Dans le Souk du quartier de l'Océan à Rabat, habituellement un lieu animé et grouillant de vie, les clients se comptent sur les doigts d'une main. Et si auparavant leurs paniers étaient débordants d'aliments, aujourd'hui, ils contiennent un peu de tout, mais beaucoup moins de viandes. Les volailles qui se taillaient la part du lion dans le panier de la ménagère ont dépassé le cap des 30 dirhams, au grand malheur des classes modestes. Les sardines, qui trouvaient toujours leur place sur la table marocaine, coûtent désormais une vingtaine de dirhams le kg, provoquant le désarroi chez nos concitoyens qui n'arrivent pas à assimiler cette flambée, alors que le Maroc jouit de deux façades maritimes longues de 3.500 km. Si durant cette année, les Marocains subissent en silence la hausse du coût de la vie, l'envolée des prix des «protéines du peuple» risque de faire déborder le vase, surtout avec la rentrée scolaire qui s'annonce également ardue. Il est vrai que les appareils de l'Etat se plient en quatre pour maintenir l'équilibre social, comme en témoignent les 40% du PIB mobilisés par le gouvernement dans le cadre du chantier de l'Etat social, mais il n'empêche que l'heure est désormais aux mesures directes, à même de reconfigurer le marché pour un effet imminent sur les bourses des ménages. C'est ce genre d'action difficile qui s'inscrit positivement dans la psyché collective, redonnant confiance à une population qui a longtemps perdu espoir dans la scène politique. Chasse aux intermédiaires, subventions aux professionnels, audit des marchés de gros et des points de vente... les options disponibles pour stopper l'hémorragie ne manquent pas, mais requièrent un peu de planification, quelques bras de fer et beaucoup de sacrifices. Le prix à payer est certes cher, mais la confiance de no