À l'approche de chaque grande occasion, il est désormais courant de voir les prix des produits alimentaires s'envoler. À moins de deux semaines du mois sacré de Ramadan, les marchés enregistrent déjà des hausses significatives des prix des tomates, des oignons et de la viande. Et les premiers signaux montrent déjà que ce même phénomène se reproduira à l'approche de l'Aïd Al-Adha, avec des prix du mouton excessifs, venant encore alourdir les dépenses des citoyens. Le problème est d'autant plus préoccupant que les multiples interventions coûteuses de l'Etat – qu'il s'agisse des aides directes et indirectes aux agriculteurs ou de l'ouverture à l'importation de bovins et d'ovins restent inefficaces face à la flambée des prix. Pourquoi cela ? À cause, tout simplement, d'une "avidité sans limites" et d'une "exploitation éhontée du pouvoir d'achat des Marocains", s'est indigné Nizar Baraka, ministre de l'Equipement et de l'Eau et Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, ce 15 février lors d'un rassemblement populaire à Oulad Frej. Nizar Baraka avait déjà prévenu, il y a plusieurs mois, que notre pays souffrait de "greedflation" ou "cupide-flation", un phénomène où certains acteurs économiques profitent de l'inflation comme prétexte pour augmenter excessivement leurs marges, sans justification économique ni lien avec le coût de leurs approvisionnements. L'Etat s'est montré, jusque-là, incapable d'endiguer ce Léviathan, qui empoisonne les marchés et menace la stabilité sociale du pays en maintenant les prix à un niveau artificiellement élevé. Si la complexité des circuits de distribution, la désorganisation des marchés, l'absence de règles compétitives claires et la persistance de pratiques archaïques rendent cette tâche di ficile, des instruments d'intervention existent et doivent être appliqués. La digitalisation pourrait ainsi assurer la traçabilité des produits alimentaires, de la ferme ou du port, dans le cas des produits importés, jusqu'au consommateur nal, permettant de détecter précisément qui, dans cette chaîne, s'adonne à des pratiques abusives et d'intervenir en conséquence. Sinon, l'opacité persistante continuera de favoriser les spéculateurs au détriment du pouvoir d'achat des Marocains.