Le gouvernement piloté par Abbas El Fassi n'a de cesse de multiplier les sorties médiatiques pour déclarer «que pour le ramadan, aucun produit alimentaire ne fera défaut et que l'approvisionnement sera assuré durant toute la période». En outre, il assure qu'il est fermement déterminé à lutter contre la spéculation sur les prix des produits alimentaires et que les infractions enregistrées, à ce jour, lors des opérations de contrôle ont été soumises à la justice. En clair, l'Etat et le gouvernement maîtrise la situation ainsi que tous les maillons de la chaîne. A savoir du producteur en passant par les «grossistes» et pour finir aux mains des consommateurs. Peut-on y croire ? Les consommateurs sont-ils aussi protégés que cela ? Sur le terrain, sur les marchés, quelle est la température ambiante ? Le panier de la ménagère est-il sous tension ? Il faut croire que oui. En effet, les prix (non affichés) à la consommation connaissent depuis le début du ramadan une hausse inquiétante. La tomate, produit phare durant le ramadan et ingrédient de base utilisé pour de très nombreux plats cuisinés, est un révélateur du phénomène «ramadanesque» qui frappe le Maroc et de l'incapacité de l'Etat à jouer son rôle de régulateur. A-t-il les moyens d'agir ? La question est entière. Revenons aux prix «fixés» à la consommation par des hommes de l'ombre et débutons notre inventaire par la tomate. En vente à 3,5 dirhams / kg à peine 24 heures avant le début du ramadan, elle est aujourd'hui entre 7 et 8 Dh/ kg. Son voisin de pallier, la pomme de terre, se commerce à 6 Dh / kg contre 3 à 4 Dh / kg, juste avant le lancement du jeûne. L'oignon est à 5 Dh / kg contre 2,50 Dh/ kg, le kilo de citron à 20 Dh contre 7 à 10 Dh, comme du reste le kilo de poivron 7 Dh au lieu de 4 Dh. La salade verte (laitue) n'est pas en reste. Son prix varie entre 7 et 9 Dh contre 3,50 Dh, il y a encore une dizaine de jours. Du côté des fruits, la tendance est identique. Le kilogramme de poires est à environ 20 Dh et de pommes à près de 25 dirhams. Au rayon des fruits secs, on trouve les figues sèches à 110 Dh / kg, le kilo de dattes se situe entre 150 et 180 Dh / kg et le kilo de noix à près de 130 Dh / kg. Autant dire que peu de «privilégiés» peuvent consommer ces produits de...luxe. Pour ce qui est de l'offre en poissonnerie, elle est abondante, mais pas...donnée. Une fois de plus ; c'est la sardine qui se trouve numéro 1 sur le podium de la...cherté injustifiée avec un prix à la commercialisation de l'ordre de 20 dirhams contre 10 Dh environ, le restant de l'année. A noter que le kilo de Merlan est à 60 Dh et celui de la crevette à 90 Dh (contre 60 Dh en temps normal) Comment peut-on expliquer qu'un pays comme le Maroc, «producteur» de sardines, à cheval sur 2 mers (Méditerranée, Atlantique), puisse proposer un kg de sardines à 10 Dh pendant 11 mois et à 20 Dh, 1 mois durant ? Au-delà de l'incohérence, de l'irrationalité, que reste-t-il ? Pour finir – en guise de cerise sur le gâteau – on s'attardera devant la vitrine du boucher, juste pour un peu de «lèche vitrine», étant donné les prix, c'est plus prudent. En effet, le kilogramme de viande rouge est à partir de 80 Dh alors que pour la volaille, le poulet (blanc) se vend à partir de 19 Dh / kg, le poulet «beldi» à 52 Dh / kg et le «coquelet» à 15 Dh / kg. Si on veut croire sur «parole» le gouvernement dirigé par Abbas El Fassi sur l'approvisionnement suffisant en marchandises durant la période du ramadan, on est (beaucoup) plus sceptique sur la capacité réelle de l'Etat à agir sur les spéculateurs, de manière à protéger les consommateurs. Des consommateurs qui auraient (sûrement) préférés avoir comme garantie non pas un approvisionnement...garanti, mais surtout un pouvoir d'achat préservé voire revalorisé. Quoi de plus frustrant que de ne pas pouvoir consommer, n'est-ce pas ?