Au moins 12 personnes ont été tuées lors de violences dans le port de Lattaquieh, selon le gouvernement syrien. Des unités de l'armée syrienne se sont déployées dans des secteurs clés de la ville portuaire de Lattaquieh secouée par des heurts et manifestations, a-t-on appris dimanche auprès de témoins et d'activistes syriens. Manifestants et gouvernement se sont mutuellement accusés de violences. Selon des militants réformistes en exil à l'étranger, les forces de sécurité syriennes auraient tué six personnes en deux jours de manifestations antigouvernementales dans la ville portuaire de Lattaquié. Les informations en provenance de Lattaquié, important port stratégique du nord-ouest du pays, laissent penser cependant que les troubles, partis de Deraa dans le Sud, se propagent désormais à travers le pays. Des manifestations ont eu lieu vendredi en outre à Damas ou Hama. Des informations ont fait état de plus de 20 morts dans les manifestations vendredi, surtout dans le Sud, et selon des médecins, des dizaines de personnes ont été tuées au cours de la semaine écoulée dans la seule ville de Deraa, proche de la frontière avec la Jordanie. Boussaïna Chaaban, proche collaborateur du président Assad, a déclaré à l'agence de presse officielle syrienne que le pays était "la cible d'un plan visant à semer la discorde entre les communautés afin de venir à bout du modèle unique de coexistence en Syrie". L'agence de presse officielle, qui cite une source gouvernementale, écrit que les forces de sécurité n'ont pas ouvert le feu sur les manifestants de Lattaquié mais qu'un groupe armé a tiré à partir des toits sur des civils et des agents, faisant cinq morts depuis vendredi. A Damas et dans d'autres villes, des milliers de partisans d'Assad ont défilé ou ont circulé en voiture en brandissant des drapeaux, pour clamer leur fidélité au parti Baas. Le président Assad s'est engagé jeudi à envisager d'accorder davantage de libertés et de lever l'état d'urgence imposé en 1963 à l'arrivée du parti Baas au pouvoir. Ses annonces n'ont pour l'instant pas calmé la rue syrienne. Deraa est un bastion de la majorité sunnite du pays, qui dénonce le pouvoir et les richesses accumulées par une élite issue de la communauté minoritaire alaouite, issue du chiisme, à laquelle appartient le clan Assad. Samedi, des locaux du parti Baas et un commissariat ont été incendiés à Tafas, près de Deraa, selon des habitants. Des milliers de personnes se sont rassemblées dans cette localité aux cris de "liberté !" pour les obsèques d'un manifestant tué la veille. A Deraa même, des centaines de contestataires se sont retrouvés sur la place centrale, a rapporté un témoin. Trois jeunes gens se sont hissés sur les restes de la statue de l'ex-président Hafez al Assad déboulonnée et incendiée la veille, en brandissant des pancartes portant le slogan: "Le peuple veut la chute du régime". En fin d'après-midi, les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants, a dit un témoin. Le gouvernement a dénoncé samedi des violences qu'il a attribué à des groupes armés, ajoutant qu'au moins deux personnes avaient été abattues par des tireurs postés sur les toits. Les protestataires accusent de leur côté les forces de l'ordre d'avoir ouvert le feu sur les manifestants.