En déplacement à Séoul, le ministre marocain de l'industrie et du commerce, Ryad Mezzour a été reçu, mardi 8 avril, par son homologue sud-coréen Ahn Dukgeun, ministre du commerce, de l'industrie et de l'énergie. Cette entrevue marque une étape décisive dans le rapprochement économique entre Rabat et Séoul autour d'une vision partagée du développement industriel et de la reconfiguration des échanges globaux. «Ancré à la jonction du continent européen et du continent africain, le Maroc s'impose comme un nœud logistique et productif de plus en plus convoité. Disposant d'un tissu d'accords de libre-échange (ALE) couvrant cinquante-cinq partenaires, dont les Etats-Unis et l'Union européenne, il est aujourd'hui le seul pays du continent africain à entretenir des relations commerciales préférentielles avec ces deux blocs économiques majeurs. Ce positionnement confère au Royaume une fonction stratégique dans les recompositions industrielles et commerciales en cours», notent les autorités coréennes. Séoul, confrontée aux remous d'un ordre commercial en mutation et soucieuse d'élargir ses débouchés extérieurs, multiplie les rapprochements avec les puissances ascendantes du Sud global. La présence accrue de ses entreprises sur le sol marocain atteste de cette inflexion. Hyundai Rotem s'est ainsi vu attribuer, en février, un contrat de 2,2 mille milliards de wons (1,5 milliard de dollars) par l'Office national des chemins de fer (ONCF) pour la fourniture de trains. D'autres groupes sud-coréens, notamment dans le secteur des composants automobiles, étendent leurs capacités de production vers le Maroc, en vue de desservir les marchés européens depuis cette plate-forme régionale. Lors de l'entretien, M. Mezzour a mis en exergue la vocation du Maroc à devenir un centre d'attraction majeur pour les investissements structurants, en particulier dans les secteurs de l'industrie, des infrastructures et de la logistique. «Le Maroc est le seul Etat du continent africain à disposer d'accords de libre-échange à la fois avec les Etats-Unis et l'Union européenne, ce qui en fait un point d'entrée naturel vers l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique», a-t-il déclaré, appelant à une intensification des partenariats avec les entreprises coréennes dans la perspective des grands chantiers liés à la coorganisation de la Coupe du monde 2030. M. Ahn a, pour sa part, souligné la nécessité pour les deux pays de conjuguer leurs efforts face à la montée des barrières protectionnistes et aux perturbations récurrentes des chaînes d'approvisionnement. «Les technologies avancées de la Corée peuvent se conjuguer de manière féconde avec le potentiel du Maroc en tant que base industrielle régionale», a-t-il affirmé, en appelant de ses vœux une coopération durable fondée sur la réciprocité et la prévoyance. Dans cette optique, le ministre sud-coréen a proposé l'ouverture sans délai de négociations en vue de la conclusion d'un Accord de partenariat économique (APE), afin de doter les relations bilatérales d'un socle juridique et institutionnel à la mesure de leurs ambitions. Il a également suggéré, à titre transitoire, la signature d'un Cadre de promotion des échanges et des investissements (CPEI), destiné à favoriser un dialogue permanent sur les dossiers commerciaux sensibles et à faciliter la mise en œuvre de projets conjoints. Par ce rapprochement, Séoul et Rabat affirment leur volonté de donner corps à une coopération économique d'égal à égal, fondée sur la complémentarité des ressources, l'excellence industrielle et une lecture convergente des grands équilibres du XXIe siècle.