Les quatorze rivaux du chef de l'État sortant crient à la fraude après l'élection présidentielle qui a eu lieu dimanche. LE PRÉSIDENT sortant, Abdoulaye Wade, semble sur le point de réussir son pari. Le chef de l'État sénégalais, qui se présentait dimanche à sa propre succession, serait largement en tête du scrutin. Selon les premières estimations diffusées hier matin, le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) obtiendrait même une confortable majorité absolue. « Nous sommes en tête, de manière irréversible », affirmait, hier, Macky Fall, le directeur de campagne d'Abdoulaye Wade. Dans l'attente d'une confirmation des chiffres, qui tardaient à venir hier soir, le triomphe annoncé de « Gorgui », le Vieux, n'est qu'une demi-surprise. Ces derniers jours, les analystes avaient prédit un combat serré pour le président sortant, que l'on disait usé par le pouvoir ; sa popularité en berne. Mais, dans les banlieues pauvres de Dakar, minées par le chômage, Abdoulaye Wade s'est assuré des scores aux allures de plébiscite. Le fort taux de participation et l'importance numérique de la jeunesse, qui forme la majorité des quelque cinq millions d'électeurs sénégalais, auraient, une fois encore, porté vers le succès le président octogénaire. La véritable surprise est venue de l'effondrement des prétendants. Le vieux Parti socialiste, au pouvoir pendant quarante ans, de l'indépendance à l'an 2000, peinerait à atteindre la barre des 20 % des suffrages exprimés. Idrissa Seck, le dauphin déchu de Wade, ne ferait guère mieux. Hier, la presse sénégalaise fustigeait les représentants de l'opposition, leur reprochant un « manque de charisme » et leur surdité « aux vrais problèmes des Sénégalais ». Militants assommés La grande bâtisse du PS était, hier, silencieuse, les rares militants paraissaient comme assommés. « Nous attendons les résultats officiels. Le clan de Wade bluf fe », assurait Khalifa Sall, le directeur de campagne, accusant du bout des lèvres « le pouvoir » de fraudes. À la Commission électorale nationale (Cena), on se gardait hier de tout commentaire. « Nous n'avons reçu aucun rapport qui soulignerait de graves irrégularités lors du vote, relevait cependant l'un de ses membres. Il n'y a que la distribution des cartes électorales qui semble avoir connu des ratés. » « Il n'y a plus rien qui ne puisse empêcher Wade de gagner », observait hier soir Babacar Touré, le directeur du groupe médiatique Sud Média. Hier, la capitale sénégalaise était déjà retournée à ses habitudes. Comme