S'inspirant des slogans des révolutions tunisienne et égyptienne, quelque 8.000 personnes ont manifesté dimanche à Beyrouth contre le régime confessionnel libanais en scandant: "Le peuple veut la chute du système." Le Pacte national qui sert de constitution au Liban prévoit un partage du pouvoir entre les grandes communautés religieuses, la présidence du pays revenant à un chrétien maronite et celle de la Chambre des députés à un chiite, tandis que la direction du gouvernement échoit à un sunnite. Selon ses détracteurs, ce subtil dosage handicape le développement du pays, encourage la corruption et renforce le communautarisme. "Du pain, du savoir, de la liberté, et non au sectarisme politique!", proclamait une des banderoles de la foule massée devant le ministère de l'Electricité, symbole aux yeux des manifestants de l'impéritie produite par le système politique. Déjà la semaine dernière, des centaines de personnes avaient pris part à une manifestation analogue, le long de l'ancienne "ligne verte", ligne de démarcation lors la guerre civile (1975-90) entre les quartiers chrétiens et musulmans de Beyrouth. Plus de 2.600 personnes avaient annoncé leur participation à cette marche, mais il semble que la pluie ait dissuadé beaucoup de militants. "Allez les Libanais, révoltez-vous contre le confessionnalisme", "Nous voulons un Etat civil", "Confessionalisme, sang, guerres civiles, assez!", "Révolution contre le féodalisme, contre la ségrégation!", criaient les protestataires. "Le confessionnalisme est mauvais pour la santé, nous vous prions de vous en abstenir", "Tyrans du Liban, votre tour viendra", proclamaient leurs pancartes. Le système libanais est un mélange complexe de partage du pouvoir basé sur des quotas communautaires et sur une tradition de "démocratie consensuelle". Depuis l'indépendance en 1943, il garantit une parité entre musulmans et chrétiens minoritaires dans la région. Il est toutefois accusé d'être à l'origine de tous les maux du pays comme la corruption, le gaspillage, le clientélisme et surtout une guerre civile destructrice (1975-1990) et crises à répétition. Selon des experts, ce combat, même s'il prenait de l'ampleur, sera longue haleine, en raison de la complexité du système qui garantit un équilibre délicat entre les 18 confessions chrétiennes et musulmanes du pays.