La pression syndicale monte en Algérie où la fonction publique a été paralysée hier par une grève générale. Parmi les revendications, l'augmentation des salaires, mais aussi le respect du droit syndical. En Algérie, le conflit entre le gouvernement, qui continue à jouer le sourd-muet, et le front syndical, qui refuse de céder, ressemble de plus en plus à une guerre sans fin. Hier, mardi 9 mai 2006, les syndicats sont montés d'un cran en appelant à une grève générale au sein de la fonction publique. Leurs principales revendications : l'augmentation des salaires, le respect du droit syndical et la révision du statut de la fonction publique. « Devant le mutisme et l'indifférence affichés par le pouvoir public à l'égard des doléances des personnels de la Fonction publique et la fermeture de toutes les issues quant à un dialogue serein et constructif, l'intersyndicale appelle tous les travailleurs à se mobiliser pour exiger la satisfaction de leurs droits légitimes », affirme un communiqué des syndicats relayé par la presse algérienne. Il s'agit, d'après les syndicats, d'une première action d'un mouvement de protestation contre les conditions socioprofessionnelles jugées «précaires». La grève a été décidée par neuf syndicats autonomes s'activant au sein d'une coordination intersyndicale pour faire valoir leurs droits en tant que syndicats représentatifs. Ces syndicats contestent par la même «le monopole» de la représentativité syndicale conférée à l'Union générale des travailleurs d'Algérie (UGTA) soupçonnée d'être inféodée aux pouvoirs publics. Les représentants de cette coordination intersyndicale (entre autres, le Syndicat autonome des personnels de l'administration publique, le conseil national autonome des professeurs de l'éducation et de la formation, le conseil national des enseignants du supérieur), ont souligné que le débrayage reste la seule voie pour faire entendre leurs doléances face au refus de dialogue opposé par les pouvoirs publics. Le gouvernement renvoie les protagonistes à la réunion tripartite, groupant l'administration, le patronat et l'UGTA, qui doit avoir lieu en septembre, pour discuter notamment de l'augmentation des salaires. Mais, les syndicats autonomes ne fondent pas d'espoirs démesurés sur cette prochaine rencontre, vu les résultats décevants des précédentes rencontres, l'UGTA se démontrant satisfaite, estiment-ils, d'un rôle très accommodant pour le gouvernement. Ils appellent le gouvernement à accepter une réunion bipartite avec les syndicats autonomes pour un débat sur les questions qui préoccupent les travailleurs. Les personnels de l'administration publique se plaignent de la modicité de leurs salaires qui n'ont pas connu de valorisation depuis une longue période, malgré le renflouement des caisses de l'Etat à cause de l'augmentation des prix du pétrole. Le salaire national minimum garanti demeure fixé à 10.000 dinars (environ 100 euros). Le gouvernement s'est montré, à maintes reprises, réticent à toute augmentation de salaires, qui, selon lui, affecterait les équilibres financiers du pays, en l'absence d'une productivité conséquente des secteurs hors hydrocarbures. Augmentation des salaires : le casse-tête Quand le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, annonce une augmentation des salaires, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem affirme que cette décision n'engage pas le gouvernement. Face aux déclarations contradictoires qui ne cessent de se multiplier, les Algériens ne savent plus à quel saint se vouer. Pour les partis du FLN et du MSP et les organisations patronales, pas question d'augmenter les salaires. Le chef du gouvernement voit, lui, l'augmentation comme un éventuel issue. Au lieu de trancher, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika laisse planer le doute. Alors que c'est lui qui détient toutes les cartes en main.