Les enseignants algériens ont entamé, jeudi 13 février, un mouvement de grève national pour dénoncer des salaires insuffisants et des conditions de travail dégradées. Cette mobilisation intervient après des manifestations d'étudiants le mois dernier, marquant des expressions de colère inédites dans un contexte où la contestation publique dans le pays se fait plus rare. Mardi 11 février, premier jour du débrayage, des élèves ont erré devant des salles de classe fermées, incapables de suivre leurs cours. Le syndicat des enseignants estime que ce mouvement revêt une importance particulière alors que l'espace des libertés se réduit progressivement affectant la presse, l'opposition politique et les droits des femmes. Malgré la richesse (mal exploitée) du pays en hydrocarbures et un investissement éducatif annoncé tambour battant, le système scolaire algérien est de plus en plus critiqué. Outre la précarité des enseignants, il cristallise un mécontentement général lié à la vie chère, à la corruption et aux difficultés d'insertion professionnelle des jeunes diplômés. Les salaires restent un point de crispation majeur. Malgré une hausse de 37 % depuis l'élection d'Abdelmadjid Tebboune en 2019, les enseignants critiquent des rémunérations de départ à peine supérieures au salaire minimum ou aux allocations de chômage. Nombre d'entre eux cherchent à émigrer, comme en témoigne l'augmentation constante des demandes de visa vers l'Europe. Le malaise s'étend aux élèves, qui ont lancé leur propre grève en janvier pour protester contre des cours privés onéreux et des programmes jugés obsolètes. Organisés sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, ces rassemblements ont révélé un sentiment de décalage profond entre l'éducation dispensée et les exigences du marché du travail. Face à la contestation, le nouveau ministre de l'éducation, Mohamed Seghir Sadaoui, s'est engagé à réformer les programmes. Une promesse qui fait suite à un rapport d'audit fédéral pointant les graves irrégularités du système éducatif.