La filière avicole représente l'un des secteurs les plus dynamiques de l'agriculture au Maroc, générant un chiffre d'affaires de 36,9 milliards de dollars et créant 142 000 emplois directs ainsi que 328 000 emplois indirects en 2022. Malgré cette vitalité économique, les prix du poulet et dérivés continuent de connaître une hausse, suscitant l'inquiétude des consommateurs marocains qui cherchent à comprendre les raisons de cette augmentation. Avec un coût se situant entre 20 et 22 dirhams par kilo, de nombreux foyers, en particulier ceux aux revenus modestes, se trouvent désormais dans l'incapacité d'acheter un poulet entier et s'en remettent au détail. C'est un peu l'histoire, de "l'Aile ou la cuisse ?" à la "Louis De Funes" mais en moins comique. De plus, ces derniers jours, on a observé une augmentation significative du prix des œufs sur les marchés marocains, avec un coût actuel supérieur à 1,50 dirham par œuf, suscitant ainsi une colère indignée parmi les consommateurs. Sollicité par Hespress le Dr Bouazza Kherrati, président de la Fédération Marocaine des droits du consommateur a indiqué que "La faute est aux prix qui sont libres". Etant donné que les prix des viandes rouges sont trop chers et ceux des poissons aussi, les gens se rabattent sur la volaille. Dans ce contexte, bien sûr, la demande augmente et par conséquent les prix s'envolent". Il n'y a plus d'équilibre, déplore-t-il, entre les viandes rouges, les poissons et la viande blanche. Le phénomène est connu surtout de la part des gens qui travaillent au niveau des abattoirs. Ils savent que quand le nombre de bêtes abattues s'affaiblit, c'est qu'il y a eu un arrivage énorme de poissons et particulièrement la sardine. Ce genre de poissons avec la volaille sont les principales, sources de protéine d'une majeure partie des Marocains, essentiellement ceux qui sont très regardants quant à leur bourse. Les viandes rouges sont au moins à 100 DHS le kilogramme et elles sont devenues pratiquement inaccessibles. Quant aux poissons, cela dépend des régions, mais ils restent chers pour cette catégorie de la population et donc, forcément, on se rabat vers les volailles et la sardine. La volaille reste une solution idoine et tout le monde s'y rabat. Mais comme la demande augmente, automatiquement les prix s'enflamment et s'envolent. Le président de la Fédération Marocaine des droits du consommateur indique par ailleurs que : d'autres facteurs avancés par les professionnels du secteur sont une des causes, les provendes en l'occurrence. En effet, ce sont là, les produits alimentaires du bétail en général et implicitement celui de la basse-cour ou de la volaille en particulier. Sachant en cela qu'ils sont importés, on n'est donc pas prêts d'en être affranchis. Il y a eu dernièrement une période où tous les prix ont flambé à l'échelle internationale. Mais par la suite, il y a eu la chute des prix. Mais cela ne s'est pas répercuté au Maroc pour la simple raison que ce secteur, comme d'autres, bénéficie d'une liberté en matière de prix. "Au Maroc ce n'est pas le cas, les prix n'ont pas chuté, c'est la même chose que pour le carburant et l'on se pose la question, pourquoi ça augmente automatiquement ? Malheureusement, même si les prix chutent à l'international, cela ne se répercute, pas sur le marché national et c'est la même chose pour bons nombres d'autres produits, alimentaires ou autres". Bouazza Kherrati nous indique quelques autres défauts de fonctionnement, si l'on peut dire : "Par ailleurs, selon certains professionnels, il se dit également que, ceux qui dirigent ce secteur ont convenu avec ceux gérant les couvoirs de ne pas inonder le marché par une production excessive de poussins. Ce qui par conséquent contribue à cette cherté de la viande blanche". Aussi en appelle-t-il aux autorités "Ce secteur doit être pris en charge par les autorités et être sous-contrôle en matière de concurrentialité, pour voir les effets horizontaux ou verticaux entre les professionnels. Le problème est très complexe et pas facile, c'est un secteur qui est libre et il y a une demande qui augmente parce que les autres sources de protéines sont devenues de plus en plus rares pour une souche de la population et d'un autre côté les prix des matières premières à l'échelle internationale ont chuté. Or, au Maroc, ce n'est pas le cas". Il faut se dire que la volaille dépend, à 99% et quelques, du marché extérieur, poursuit le militant des droits des consommateurs. Plus grave encore pour ce secteur, nous dit-il, encore, "il y a un problème sanitaire qu'il va falloir gérer avec plus de rigueur. En effet, 90% de la production de la viande blanche n'est pas contrôlée. Il y a un sous-équipement au niveau des abattoirs au Maroc en plus de la lutte que se livrent les producteurs de volaille et les propriétaires d'abattoirs". En effet, conclut-il, "chacun défend ses libertés. Les producteurs de volaille ne veulent pas passer par les abattoirs, ce qui fait que 90% de la production des volailles sont vendues de manière informelle. Dans tous les pays quels qu'ils soient, il y a un contrat entre les producteurs et les abattoirs. Ce sont ces derniers, qui de leur planning, font la commande et les éleveurs, produisent et fournissent en fonction du prix. On n'a pas ce système ici, ce qui représente un très grave problème de santé pour les consommateurs".