Encore une fois, la réputation du football national est gravement souillée. Le Classico entre le Wydad de Casablanca et l'Association Sportive des FAR a été le théâtre de douloureux incidents provoqués par de jeunes adolescents, des mineurs désœuvrés qui étaient dans un état second et qui saccageaient tout ce qui se trouvait devant eux en provoquant et en s'attaquant aux forces de l'ordre, causant plusieurs blessés dans leurs rangs. Le spectacle était désolant. Le terrain était jonché de pierres et de sièges arrachés par ces jeunes sous l'effet des barbituriques. Pourquoi de tels événements qui ont tendance à se multiplier et qui portent préjudice au sport marocain, en général, et au football national, en particulier, à un moment où notre pays s'apprête à organiser des compétitions internationales et où des clubs marocains réalisent de grandes performances à l'échelle africaine ? Ce gâchis désolant se traduit par des centaines de milliers de dirhams qui partent en fumée. C'est l'argent du peuple, ce sont ces impôts et taxes que paie le contribuable, riche ou pauvre. Les images transmises par la télévision à travers le monde reflètent l'ampleur des dégâts occasionnés aux infrastructures sportives pour la réalisation desquelles notre peuple a consenti d'énormes sacrifices. La question que l'on se pose est de savoir pourquoi cette hystérie collective ? S'agit-il d'un simple défoulement ou de la traduction d'une haine sociale et d'une fracture née de plusieurs frustrations socio-économiques ? En réalité, plusieurs facteurs peuvent expliquer un tel comportement incontrôlé allant de la simple imitation de scènes vues à travers la télévision, à la faillite de la famille en tant que berceau de l'éducation et de la formation de jeunes aptes à servir leur pays et à donner l'exemple de la bonne conduite. La famille a tout simplement démissionné et n'accomplit guère sa mission, comme c'est le cas d'ailleurs pour l'école incapable d'inculquer aux jeunes générations les principes de citoyenneté. Le plus souvent, ces jeunes sans repères ne retiennent que les droits garantis par la Constitution et oublient l'aspect fondamental de la citoyenneté : les devoirs. Mal encadrés, livrés à eux-mêmes, ces jeunes tombent facilement dans le piège des réseaux mafieux de la drogue et deviennent dépendants d'eux pour leur dose quotidienne. Les pouvoirs publics doivent s'attaquer à ces réseaux qui multiplient leurs ramifications dans les établissements scolaires et dans les quartiers où sévissent la pauvreté et la précarité. Il faut démanteler ces réseaux à la source, notamment en luttant contre les trafics auxquels se livrent certaines personnes avides de gains illicites et qui ne se soucient guère de l'intérêt général et du sort des jeunes générations qu'elles exploitent. Certains milieux suggèrent tout simplement que l'on interdise l'accès aux stades à ces jeunes adolescents, mais une telle décision sans distinction portera préjudice aux jeunes qui ont l'esprit sportif et qui soutiennent de façon civilisée leur club favori. Les fauteurs de troubles doivent être fichés et empêchés de se livrer à des actes qui perturbent le déroulement normal des compétitions sportives et poussent des spectateurs à rester chez eux au lieu de soutenir leurs clubs qui ont vivement besoin des recettes des matches pour faire face aux exigences du cahier des charges du système du professionnalisme. Nous espérons que toutes les composantes de la société conjuguent leurs efforts pour mettre fin à ces actes de vandalisme et pour redonner à notre sport toute sa noblesse et son éclat.