90 minutes d'échange téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine ont suffi pour ouvrir la voie à des pourparlers de paix en Ukraine, qui seront lancés «immédiatement», selon l'annonce du président américain. Pragmatique, le "chef du monde libre" applique ce qu'il a promis pendant sa campagne présidentielle. Cette annonce n'a surpris personne, sauf les Européens qui, désabusés, ont horreur d'être écartés de la table des négociations, ce qui est fort probable, comme ils ne comptent guère aux yeux de Trump, pressé de régler ce vieux marronnier directement avec les Russes. Dupés par les promesses insipides de Joe Biden, les Européens semblent payer aujourd'hui le prix de leur dogmatisme, après avoir fait miroiter aux yeux des Ukrainiens la possibilité d'une victoire chimérique contre l'ours russe, sans, pour autant, leur donner assez de moyens. Autant d'armes pour résister mais pas assez pour gagner ! Face au bal des seigneurs de guerre européens autoproclamés qui étaient prêts à combattre la Russie "jusqu'au dernier Ukrainien", Trump est venu imposer "le bon sens" pour siffler la fin d'une guerre qui, à ses yeux, aurait pu être évitée. En plus des accords de Minsk passés à la trappe, l'Ukraine aurait peut-être pu garder tout son territoire si le président Zelensky, sous les injonctions des Britanniques, n'avait pas déchiré l'accord négocié avec les Russes en mai 2022, peu de temps après le début de la guerre. Pour l'Administration Trump, les choses sont simples. C'est un héritage empoisonné des démocrates, qu'il faut liquider quitte à demander des sacrifices territoriaux aux Ukrainiens. Face à l'avancée implacable du rouleau compresseur russe à l'Est, l'abandon du Donbass et de la Crimée, inenvisageable il y a deux ans, devient un objet de négociation, à en croire le nouveau patron du Pentagone qui a jugé irréaliste le retour aux frontières de 2014. Maintenant, les garanties de sécurité demeurent la seule variable dans l'équation, le rêve de l'adhésion à l'OTAN ayant volé en éclats. Les Ukrainiens, dont la force de résistance reste admirable, voire un cas d'école, découvrent à leur dépens qu'ils ont servi de théâtre d'affrontement russo-occidental. Dans ce bras de fer de Titans, le Maroc, comme le reste du monde développé ou émergent, ne peut que savourer la promesse d'épilogue d'un conflit évitable dont les impacts nocifs étaient venus s'ajouter et aggraver ceux de la crise mondiale du Covid.