L'opposant sénégalais Macky Sall a remporté la présidentielle du dimanche face à son mentor Abdoulaye Wade. Il devient ainsi le quatrième président du Sénégal. Le suspense n'aura pas été d'une longue durée puisque juste après la fermeture des bureaux de vote, les premières tendances étaient largement en faveur de Macky Sall. Le président sénégalais sortant Abdoulaye Wade n'a pas non plus tardé à reconnaître sa défaite dans la soirée, confirmant ainsi la maturité de la démocratie sénégalaise. « Les choses se précisent. Tu vas gagner. Je te félicite », a déclaré Abdoulaye Wade à son challenger. Le quartier général de la coalition Macky2012 à Dakar a été pris d'assaut par de milliers de personnes venues manifester leur joie. Gaieté et soulagement se lisaient sur tous les visages. Un peu partout sur le territoire national, de nombreuses manifestations de liesse des populations ont été signalées. « C'est le peuple sénégalais qui est vainqueur. Je serai le président de tous les Sénégalais », a pour sa part déclaré Macky Sall. Il a promis de redresser l'économie du Sénégal. Les différentes missions d'observation dépêchées dans le pays ont également été satisfaites du bon déroulement du processus électoral. « Les Sénégalais ont démontré, par leur attitude au second tour de l'élection présidentielle, qu'ils n'ont pas de leçon de démocratie à recevoir de personne. Cela confirme ce qui s'est passé au premier tour et conforte l'idée que le Sénégal est une démocratie mature », a déclaré le chef de la Mission d'observation de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le Togolais Koffi Sama. Macky Sall, 51 ans, ancien Premier ministre d'Abdoulaye Wade et ex-président du Parlement sénégalais, connaît très bien les défis qui l'attendent désormais. « L'ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite exprime l'immensité des attentes des populations. J'en prends toute la mesure. Ensemble nous allons rapidement nous atteler au travail de redressement attendu par chacun et attendu de chacun », a assuré Macky Sall, lors de sa première déclaration, lue devant la presse tard dans la nuit du dimanche à lundi. Triomphe de la démocratie Dimanche soir, le QG de la coalition Macky2012 à Dakar a été envahi par des milliers de personnes venues manifester leur joie. Le Sénégal, depuis son indépendance, a toujours été un pays exemplaire en terme de démocratie. Léopold Sédar Senghor, premier président du pays a introduit le multipartisme, certes limité, mais réel, comme il fut l'auteur d'un système éducatif exemplaire sur le continent. Abandonnant son mandat, là où d'autres s'accrochaient souvent au prix du sang et du déni des intérêts de leur propre pays, Senghor a été la preuve que l'on peut être africain, président et démocrate. Son successeur, Abdou Diouf, continua sur sa lancée en renforçant la place de la démocratie, en libéralisant l'économie et en mettant en place les outils de la décentralisation. Reconnaissant sa défaite en mars 2000, il ne tenta ni coup d'Etat ni putsh. Puis vint Abdoulaye Wade, perçu comme le rédempteur libéral face à une situation fragilisée par les difficultés économiques, candidat sous le slogan « Sopi » (« changement » en wolof), il casse l'hégémonie socialiste au Sénégal. Confortablement réélu en 2007, il tire bénéfice de sa politique volontariste qui s'est illustrée par le quadruplement du budget de l'éducation et l'accent sur les infrastructures ainsi que sur la santé. La fin de sa présidence, marquée par des dérives multiples, sur le plan constitutionnel ou de la justice avec l'émergence d'une forte corruption, a laissé voir une volonté de s'incruster au pouvoir par n'importe quel moyen. Le premier tour de l'élection a été entaché de quelques violences, mais aussi par la mise à l'écart de Youssou N'dour. Le suspense vient de prendre fin avec la reconnaissance de la victoire du nouveau président Macky Sall, trois heures et demie après la fermeture des bureaux de vote. Cette décision de ne pas contester le résultat de l'expression populaire, est aussi une singularité sénégalaise qui évitera au pays de plonger dans le chaos et qu'il faut saluer. L'an prochain, la fondation Mo Ibrahim pourra compter parmi ses candidats un certain Abdoulaye Wade, qui aura finalement joué le jeu de la démocratie.