El Jadida le 10 Février 2025 (L'Opinion) - Les marchés hebdomadaires connaissent une intensification des transactions ovines, alimentée par le débat sur une possible annulation de l'Aïd al-Adha cette année. L'offre excédentaire de moutons, face à une demande incertaine, exerce une pression à la baisse sur les prix, tandis que les éleveurs cherchent à liquider leur cheptel pour éviter une dépréciation brutale. À l'origine de cette volatilité, les dernières déclarations d'un député qui ont relancé la question de l'opportunité de maintenir la fête dans un contexte d'inflation et de crise du pouvoir d'achat. Son intervention, largement relayée sur les réseaux sociaux, a ravivé le débat entre les partisans d'une suspension temporaire et ceux qui plaident pour le maintien du rituel, soulignant son importance économique pour la filière ovine. Jusqu'à présent, l'exécutif n'a pas pris position officiellement, bien que le ministère de l'Agriculture et la Société Royale d'Encouragement du Cheval aient lancé une étude pour évaluer l'offre nationale et la demande potentielle. Cette attente alimente l'incertitude sur le marché, les éleveurs redoutant une baisse prolongée des prix, et les intermédiaires spéculant sur l'orientation des prix à l'approche de la décision gouvernementale. Sur le plan des coûts, la filière ovine reste sous tension. L'augmentation des prix des aliments pour bétail et des fourrages, combinée aux effets de la sécheresse, a déjà renchéri le coût de production. Actuellement, le prix des ovins fluctue entre 60 et 120 dirhams le kilogramme, tandis que les intrants agricoles continuent d'augmenter, ajoutant une pression supplémentaire sur les marges des éleveurs. Dans ce contexte, une éventuelle suppression de l'Aïd al-Adha modifierait profondément les dynamiques du marché, contraignant les producteurs à explorer d'autres débouchés, notamment vers l'Algérie, seul marché alternatif viable. À l'inverse, le maintien de la fête, dans un contexte de cherté de la vie, pourrait restreindre l'accessibilité des ménages à l'achat du mouton, accentuant la fracture entre offre et demande. L'arbitrage gouvernemental sera donc déterminant, tant pour la stabilité du marché ovin que pour l'équilibre budgétaire des ménages, pris entre la tradition et les impératifs économiques.