Macky Sall a remporté dimanche 25 mars l'élection présidentielle au Sénégal en battant au second tour son rival Abdoulaye Wade, mettant fin à douze ans de pouvoir pour le président sortant qui a reconnu sa défaite et appelé son adversaire pour le féliciter. Une « preuve de la maturité du peuple sénégalais et de la classe politique du pays » affirme la Commission électorale nationale autonome. Avant même la publication des résultats officiels, le président sénégalais Abdoulaye Wade, qui aspirait à une troisième investiture, a admis dimanche sa défaite au soir du second tour de l'élection présidentielle et a félicité par téléphone son adversaire, Macky Sall. «Le grand vainqueur reste le peuple sénégalais», s'est réjoui l'ancien Premier ministre de Wade qui s'apprête à devenir, à cinquante ans, le quatrième président du Sénégal depuis l'indépendance. «Nous avons montré au monde que notre démocratie est mature. Je serai le président de tous les Sénégalais», a-t-il promis. Dans Dakar, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour laisser éclater leur joie tandis que les tout premiers résultats du scrutin donnaient le président sortant très en retard sur son rival. Les résultats complets du scrutin ne sont pas attendus avant ce lundi, voire mardi. Mais les premiers résultats connus à Dakar semblent sans appel: au Point E, quartier huppé de la capitale où Abdoulaye Wade vote, Macky Sall aurait obtenu 417 voix contre 120 seulement pour le président sortant. «Ce jour est un grand jour pour le Sénégal», a réagi Arona Ndoffene Diouf, un des conseillers de Macky Sall. Dans le camp d'Abdoulaye Wade, Amadou Sall, porte-parole de campagne, a déclaré à Reuters que «c'est le pays tout entier qui l'a emporté». «C'est un grand moment pour la démocratie et le président Abdoulaye Wade a respecté la voix du peuple», a-t-il ajouté. Nicolas Sarkozy a salué «une très bonne nouvelle pour l'Afrique en général et le Sénégal en particulier». «Le Sénégal est un pays considérable d'Afrique qui a été un modèle de démocratie et que les choses se passent aussi dignement, il faut que (le président sortant) Abdoulaye Wade en soit félicité et Macky Sall aussi», a déclaré le président français sur France Info. L'élection présidentielle au Sénégal constituait un test supplémentaire sur l'état de la démocratie en Afrique, et pouvait freiner ou au contraire accentuer ce que les observateurs ont qualifié de «récession démocratique», notamment après la présidentielle en Côte d'Ivoire qui a débouché sur une guerre civile l'année dernière. Le 26 février, Abdoulaye Wade était arrivé en tête du premier tour avec 34,8% des suffrages, devant Macky Sall, crédité lui de 26,6%. Mais dans l'entre-deux tours, Sall a su rallier autour de lui l'ensemble des candidats éliminés au premier tour et obtenu le soutien du chanteur Youssou N'Dour, écarté du scrutin par le Conseil constitutionnel. Cette alliance anti-Wade avait fait naître pour une partie de l'opinion sénégalaise l'idée que le président sortant ne pouvait pas remporter le second tour.