La Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) propose un modèle de financement durable pour la protection sociale et plaide pour une meilleure rationalisation des dépenses. Lors du neuvième Forum parlementaire international sur la justice sociale, organisé par la Chambre des Conseillers en collaboration avec le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Khalid Safir, directeur général de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), a mis en exergue les avancées majeures du Maroc en matière de protection sociale. Il a notamment souligné la généralisation de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO), qui couvre désormais près de 31 millions de bénéficiaires, dont les populations auparavant exclues du système de couverture médicale. L'intégration des bénéficiaires du régime RAMED dans l'Assurance Maladie Obligatoire constitue une étape essentielle pour garantir un accès équitable et pérenne aux soins de santé. Cette réforme, inscrite dans la vision stratégique initiée par SM le Roi Mohammed VI, vise à renforcer les mécanismes de protection sociale à travers des dispositifs couvrant la santé, la retraite et les allocations familiales. Malgré les progrès réalisés, la consolidation d'un système de protection sociale inclusif et soutenable demeure une priorité. Khalid Safir a mis en avant la nécessité d'optimiser la gouvernance du dispositif, en améliorant la coordination entre les différents acteurs impliqués. Il a plaidé pour une intégration accrue des politiques sociales avec les stratégies nationales en matière d'emploi, de santé et d'éducation, permettant ainsi une plus grande efficacité des interventions publiques. Afin de garantir la viabilité financière du système de protection sociale, le DG de la CDG a préconisé l'adoption de mécanismes de financement innovants et la mise en place d'une gestion plus rigoureuse des ressources. La rationalisation des dépenses publiques, conjuguée à une mobilisation efficace des financements disponibles, constitue un levier essentiel pour assurer la pérennité du système et renforcer son impact sur le bien-être des citoyens.
Un système d'aides sociales directes pour soutenir les populations vulnérables Dans le cadre de cette réforme, le Maroc a lancé, fin 2023, un programme d'aides sociales directes visant à améliorer les conditions de vie des ménages en situation de vulnérabilité. Ce dispositif cible en priorité les familles ayant des enfants scolarisés et celles vivant en précarité, avec pour objectif de renforcer leur pouvoir d'achat et d'établir un véritable filet de sécurité sociale. Parallèlement à l'extension de la couverture sociale, des réformes structurelles ont été mises en œuvre pour garantir la durabilité du système. Celles-ci reposent sur le développement d'outils de financement adaptés et la mise en place d'indicateurs de performance permettant d'évaluer l'impact des programmes sur la réduction de la pauvreté, du chômage et l'amélioration des indicateurs de santé publique. Khalid Safir a en outre insisté sur la nécessité d'un suivi précis de l'efficacité des mesures adoptées. Il a préconisé la mise en place de dispositifs d'évaluation permettant d'analyser l'impact social et économique des réformes entreprises. La définition d'indicateurs de performance contribuerait ainsi à mieux appréhender les effets des politiques sociales sur le tissu économique et sur les conditions de vie des citoyens.
Comment assurer la pérennité financière de la protection sociale ? Concernant les enjeux du financement et de la pérennité financière du système de protection sociale au Maroc, Khalid Safir a souligné la nécessité d'élargir la base des cotisants, notamment en intégrant le secteur informel, de diversifier les sources de financement et d'optimiser les dépenses liées à la gestion des services sociaux. La couverture universelle et l'accès équitable aux prestations nécessitent également un renforcement des services en milieu rural et l'adoption de solutions numériques avancées pour une identification précise des bénéficiaires. Dans ce cadre, Safir a rappelé l'implication de la CDG à travers la gestion du Régime Collectif d'Allocation de Retraite (RCAR) et de la Caisse Nationale de Retraites et d'Assurances (CNRA), deux institutions publiques qui jouent un rôle clé dans la mise en œuvre des réformes sociales. Ces entités ont largement contribué à l'exécution des politiques publiques en matière de protection sociale et de retraite. Parmi les initiatives marquantes, il a cité l'extension progressive de la couverture retraite aux employés des établissements publics et aux travailleurs temporaires de l'Etat et des collectivités territoriales grâce à la création du RCAR en 1978. Ce régime a permis d'absorber près de 22 fonds de retraite internes appartenant à divers organismes publics jusqu'en 2022, réduisant ainsi le morcellement du système et facilitant la réforme globale du régime de retraite.
Une contribution active aux programmes sociaux À travers la CNRA, la CDG joue un rôle central dans la gestion de plusieurs dispositifs de soutien social. Elle supervise notamment les fonds de travail, qui permettent d'octroyer des revenus complémentaires aux victimes d'accidents du travail et de maladies professionnelles. Elle administre également le Fonds de solidarité familiale, garantissant le versement d'allocations aux femmes divorcées ou abandonnées. Par ailleurs, la CNRA a été chargée de la gestion du programme de soutien direct aux veuves ainsi que du programme «Tayssir», jusqu'à leur intégration dans le Programme d'Aide Sociale Directe. Enfin, elle est responsable du Fonds de solidarité contre les événements catastrophiques, destiné à indemniser les personnes non assurées victimes de catastrophes naturelles. Face aux défis que représente la généralisation de la protection sociale, la CDG plaide pour une gestion rigoureuse et une allocation optimisée des ressources afin d'assurer la pérennité du système. Le développement d'indicateurs de performance et de dispositifs d'évaluation précis est également essentiel pour mesurer l'impact des réformes et garantir une amélioration continue des politiques sociales au Maroc. Généralisation de la protection sociale : «Un tournant structurel», d'après Chami « La généralisation de la protection sociale représente un changement structurel dans les politiques sociales publiques et un pilier fondamental du projet de l'Etat social, en tant que l'un des mécanismes les plus importants de stabilité face aux crises et aux fluctuations conjoncturelles », a affirmé, lundi, le président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami. Parmi les indicateurs de ce progrès, Chami a cité la hausse du taux de la population inscrite au système d'Assurance Maladie Obligatoire pour atteindre 87%, contre moins de 60% en 2020, notant que 11,1 millions de citoyens ont bénéficié du système «AMO Tadamon» destiné aux catégories sociales les plus vulnérables, avec une enveloppe annuelle d'environ 10 milliards de dirhams. De même, plus de 3,9 millions de familles ont bénéficié du programme d'aide sociale directe, avec un coût de plus de 24 milliards de dirhams, a indiqué Chami.