Le secrétaire général du Parti de l'Istiqlal, Nizar Baraka, a averti samedi que le gouvernement mettra en place des mécanismes de surveillance afin de sanctionner les spéculateurs. Il a dénoncé des pratiques spéculatives abusives qu'il juge contraires à l'intérêt national. Le secrétaire général du Parti de l'Istiqlal Nizar Baraka a vivement dénoncé, samedi 15 février, la flambée persistante des prix des viandes au Maroc, l'attribuant à une «avidité sans limites» et à une «exploitation éhontée du pouvoir d'achat des Marocains.» Il a rappelé que le coût d'importation des viandes oscille entre 40 et 60 dirhams le kilogramme alors que les prix pratiqués sur le marché national restent largement supérieurs. Face à cette situation, il a annoncé l'instauration de mécanismes de contrôle et de sanctions ciblant les pratiques spéculatives. Lors d'un rassemblement populaire tenu à Oulad Frej, M. Baraka a détaillé la stratégie officielle pour stabiliser le marché des viandes rouges. «Le cheptel national a connu une baisse drastique en raison des sécheresses successives et du coût prohibitif des aliments pour bétail. Nous avons donc ouvert les importations pour pallier le déficit et contenir la flambée des prix, qui a atteint un sommet de 140 dirhams le kilogramme. Nous avons introduit 100 000 têtes de bétail avec un coût d'acquisition variant entre 40 et 60 dirhams le kilogramme carcasse. Malgré cela, les prix à la consommation n'ont baissé que marginalement, passant à 110 dirhams, car les marges bénéficiaires ont été artificiellement gonflées par les intermédiaires.» Le dirigeant politique a fustigé ces pratiques en des termes sans équivoque. «À ceux qui spéculent sur la souffrance des Marocains, je dis : craignez Dieu et cessez de vous enrichir sur le dos des citoyens. Réduisez vos marges avant que l'Etat ne le fasse à votre place.» Il a souligné que cette spéculation ne se limite pas aux viandes rouges. «Face à la cherté du bœuf et de l'agneau, les consommateurs se tournent vers la volaille, mais là encore, nous constatons une hausse injustifiée des prix. Le coût de production d'un kilogramme de poulet de chair se situe actuellement entre 11 et 12 dirhams, incluant l'aliment composé, les charges sanitaires et l'amortissement des équipements. Pourtant, les prix à la vente dépassent les 20 dirhams, avec des marges qui excèdent toute logique commerciale. Nous attendons des producteurs qu'ils jouent leur rôle et assument leur part de responsabilité en réduisant leurs profits excessifs.» Mais qu'attend le gouvernement pour réagir ? M. Baraka a averti que le gouvernement ne resterait pas passif. «Nous allons activer un dispositif de suivi rigoureux du marché, en mobilisant les services de contrôle des prix et de la concurrence. Nous ne tolérerons plus les manipulations qui aggravent la pression sur le budget des familles.» Il a également insisté sur le contrecoup direct de la flambée des prix sur le pouvoir d'achat des Marocains. «Aujourd'hui, un ménage moyen consacre plus de 45 % de son revenu mensuel aux dépenses alimentaires. C'est un seuil critique qui menace la stabilité économique des foyers. Le revenu mensuel ne suffit plus à couvrir les besoins de base, ce qui nous impose d'agir avec fermeté.» M. Baraka a mis en avant plusieurs mesures mises en place pour atténuer cette crise. «Nous avons généralisé la protection sociale, instauré un système d'aides directes et élargi la couverture sanitaire. Mais ces dispositifs ne sauraient suffire si les prix continuent de flamber sous l'effet de pratiques spéculatives.» Revenant sur la crise hydrique, il a souligné l'impact dévastateur du manque d'eau sur l'agriculture. «Les retenues des barrages sont tombées sous la barre des 3,5 milliards de mètres cubes, limitant considérablement l'irrigation des grandes zones agricoles. Résultat : une chute de 38 % du cheptel national par rapport à l'année dernière et une baisse significative de la production céréalière et fourragère.» Le règne infâmant des tirailleurs de la pénurie Il a également rappelé que les turbulences géopolitiques, notamment la guerre en Ukraine, ont aggravé la crise en faisant bondir les coûts des matières premières. «Les prix des céréales destinées à l'alimentation animale ont doublé en deux ans. Le maïs, qui se négociait autour de 220 dollars la tonne en 2021, dépasse aujourd'hui les 400 dollars, tandis que le soja flirte avec les 600 dollars la tonne. Cette envolée a mécaniquement renchéri les coûts de production des viandes et des produits laitiers.» Face à cette conjoncture, le gouvernement a pris des mesures pour amortir le choc sur les consommateurs. «Nous avons maintenu la subvention des bouteilles de gaz pour éviter qu'elles n'atteignent 100 dirhams, ce qui explique leur prix actuel de 50 à 55 dirhams. Nous avons également soutenu le sucre et la farine pour contenir le prix du pain à 1,20 dirham, alors que sans intervention, il aurait atteint 2,40 dirhams. Enfin, nous avons stabilisé les tarifs de l'électricité en absorbant une partie de l'augmentation des coûts d'importation.» Abordant le volet agricole, M. Baraka a rappelé l'intervention de l'Etat pour soutenir la production maraîchère. «Lors de la campagne 2022-2023, les prix des légumes avaient atteint des niveaux records : la tomate entre 12 et 14 dirhams, la pomme de terre 12 dirhams et l'oignon 18 dirhams. Pour juguler cette flambée, nous avons subventionné les engrais azotés, dont les prix avaient été multipliés par quatre, et soutenu financièrement les agriculteurs afin de réduire le coût des productions de base. Ces mesures ont permis de rétablir une certaine stabilité sur le marché.» En conclusion, M. Baraka a réaffirmé la volonté du gouvernement d'intensifier les efforts pour protéger le pouvoir d'achat des citoyens. «Nous ne laisserons pas les spéculateurs dicter leur loi. Les contrôles vont s'intensifier et les sanctions seront appliquées avec rigueur.»