Il est bien entendu inévitable que tout changement historique suscite crainte, supputation et exagération, le cas de figure est ce que l'on appelle communément le « Printemps Arabe ». Pour autant, s'il ya changement, cela n'induit aucunement un bouleversement des données économiques et financières qui sont des invariants d'un réel incontournable pour tout gouvernant ou aspirant à l'être. La politique se définit par la gestion du réel et ce réel en ce qui concerne le Maroc a pour nom : investissements étrangers, qui sont des éléments déterminants pour toute croissance, l'axe majeur pour toute véritable stratégie de long terme. Les investissements étrangers ont contribué significativement à l'investissement global de la nation. En effet, si nous prenons la décennie 1990 - 2000, en moyenne annuelle, le taux des Investissements Directs Etrangers (IDE), qui était de 5% au début des années 1990, est passé entre 1996 et 2002 à 14%. Ce processus s'inscrit dans une ouverture historique aux capitaux internationaux relevant de l'ouverture économique du début des années 1990. Cette politique bénéficie d'un large consensus entre les partis politiques. On peut parler en l'occurrence d'un pacte majoritaire dépassant les clivages partisans. Tous les partis représentés au parlement non seulement ne remettent pas en cause la libéralisation de l'économie et la politique d'appel aux investissements, mais à l'occasion des élections législatives du 25 novembre 2011, soulignent le nécessaire approfondissement de cette stratégie de développement économique. Ceci afin de permettre au Maroc de renforcer sa démarche de compétitivité dans le cadre de la globalisation. Ce cadre politique est déterminant non seulement pour SM le Roi Mohammed VI mais tout autant pour le pouvoir exécutif dans son ensemble. Les différents responsables du parti vainqueur, le Parti de la Justice et du Développement soulignent à l'envie la volonté de continuer à œuvrer pour lever certaines contraintes structurelles pesant sur la rentabilité des IDE au Maroc. Au-delà même du contexte législatif et économique, il est important de souligner qu'au travers des élections ayant eu lieu suite aux révoltes dans certaines régions du monde arabe, se formalise peu à peu une nouvelle doctrine de la stabilité pour le monde arabe ; une nouvelle doctrine appuyée non seulement par les Etats Unis, l'Europe mais aussi et surtout par la Ligue des Etats Arabes et les peuples eux-mêmes. L'ancien cadre de la stabilité supposait en effet le refus explicite de toute consultation authentiquement démocratique, le rejet de tout suffrage universel transparent, la reconduction sous différentes formes données d'un unique parti de gouvernement dont la seule légitimité reposait sur l'onction du suffrage censitaire des votes des gouvernants eux-mêmes. L'économie étant la variable d'ajustement d'une classe sociale de privilégiés. Ce cadre a conduit les régimes syriens et libyens au massacre de leurs populations et au travestissement de la notion même de peuple réduit à un espace militarisé sous oppression. Cette lecture de la Gouvernance et de la stabilité comme enfermement des peuples semble définitivement enterrée. En terme géopolitique, les réformes constitutionnelles initiées par SM le Roi Mohammed VI et les convulsions suscitées par les révoltes arabes ont profondément remis en question l'ordre politique des choses. Ainsi à l'occasion des dernières élections législatives marocaines, celles du 25 novembre 2011, leur transparence, la prise en compte réelle du choix des électeurs, permettent de définir par l'exemplarité une nouvelle définition de la stabilité qui fait du peuple l'acteur agissant et non plus l'objet subissant. Des élections légitimes renforcent le poids d'un pays, et dotent sa politique d'une crédibilité liée à l'assise nationale et populaire d'institutions reconnues parce que représentatives de l'ensemble de la nation. A cette aune, le consensus politique et institutionnel des élites au sein du gouvernement et de l'opposition est l'autre donnée de cette nouvelle définition de la stabilité, le développement d'une nation reposant d'abord sur le degré de consensus de politique économique permettant un dialogue national et l'identification des enjeux futurs. Le développement économique se situe non plus comme une donnée abstraite mais comme une nécessité existentielle pour la nation marocaine dans toutes ses composantes. C'est ce changement fondamental de la définition même de la stabilité qu'ont traduite les élections législatives du 25 novembre 2011, l'économie au service des individus et non les individus au service de l'économie. * Le Centre d'Etudes Internationales (CEI) est un groupe de réflexion et d'analyse basé à Rabat. Acteur actif du débat afférent à la conflictualité saharienne et à certaines thématiques nationales fondamentales, le CEI a publié, en 2010, auprès des éditions Karthala, un ouvrage collectif intitulé : « Une décennie de réformes au Maroc (1999-2009) ». En janvier 2011, le CEI a rendu public, auprès du même éditeur, un second ouvrage titré, « Maroc-Algérie : Analyses croisées d'un voisinage hostile ». Il vient également de faire paraître, auprès des éditions précitées, un ouvrage portant sur « Le différend saharien devant l'Organisation des Nations Unies ». Outre ses revues, libellées, « Etudes Stratégiques sur le Sahara » et « La Lettre du Sud Marocain », le CEI compte à son actif plusieurs supports électroniques dont, “http://www.arsom.org”www.arsom.org,”http://www.saharadumaroc.net”www.saharadumaroc.net, “http://www.polisario.eu”www.polisario.eu et www.ibn-khaldoun.com. ______________________ Enseignant chercheur en sociologie politique à la faculté d'El Jadida Conseiller auprès du Centre d'Etudes Internationales*