L'Espagnol Alberto Contador, reconnu coupable de dopage, a perdu le Tour de France 2010 et d'ores et déjà le Tour 2012 après la sanction prononcée lundi par le Tribunal arbitral du sport (TAS) qui l'a suspendu pour deux ans. Contador ne pourra pas reprendre la compétition avant le 6 août 2012, soit bien après la fin de la Grande Boucle (30 juin au 22 juillet) qui était son principal objectif de l'année. Le TAS, qui a appliqué le règlement dans toute sa sévérité, n'a pas suivi le coureur espagnol qui plaidait la contamination alimentaire pour expliquer les traces infinitésimales de clenbutérol dans ses urines datant de son contrôle antidopage du 21 juillet 2010, lors de la journée de repos du Tour. En conséquence, Contador perd le bénéfice de sa victoire dans une course que le Luxembourgeois Andy Schleck avait terminée à la deuxième place. Il reste à l'Union cycliste internationale (UCI) à officialiser le changement de palmarès. L'Espagnol voit également ses succès de la saison 2011 annulés par la décision du TAS. Principalement, le Giro qu'il avait archi-dominé en mai dernier avant de peiner dans le Tour (5e). Un supplément alimentaire contaminé A 29 ans, Contador subit un coup d'arrêt, sans doute provisoire puisqu'il pourra participer en fin de saison à la Vuelta. Son palmarès surtout est entaché par la décision du TAS qui l'a déclaré "coupable d'une infraction de dopage". Pour rendre leur verdict, les trois juges de la formation présidée par l'avocat israélien Efraim Barack ont opté pour l'hypothèse d'un supplément alimentaire contaminé expliquant la présence de clenbutérol dans l'organisme du coureur, plutôt que pour une transfusion sanguine ou l'ingestion d'une viande contaminée. La décision est susceptible d'appel dans les 30 jours devant le Tribunal fédéral suisse. Mais, cet appel n'étant pas suspensif, Contador doit dès maintenant renoncer à son programme qui passait à la mi-février par le Tour d'Algarve au Portugal. Autre mauvaise nouvelle pour le coureur de Pinto, la localité de la banlieue de Madrid où il réside, il encourt une grosse amende. Le TAS doit encore se prononcer sur les 2,485 millions d'euros -le montant est basé sur le salaire déclaré- demandés par l'UCI. Coup de tonnerre Le coup de tonnerre provoqué par le jugement retentit d'autant plus que Contador avait été acquitté en première instance, en février dernier, par sa fédération. L'UCI et l'AMA (Agence mondiale antidopage) avaient fait appel de devant le TAS qui a dû venir à bout d'un dossier de plus de 4000 pages. En qualifiant la décision d'"équitable", l'AMA a souligné "l'ingérence politique" dans le processus de première instance qui a "inévitablement mené à l'appel". "C'est une journée triste pour notre sport", a estimé pour sa part le président de l'UCI, Pat McQuaid, en évoquant "l'aboutissement d'une longue affaire, extrêmement douloureuse pour le cyclisme". "C'est une nouvelle fois le cyclisme qui trinque. Je suis dégoûté. C'est une punition excessive", a commenté Eddy Merckx, la légende belge du cyclisme à l'unisson avec l'indignation espagnole. Dans le peloton, Andy Schleck s'est dit "triste pour Alberto". "J'ai toujours cru en son innocence", a ajouté le Luxembourgeois. "Si je suis déclaré maintenant vainqueur du Tour de France 2010, cela ne me rendra pas heureux". "Du point de vue humain, ça me désole beaucoup pour Alberto", a renchéri l'Italien Michele Scarponi, le dauphin de Contador dans le Giro 2011. Le Tour de France, par la voix de son directeur Christian Prudhomme, a surtout évoqué "la très longue, trop longue attente", tout en saluant "l'opiniâtreté des instances qui ont fait appel". Quant à l'équipe de Contador, Saxo Bank, elle a annoncé être dans un processus d'étude pour "mieux comprendre la décision". Jusqu'à mardi (19h30), date prévue de la conférence de presse que doivent tenir à Pinto Contador et son patron, Bjarne Riis.