femme, l'association «Espace libre», la marche des femmes libres, l'association «Mouassat» pour les veuves, l'association Rahma pour la promotion de la femme, l'Association marocaine des droits de l'homme ou encore l'association «Mains blanches».