Alors que les relations économiques entre Rabat et Séoul prennent de l'ampleur, le Maroc s'intéresse désormais aux équipements militaires sud-coréens. À l'occasion d'une visite officielle à Séoul, le ministre de l'Industrie et du commerce, Ryad Mezzour s'est informé sur plusieurs systèmes d'armement avancés, dont le char K2, le sous-marin KSS-III et le système antiaérien Cheongung. Une nouvelle étape qui pourrait marquer l'émergence d'un partenariat stratégique dans le domaine de la défense. Après avoir conclu un contrat ferroviaire majeur avec Hyundai Rotem, le Maroc s'intéresse désormais au secteur de la défense sud-coréen. Le Royaume envisage l'acquisition de plusieurs systèmes d'armement avancés, selon un média coréen qui a révélé des détails exclusifs issus de la récente visite de travail du ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, à Séoul. D'après cette source, le ministre marocain a exprimé un intérêt particulier pour le char K2 Black Panther, le sous-marin KSS-III (classe Dosan Ahn Chang-ho) ainsi que le système de défense aérienne à moyenne portée Cheongung (KM-SAM). Renforcement du dialogue économique bilatéral Durant son séjour en Corée du Sud, Mezzour a rencontré plusieurs hauts responsables gouvernementaux, dont Kim Hee-sang, coordinateur de la diplomatie économique au ministère des Affaires étrangères, ainsi qu'An Deok-geun, ministre du Commerce, de l'Industrie et de l'Energie. Les discussions ont porté sur le lancement des négociations pour un accord de partenariat économique (EPA) entre les deux pays, et sur l'établissement d'un cadre de coopération économique via le TIPF (Trade and Investment Promotion Framework), non contraignant mais structurant. Les deux parties ont convenu de renforcer leur coopération économique et de coordonner leurs efforts face aux incertitudes croissantes du commerce mondial, telles que la montée du protectionnisme ou les perturbations des chaînes d'approvisionnement. Des rencontres stratégiques avec les acteurs industriels coréens Le ministre marocain a également rencontré plusieurs figures majeures du secteur privé coréen, notamment Lee Yong-bae, PDG de Hyundai Rotem (constructeur du char K2), Kim Hyun-seok de Nexen Tire et Jung Sung-wook, vice-président de Samsung E&A. Ces échanges ont permis d'envisager des partenariats dans divers domaines : ferroviaire, automobile, énergie et, désormais, défense. Rappelons qu'en février dernier, l'Office national des chemins de fer (ONCF) avait signé un contrat de 2 200 milliards de wons (environ 1,5 milliard d'euros) avec Hyundai Rotem pour la fourniture de rames automotrices à deux étages. Cette coopération dans le secteur ferroviaire pourrait ainsi ouvrir la voie à une percée significative de l'industrie de défense sud-coréenne au Maroc. Le détail des équipements envisagés Le char K2, produit phare de Hyundai Rotem, est doté d'un moteur diesel de 1 500 chevaux, offrant une grande mobilité et une puissance de feu impressionnante. Il est déjà en cours de livraison à la Pologne (180 unités) et suscite l'intérêt d'autres pays comme la Roumanie, la Slovaquie, l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. Le système de défense Cheongung est conçu pour intercepter les avions de chasse ainsi que les missiles balistiques. Sa version améliorée, le Cheongung-II, a déjà été exportée vers plusieurs pays du Moyen-Orient, dont les Emirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite et l'Irak. Concernant les sous-marins, des rumeurs circulaient depuis quelque temps dans la presse nationale au sujet d'un intérêt marocain pour ce type de matériel, mais sans confirmation officielle. Cette fois, selon des sources officielles citées par le média coréen, le Maroc s'est effectivement renseigné sur le sous-marin KSS-III. Ce modèle de 3 000 tonnes, premier du genre entièrement conçu et construit par la Corée du Sud, est entré en service en 2018. Il est actuellement en lice pour des appels d'offres lancés par le Canada et la Pologne pour le renouvellement de leurs flottes sous-marines. Les chantiers navals sud-coréens Hanwha Ocean et HD Hyundai en maîtrisent la construction. Un partenariat stratégique en devenir Avec cette dynamique de coopération croissante, le Maroc pourrait devenir un partenaire stratégique de la Corée du Sud en Afrique, aussi bien sur le plan économique que sécuritaire, conclut le média coréen.