A l'international, les prix du blé, du soja, du maïs ainsi que d'autres denrées alimentaires sont actuellement en train d'exploser. Tant et si bien que l'onde de choc on la perçoit jusqu'à nos portes. L'épisode du cas de l'huile de table il y a quelques semaines en est même l'illustration… Il y a de cela une décennie, la flambée de prix des matières premières, notamment du blé, avait été l'étincelle ayant allumé les printemps dans nombre de pays. Dix ans se sont écoulés et la flambée des denrées agricoles est de retour : l'année 2020 a vu exploser le prix du blé (+ 20%), du maïs (+30%) et du soja (+50%) et la hausse se poursuit exponentiellement en 2021. De cause à effets, les liens sont bel et bien là et au Maroc cela se répercute sur le panier de la ménagère. En effet, l'on constate que les prix ont tendance à s'affoler au fur et à mesure que ce mois de Ramadan défile. Pourtant, l'augmentation des prix est contrôlée de près par les ministères de tutelle et les associations de protection des consommateurs. Il a même, été mis en place à Casablanca, une cellule de veille chargée de la question car, ce mois de patience et de piété rime souvent avec hausse des prix. Lait et dérivés, viande rouge, volaille, poisson, œufs, fruits et légumes... rien n'y a échappe. Que ce soit dans l'axe Casablanca, Rabat ou Mohammedia, il n'y a qu'à faire un petit tour du côté des marchés pour s'en rendre compte. Si l'on s'en tient aux dires d'un citoyen averti, qui régulièrement fait le marché pour sa petite famille (couple, un enfant), « le panier qui coûtait avant Ramadan 120 dirhams et pour le remplir de la même teneur il faudrait y ajouter désormais un bon billet vert « . La flambée des prix des denrées alimentaires au Maroc a débuté il y a quelques semaines déjà, avec notamment cette fameuse augmentation de près de 20% du prix de l'huile de table. Et si on l'a volontiers attribué cette hausse aux matières premières à l'international, d'autres produits ont, en revanche, connu la même envolée, mais pour d'autres raisons. C'est le cas de denrées locales notamment les œufs, légumes frais, fruits, viande rouge, volaille et poisson qui victimes de leur succès ou saveur, connaissent une forte demande durant le mois sacré. Cela s'applique principalement au poisson, dont il est de coutume en pareille période de dire, qu'il se fait des ailes pour rester dans l'expression populaire bien marocaine. Histoire d'en jauger ces prix, on prendra pour référence cette sardine si prisée qui tourne entre 25 et 30 dirhams le kilo actuellement, alors qu'en temps normal elle coûte entre 12 et 15 dirhams dans les trois villes précitées. Quant aux espèces dites nobles, fruits de mer et autres, il n'y a pas photo, circulez c'est un minimum de 20% par rapport à la normale. D'ailleurs le consommateur n'est pas dupe et c'est sur la toile qu'il se manifeste en appelant au boycott et en réactivant ou ressuscitant le fameux # laisse-le pourrir. Pour la viande c'est, grosso-modo, 10 dirhams de plus le kilo, mais cela dépend des points de vente. La volaille, quant à elle, bien moins avec une hausse de 3 à 4 dirhams. Bizarrement, les dattes n'ont pas été touchées, alors que les prix des ingrédients de base de la harira marocaine, à savoir pois-chiche, lentilles ainsi que la tomate, touchent respectivement 16 et 10 dirhams pour les féculents et oscillent entre le dirham symbolique voire son double à une valeur de 6 ou 7 dirhams. Tout autant appréciée l'orange qui pressée finit en jus passe du simple qu'elle était avant Ramadan au double actuellement en charriant les 10 dirhams. C'est un fait les prix des fruits et légumes, viandes, poissons et autres continuent leur hausse exorbitante jusqu'à ce que l'avant dernier appel du muezzin nous rassemble de façon très restrictive autour de la table ramadanesque. Du producteur au grossiste jusqu'au détaillant en passant par les intermédiaires tous se rejettent la patate chaude qui au passage a augmenté elle aussi. Nous retiendrons tout de même du petit tour pour alimenter le couffin, ces deux répliques, celle du poissonnier de la « jotia » de Mohammedia « je ne ramène plus de la criée, que deux ou trois cageots de poissons, sinon je vais voir pourrir la marchandise » et celle d'un de ces nombreux vendeurs ambulants de fruits qui vivotent près des mosquées « je ne fais que prendre au client pour donner au fournisseur jusqu'à ce que Dieu me prenne en pitié ». En attendant c'est le panier de la ménagère et le pouvoir "d'Aïcha" qui en prennent un satané coup.